D'ici quelques heures vont paraître les chiffres des créations d'emplois aux USA au titre du mois d'août (attendues en baisse à 44 000 contre 71 000 en juillet dans le secteur privé, le secteur public ayant toujours à détruire les emplois temporaires liés au recencement, le chiffre global est attendu à - 120 000 après - 131 000) et les indices d'activité du secteur des services attendu en repli à 51 après 54,3 antérieurement Outre-Atlantique.
Nous ne manquerons pas de revenir sur ces aspects avec nos outils habituels (analyse graphique du CAC 40 et le gap de rupture du 10 août dernier à 3710 points et du VIX pour tenter de tirer des enseignements sur l'éventuelle normalisation du sentiment de marché en cas de nouvelles favorables) mais en cette rentrée, il convient d'adjoindre un autre suivi en parallèle pour bien comprendre le coeur du marché et pour approfondir la réelle qualité de ce sentiment de marché sur un plan très global.
Il s'agit des taux d'intérêts et particulièrement des obligations américaines à 10 ans. Les opérateurs depuis le printemps sont allés chercher refuge notamment via le marché des changes dans le franc suisse ou le yen, mais aucun refuge n'a progressé depuis 5 mois de manière aussi constante que les obligations à 10 ans américaines (idem pour le dollar ou l'or)
- Comme pour les conditions financières qui sont au plus bas depuis la chute de Lehman Brothers, les obligations sont au plus haut depuis la chute de Lehman Brothers.
-Quels que soient les soubresauts des marchés actions (dégradation ou amélioration), la recherche de ces titres est restée globalement en croissance régulière, ce qui est plutôt rare.
- Enfin, ce mouvement est très bien corrélé à la chute des anticipations d'inflation (sous le coup de la chute des anticipations d'activité) constaté via le point mort d'inflation encore récemment.
En résumé, l'appétit pour le risque de crédit comme pour le risque d'investissement en actions est donc très loin de son meilleur tout comme les anticipations générales du marché des taux sur la croissance et l'inflation.
La réaction du marché des taux aux toutes prochaines données macro-économiques sur lesquelles le marché est littérallement rivé depuis quelque temps a ainsi une grande importance :
- tout d'abord compte tenu de la configuration ci-dessus car tout débordement à la hausse de la résistance à 127 porterait la marque d'une défiance de fond. Les prises de bénéfices sont présentes actuellement sur cette résistance dans une situation de sur-achat mais la structure de la hausse a l'empreinte d'une possible parabole dans sa forme (trait bleu) mais aussi dans le dépassement d'un premier biseau ascendant (très souvent une parabole peut se décomposer en de multiples biseaux de plus en plus ascendants qui s'imbriquent les uns dans les autres, c'est à dire une forme caractérisée d'emballement)
- d'autre part, le calendrier amène à l'arrêt des publications de résultats de sociétés demain avec très peu de statistiques macro la semaine prochaine hormis le livre beige de la Fed sur l'état de l'économie US.
L'impact des prochaines publications sur le marché des taux est dans ce contexte particulièrement à suivre notamment pour valider éventuellement un changement de tonalité dans cette recherche insidieuse de refuge qui s'ancre de plus en plus profondément depuis de longues semaines.
Seul véritable élément positif en théorie : toute hausse des obligations qui correspond donc à une baisse des taux fait pencher la prime de risque en faveur des actions, leur rendement devenant plus attractif relativement au rendement servi par les obligations, un élément que renforce la Fed avec le rachat d'obligations de ce type à long terme comme récemment annoncé.
En théorie car à trop vouloir faire repartir l'économie, le crédit et rendre attractif le marché actions via des taux de plus en plus bas sur des obligations aux échéances de plus en plus longues, le caractère "insidieux" décrit ici peut en pratique glisser vers des termes un peu plus "dangereux" comme celui de l'enlisement.