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"La vie au Ranch" by Sarah Jane, Eulalie & Mahault

Publié le 04 septembre 2010 par Milega

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Deux ans que nous vous parlons de "La vie au Ranch" sans jamais avoir eu l'avis des actrices principales à savoir Sarah Jane Sauvegrain, Eulalie Juster et Mahault Mollaret sur ce film.

Chose (enfin !) réparée grâce à une interview d'elles dans le dossier de presse :

Quelle est l’origine du groupe que vous formez dans la vie et que Sophie Letourneur a filmé dans La vie au Ranch ?

Eulalie

Nous sommes tous plus ou moins allés à l’école ensemble. Je connais Sarah Jane (Pam) depuis l’âge de deux ans. Nous avons été séparées à l’entrée au collège, et c’est là qu’elle a rencontré Mahault (Manon), Jade (Jude) et le reste de la troupe. Et puis avec les années, tout le monde a fini par se connaître. Aujourd’hui, c’est une bande de potes éparpillés, à géométrie variable. Mais les liens sont toujours forts, on reste une sorte de famille.

Comment Sophie Letourneur vous a-t-elle abordées ?

Mahault 

Elle ne pouvait pas mieux tomber ! On était très joyeux ce soir-là, parce qu’il y avait longtemps qu’on n’avait pas réussi à tous se réunir. On avait décidé de sortir tous ensemble – y compris moi, qui ne raffole pas des sorties en boîte, ce qui me vaut généralement d’être considérée comme la « mamie » du groupe… Tout le monde était là, sauf Sarah Jane. Sophie a abordé Sacha, qui l’a invité à nous rejoindre le lendemain, à l’occasion d’un concert sur une péniche où Benjamin Siksou et Sacha avaient l’habitude de jouer. Elle a commencé par nous poser beaucoup de questions à propos de nous, et puis elle nous a exposé son projet. Je lui ai beaucoup parlé de Sarah-Jane, qu’elle n’avait toujours pas vue, parce que Sarah Jane était la seule parmi nous à vouloir jouer la comédie. Et surtout je trouvais qu’il y avait une ressemblance frappante entre elles. Elles se sont rencontrées un peu plus tard, et ça a collé tout de suite.

Sarah Jane

Le soir où tout le monde a rencontré Sophie, je jouais au théâtre, c’était ma première pièce. Mahault m’a appelée et m’a dit : on a rencontré une réalisatrice qui veut nous faire jouer dans un film sur ses 20 ans, elle est brune, elle a les cheveux fouilli comme toi, donc ne te coiffe surtout pas ! Quand nous nous sommes rencontrées, elle a voulu connaître la nature de nos relations dans le groupe, s’il y avait des rivalités, des tensions. À l’époque, j’habitais avec Eulalie dans un appartement que nous appelions le « Pont-Neuf », parce qu’il se trouvait rue du Pont-Neuf. C’est l’appartement que Sophie a utilisé dans le  film, sauf qu’elle l’a rebaptisé « le Ranch » et que, dans l’histoire, j’y habite avec Manon, le personnage que joue Mahault.

Quelle a été votre première réaction ?

Mahault :

Au début, les avis étaient partagés. Certains étaient un peu réticents, redoutaient le caractère intrusif du

projet… Mais nous avons tous conclu qu’il serait dommage de ne pas saisir une telle occasion, que ce serait vraiment amusant de vivre ce genre d’expérience ensemble. Et aussi que, dans une vingtaine d’années, on serait tous heureux d’avoir un souvenir tel que celui-ci.

Comment s’est déroulé le travail ?

Sarah Jane :

La plupart du temps, on n’avait pas l’impression de travailler, on était entre nous. Ça a été une expérience vraiment forte et, parfois, un peu difficile à vivre, parce que la frontière entre fiction et réalité était très mince. Sophie voulait utiliser les vrais décors du groupe, alors toutes les scènes du « Ranch » ont été tournées dans l’appartement que je partageais avec Eulalie. À l’époque du tournage, j’étais en  train de passer mes partiels. À cinq heures du matin, on te réveille, on vient installer des projecteurs dans les trente mètres carrés de ton appartement, au milieu de ta vaisselle, de tes vêtements qui trainent par terre…

Mahault :

Quand Sophie nous a fait écouter les enregistrements des premières improvisations, on était un peu consternées par notre langage… Donc on a été tentées de se censurer, de faire un peu attention. Sauf

qu’évidemment, c’est ce langage-là qui intéressait Sophie. Elle était ravie !

Sarah Jane :

Dès le stade des improvisations, Sophie tenait à tourner à l’heure où étaient censées se dérouler les scènes. Si la scène se passait à 4 heures du matin, on tournait à 4 heures. On a vraiment vécu le film, en quelque sorte. C’était éprouvant parfois, et en même temps c’était très stimulant de faire ça tous ensemble, on se soutenait les uns les autres. Même si ce n’était pas notre histoire, il s’agissait de jouer des scènes qui nous ressemblaient, dans des lieux qui nous appartenaient.

Le groupe que montre le film ressemble-t-il au groupe que vous formez dans la vie ?

Eulalie : 

Pour ma part, je n’ai jamais eu le sentiment de ne pas être filmée et d’être dans la vie, même si on donnait beaucoup de nous-mêmes. On a tous forcé le trait, jusqu’à la caricature. Par exemple, Benjamin a délibérément exagéré son côté romantique et charmeur. On s’est laissés aller dans l’autodérision.

 

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Sarah Jane :

Le groupe a son identité, qui transparaît à l’écran. Quand on sort tous ensemble, on ne passe pas inaperçus, on a tendance à s’étaler, à ne pas trop se censurer, comme dans le film. Mais sur le fond, les préoccupations, les sujets de conversations ou de conflits, ne nous correspondent pas nécessairement.  

Mahault :

On retrouve dans le film une partie de ce qu’on a pu vivre. Mais il manque toute une dimension, celle de la « vraie vie » : les cours, les parents, les moments de solitude… On ne passe pas tout notre temps ensemble, on passe aussi beaucoup de moments en duo, ou seuls. On lit des livres, on est capables d’avoir de vraies conversations ! Et on ne picole pas autant, même s’il nous arrive effectivement de nous mettre à chanter à tue-tête.

Vous reconnaissez-vous dans vos personnages ?

Sarah Jane :

Je me retrouve dans certains aspects de Pam, notamment son rapport au groupe, ses réactions, que je comprends. Mais j’ai vraiment le sentiment d’avoir composé un personnage. Sophie nous a montré des

vidéos d’elle à 20 ans, et je m’en suis beaucoup inspirée.

Mahault :

Je n’ai pas eu la sensation de « jouer », au sens Actors’ Studio du terme, d’abord parce que je ne saurais pas le faire, ensuite parce que Sophie nous dissuadait de le faire. Sophie a prélevé chez nous des choses qui l’intéressaient. Mais pour autant je n’ai pas l’impression d’être face à ma vie. Je ne suis pas miss parfaite, qui bosse sagement ses dissert’… Par contre, l’Auvergne, c’est bien moi, même si c’est un hasard : j’y ai passé une partie de mon enfance.

Eulalie :

Lola parle comme moi : je n’aurais pas forcément parlé des mêmes choses qu’elle, mais si j’avais dû le faire, j’aurais utilisé ces mots-là. Je lui ai prêté mes mots et mon naturel de jeune fille, mais le personnage n’est pas moi. Je ne suis pas vraiment du genre à rester accrochée trois heures au téléphone sous prétexte que j’aurais rencontré un mec la veille en boite et que je serais persuadée que c’est l’homme de ma vie ! Mais c’était très amusant à faire, et d’avoir l’autorisation de dire n’importe quoi.

Comment votre groupe a-t-il évolué depuis le tournage ?

Eulalie

Désormais, quoi qu’il puisse arriver au groupe, et même si nos chemins se séparent, une mémoire de ce qu’on a vécu a été imprimée ; il existe un support pour nos souvenirs, même si ce n’est pas vraiment  un support documentaire. Depuis, on a un peu changé. On avait vingt ans à l’époque, c’était il y a deux ans, et on est peut-être un peu moins agglutinés. Le film a concrétisé quelque chose, avant qu’une page ne se tourne – par exemple, Sarah-Jane et moi avons quitté notre appartement. Il a capturé l’euphorie liée au groupe, à ce moment précis.

Quelle fut votre réaction quand vous avez découvert le film ?

Mahault 

On a d’abord été soulagés, et très étonnés. On avait un peu peur de découvrir le résultat, parce que pendant le tournage, on ne saisissait pas forcément ce qu’il se passait, et le travail que faisait Sophie.  On avait du mal à imaginer ce que ça allait donner. Et nous avons toutes été surprises par notre propre prestation. Sous ses airs détachés, Sophie savait très bien ce qu’elle faisait. On a été bluffées par le résultat. Moi, j’avais un peu peur de la réaction de ma mère et de ma soeur. Elles ont adoré.

Que faisiez-vous à l’époque où Sophie vous a rencontrées, et que faîtes-vous aujourd’hui ?

Eulalie :

Je suivais des études lettres, en Khâgne. Aujourd’hui je poursuis mes études et assiste un photographe, Emmanuel Pierrot. J’avais déjà fait un peu de théâtre avant de jouer dans le film, et j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire, mais aujourd’hui, j’ai plus envie de passer derrière l’objectif, ou la caméra…

Sarah Jane :

J’étais et je suis toujours à la fac. Et je suis des cours de comédie au Conservatoire du 5° arrondissement. Je chante aussi dans un groupe, « Mary Lane’s Vinyles ».

Mahault :

À l’époque j’étais à la fac, je suivais des études de lettres et arts. Aujourd’hui, j’aimerais être scénariste. Ce n’est pas lié au film, j’ai toujours eu envie d’écrire.. Jouer la comédie me terrifiait un peu – j’avais déjà joué sur scène une fois ou deux. Là-dessus, le film m’a vraiment décoincée. Je peux me dire : voilà, c’est bon, j’ai fait l’actrice, maintenant je peux passer à autre chose !


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