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Affaire Woerth-Bettencourt

Publié le 04 septembre 2010 par Milakovic

Affaire Woerth-BettencourtCe qui personnellement me choque profondément et m’inquiète, c’est que suite aux dernières révélations, nous ayons un Haut Fonctionnaire qui s’est officiellement parjuré, qui a menti en public. Un ministre qui sous ses airs d’homme commun très honnête, trempe dans une affaire dont les répercussions politico-judiciaires n’ont même pas encore livré tous leurs secrets. Et quelle est la réaction générale ? RIEN. Cela ne semble choquer personne, qu’un menteur notoire soit bientôt sur le point de nous passer à la moulinette de la prochaine réforme des retraites, avec tous les mensonges qu’elle comprendra. Voici ci-après, une belle analyse trouvé sur Marianne2 :

Combien de temps le système de défense d’Eric Woerth peut-il tenir ? Après avoir juré n’être en rien intervenu dans l’attribution de la légion d’honneur à Patrice de Maistre – le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt – le ministre du Travail a finalement avoué, jeudi, avoir écrit en mars 2007 une lettre à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, pour appuyer sa demande, au nom des services rendus par de Maistre à l’UMP.

Chaque jour, depuis deux mois, les faits démentent chacune des affirmations d’Eric Woerth. Il disait ne pas connaître Patrice de Maistre : dès le 3 juilletMarianne apportait la preuve qu’il avait dîné avec lui chez Liliane Bettencourt le 30 janvier 2008. Puis, il a affirmé ne l’avoir jamais croisé avant 2007. Jusqu’à ce que Marianne et le Nouvel Observateur publient une lettre de De Maistre à André Bettencourt, le mari de Liliane, prouvant qu’ils s’étaient déjà rencontrés à l’automne 2006 pour parler… du financement de l’UMP.

Depuis, les enquêteurs ont saisi les agendas personnels de Patrice de Maistre qui prouvent qu’ils se sont vus à de très nombreuses reprises, à Bercy, chez l’héritière L’Oréal, aux réunions du Premier Cercle des donateurs de l’UMP… Marianne a même publié cet été l’agenda de Claire Thibout, l’ex-comptable de Liliane Bettencourt, où il est indiqué que le 18 janvier 2007, elle a remis à sa patronne et de Maistre une enveloppe de 50.000 euros en liquide et que, le lendemain, de Maistre avait rendez-vous avec Eric Woerth à 8h30 « au café ». Pour parler cosmétique ?

Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il imposé cette stratégie de défense suicidaire à Eric Woerth ? Certainement pas pour sauver la réforme des retraites, comme le répètent tous les perroquets de la majorité. Mais plus sûrement parce que, derrière l’affaire Woerth-Bettencourt, derrière les mensonges risibles de l’ex-trésorier de l’UMP, se cachent des vérités plus inavouables. Sur le financement du parti majoritaire ? Sur celui de la campagne présidentielle du candidat Sarkozy en 2007 ?

Comment se fait-il que plus personne ne parle des fameux « carnets Bettencourt », publiés en juillet par Marianne, qui révélaient les sommes astronomiques en liquide qui circulaient chez les Bettencourt à Neuilly ? Près de 400.000 euros notamment, non affectés, dans les quatre mois qui précédèrent le 1er tour de la présidentielle de 2007 ? A qui est allé cet argent ? Hier, l’ex-comptable évoquait des enveloppes d’argent liquide destinées au financement politique. Aujourd’hui, c’est le journal intime de François-Marie Banier qui semble indiquer que Mme Bettencourt aurait fait des cadeaux à Nicolas Sarkozy. Pourquoi, au-delà de l’enquête préliminaire ouverte par le procureur Courroye pour financement illicite d’activités politiques, n’y a-t-il toujours pas de juge d’instruction désigné ?

Un mois après les révélations de Marianne, on ne sait toujours pas pourquoi Mme Bettencourt voulait retirer quelque 500.000 euros en liquide auprès de la banque Dexia le 26 décembre 2006. Tout juste a-t-on appris que la Banque de France avait cherché à savoir si les banques auprès desquelles Mme Bettencourt retirait cet argent liquide (environ 150.000 euros par mois à la BNP) avaient alerté, comme la loi les y oblige, les services de Tracfin, l’organisme de lutte contre les mouvements illicites de capitaux. Réponse : non. Et alors ? Et alors, rien. On continue à faire comme si de rien n’était. Et l’on ne parle même pas des passe-droits fiscaux dont Mme Bettencourt a bénéficié pendant des années.

La presse fait son travail. Elle pose des questions, continuera à le faire. Il serait peut-être temps que ceux auxquelles elles s’adressent apportent enfin des réponses.

Source  : Article de Laurent Neumann/Marianne2  du Vendredi 3 Septembre 2010


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