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En direct de Perpignan : Visa pour l’image. La seconde mort de Tchernobyl

Par Memoiredeurope @echternach

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Dans le dispositif de Visa pour l’image, le Couvent des Minimes constitue le point principal de ralliement. Créé dans l’humilité d’une branche espagnole des disciples de Saint François, ce couvent accompagné d’une église est relié à la pente qui rejoint la paroisse saint Jacques, ou plutôt Sant Jaume pour respecter le nom catalan et vient historiquement se placer dans l’ancien quartier juif, ceci à la fin du XVIe siècle.  

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Un peu plus de quatre cents ans plus tard et son abandon après la révolution française, il en reste une suite d’espaces qui permettent sans aménagements excessifs de disposer des centaines de photographies où les auteurs dialoguent sans se nuire. 

J’ai peur de n’avoir pas le temps de revenir sur l’ensemble des présentations. Mais est-ce le but ? J’ai beaucoup cherché à comprendre pourquoi l’Europe ne constituait qu’une partie un peu marginale des reportages. La réponse que j’ai donnée hier n’est certainement qu’un masque. Sous les assauts des migrations marocaine ou libyenne dont on connaît les répressions, dans la pente fascisante de l’invective permanente sur les Roms, ou bien dans l’agitation démesurée de quelques uns de nos dirigeant, pour ne pas parler des catastrophes naturelles, il y a certes matière à se glisser. 

Mais le petit monde de Berlusconi pris dans ses bouffées mussoliniennes qui a été présenté lors de la projection du mercredi soir au Campo Santo, ressemble à une bien petite folie ordinaire en comparaison avec certaines images venues d’Afrique ou de Corée du nord, tandis que les images du Caucase qui se figent sur des maisons noircies par les bombes et sur des alignements de maisons bien peignées qui les ont remplacées pour y accueillir des réfugiés ossètes, mériteraient le contrepoint d’une analyse photographique du prix payé pour un retour rapide à la normalité.

Sage l’Europe ? Modérée ? Uniquement capable de forfanteries à a petite semaine ?

Le reportage de Guillaume Herbaut intitulé « L’or noir de Tchernobyl » nous dit tout autre chose. Bien sûr on se trouve situé dans ce cercle infernal qui renferme les mœurs d’un ancien grand empire du secret : l’Ukraine prise dans le drame permanent d’une glue qui contraint toute initiative politique à l’échec et la Biélorussie voisine dont la noirceur de l’horizon constitue un cauchemar permanent. 

« Vingt-quatre ans après la catastrophe, les cimetières d’engins militaires et la centrale de Tchernobyl en Ukraine font l’objet d’un pillage en règle. Chaque semaine, près de deux cents tonnes de métal radioactif quittent la zone d’exclusion. Enquête sur le trafic de métaux contaminés de Tchernobyl. »

Telle est l’introduction de la présentation que l’on ne peut que qualifier d’effrayante. Effrayante parce que quotidienne, autrement dit banale. Une accumulation de radiateurs, des écrous par milliers, des carcasses d’hélicoptères, des fils de cuivre désossés, des barbelés recyclés, qui font penser à ceux que l’on récupère dans les débris d’Haïti.

Des hommes effondrés, attendant un autre jour, des hommes condamnés, comme l’ont été avant eux les habitants du cercle mortel et les pompiers qui ont payé le refroidissement de la centrale de leurs cellules irradiées.

Un trafic ordinaire. Une récupération qui ressemble à celle à laquelle se livraient les chiffonniers de mon enfance, ces tsiganes qui, à l’époque occupaient encore une fonction sociale en bonne entente avec ceux qu’ils désencombraient.

Et dans le vide laissé par le passage des pillards, les immeubles paraissent doublement blessés, fantômes de béton, images en creux d’autres fantômes, ces humains sacrifiés par le grand mensonge.Cette Europe là, celle des pays du Conseil de l’Europe qu’il m’arrive de parcourir vient – j’allais dire enfin tant mon attente était forte de rencontrer l‘image crue d’une Europe scandaleuse – faire effraction dans l’accumulation des scandales humains. 

Comme si tout rentrait dans l’ordre. Comme si, de la Révolution de 1905 boutée contre les abus tsaristes, qui vient se déployer en 1917 en engendrant le monstre communiste, jusqu’aux exactions « civilisées », froides et cyniques de Poutine et de ses clones, venait aboutir à ces images sacrificielles que nous prenons dans la figure comme une punition des dieux. 

Un photographe nous donne ainsi à toucher, le froid dans le dos, le triomphe de la Secte des Egoïstes !

Au fait, on a retrouvé récemment le métal radioactif en Italie.

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