Magazine Cinéma
Synopsis :
Tirant son titre d’une demande faite par Jacqueline Kennedy Onassis à ses agents de sécurité - « cassez son appareil photo » -, ce documentaire retrace la carrière fulgurante de Ron Gallela, célèbre photographe et paparazzo autoproclamé. Ce film porte également un regard sur la nature de la célébrité, la relation entre les vedettes et leurs chroniqueurs, et l’équilibre fragile entre vie privée et liberté de la presse.
Critique :
« Smash his camera » dit un jour de promenade Jackie Kennedy à son garde du corps en parlant d’un paparazzi. Mais pas de n’importe lequel, l’un de ceux qui vous colle à la peau et en ce qui concernait l’ex femme du président américain, ce n’était pas peu dire. Ron Galella fait parti aujourd’hui des légendes du métier. Plus de 3 millions de photos réalisées (certaines véritablement magnifiques), des milliers de stars photographiées, des centaines d’événements couverts mais surtout un amour indestructible pour ces gens qu’il photographie et une passion dévorante pour son métier. Tout démarre dans sa chambre noir. Méticuleux, il positionne la pellicule, imprime, passe la photo dans les différents bains pour au final, laisser apparaitre le cliché de sa vie, Jackie Kenny les cheveux au vent, sa Mona Lisa à lui comme il se plaît à nous dire.
Avec beaucoup d'humour, « Smash His Camera » revient sur le parcours aussi exceptionnel que très critiqué de ce paparazzi hors norme, qui continue de sévir aujourd’hui malgré son âge et ses problèmes de déplacement, avec une fougue et une joie intacts. En suivant son histoire, c’est l’histoire de la profession qui nous est racontée d’une manière finalement bien plus artistique, voire poétique, que les documentaires que l’on peut voir aujourd’hui sur les paparazzis, qui s’approchent davantage de documentaires sur des charognards qu’autre chose.
Lorsque que Galella a démarré, les clichés volés faisaient parti du folklore toléré. Les photos étaient souvent approuvées et finalement peu vulgaires ou déstabilisantes pour les célébrités. On recherchait le sourire, la vie du quotidien, un sentiment… En racontant plus qu’en expliquant le passé, le parallèle avec aujourd’hui se fait naturellement dans notre esprit. Alors que ce bonhomme joviale, drôle et un peu (voire beaucoup) fou campe l’image du paparazzi "noble", en raison du fait qu’il recherchait l’aspect artistique de la photo (il est aujourd’hui demandé dans les plus grandes galeries), on ne peut qu’être consterné par le star système actuel et les dérives qu’il entraîne au prétexte que le public a « le droit de savoir quels céréales mangent Kate Moss à son petit déj". Un droit de savoir motif à des comportements presque animaliers qui ne peuvent que faire froid dans le dos. Galella (tel que le bonhomme est présenté dans le documentaire) n’était pas de ceux-là. Il recherchait l’icône, la star, la grande, la belle. Aujourd’hui, la définition même de star est à prendre avec des pincettes puisque la moindre greluche passée une fois à la télé arrive à déchaîner les foules sur son passage…pauvre système, l’époque de Marylin, Marlon et Jackie est bien révolue.
C’est un regard sans jugement que pose la caméra de Leon Gast sur la vie de cet homme incroyable. Lui qui a approché plus que côtoyé les plus grands de ce monde aura même réussi à entrer physiquement en contact avec eux, parfois involontairement comme lorsque Marlon Brando, agacé d’être photographie décida de lui claquer le beignet et de lui faire tomber 5 dents... ou lorsque Jackie Kennedy lui colla deux procès pour harcèlement… Rancunier le Ron, même pas ! L’admiration est sans faille. Une admiration qui le pousse encore aujourd’hui à photographier et à écrire à ses stars favorites (Brad et Angelina pour ne citer qu’eux) pour essayer de les rencontrer. La démarche est vaine mais naïve et touchante.
« Smash his camera » est davantage un documentaire sur un homme pour évoquer la profession que l’inverse. L’empathie est indéniable même s’il est certains que ses pratiques pour shooter les stars n’étaient évidemment pas toujours fair-play. Mais lorsque l’on découvre la passion intacte de ce monsieur pour son job, malgré les années et malgré les problèmes, on ne peut être que sensible à cette histoire aussi fascinante qu’étrange… Est-ce la vraie face de Galella que le documentaire se plaît à nous montrer, peut-être, peut-être pas. Toujours est-il que dans une période où paparazzi rime avec topless sur la plage et visages de tristesse aux enterrements, on se dit que ce Ron Galella là avec une certaine classe !
Sortie officielle française : inconnue