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La force du iPad

Publié le 02 septembre 2010 par Mac Québec

Stéphane Garneau est animateur et journaliste à la Première Chaîne de Radio-Canada (95,1 FM), Z-Télé et Télé-Québec. Il a gentiment accepté de signer pour nous cette chronique dans laquelle il explique pourquoi il pense que les autres fabricants vont avoir bien du mal à détrôner l’iPad.

D’emblée, soyons clair: je n’appartiens à aucune église. En matière d’informatique personnelle, je suis complètement athée. Au fil des ans, j’ai travaillé sur un Macintosh LC 630 (beige crème et 4 MB de mémoire vive) et un iMac (vert lime) d’Apple. Ces jours-ci, j’utilise un portable PC qui vole sur les ailes de Windows Vista. En passant, je n’ai jamais eu de problème avec ce système d’exploitation, ce qui démontre que même si je ne suis pas pratiquant, je suis quand même béni. Je n’ai pas délaissé Apple pour autant. Il y a dans la poche gauche de mon pantalon, un iPhone 3G avec lequel il m’arrive de faire des appels téléphoniques. Bref, sans être soumis au Temple de la Pomme, je suis fermement convaincu qu’aucune tablette électronique digne de ce nom ne pourra détrôner le iPad avant longtemps. Et ce n’est pas parce que les nombreux concurrents ne s’y active pas avec beaucoup d’énergie et de moyens financiers.

Les concurrents d’Apple dans le marché de la tablette électronique vont devoir se faire une raison parce que les prévisions ne sont pas encourageantes. Selon les génies recherche-marketing de la firme iSuppli, le iPad n’aura pas de compétition sérieuse avant 2011. Déjà cette année, la tablette d’Apple compte pour 75% des appareils du genre livrés en magasin. Pour 2011, on parle de 70% et de 62% pour 2012. Ça, ce sont les prévisions. Aujourd’hui et maintenant : Apple a déjà vendu autour de 4 millions d’exemplaires de la tablette depuis son lancement en avril et continue d’en vendre 1 million par mois. Et il n’y a pas de raison que les ventes fléchissent, au contraire. Le ‘bouche à oreille’ fait des merveilles pour les produits de marque aussi prestigieuse. Même les gens qui n’y ont jamais touché en disent du bien. Longueur d’avance, vous dites!

Les autres

A tout seigneur tout honneur, la canadienne RIM aurait enregistré le nom de domaine ‘Blackpad’. On peut soupçonner le lancement prochain d’une tablette de type Blackberry probablement destinée au marché des gens d’affaires, une clientèle fidèle à l’entreprise et vendue à l’idée des échanges hyper sécurisés. Pariez que le clavier ne sera pas sur écran tactile…

On aimerait bien pouvoir se vanter d’avoir la ‘Céline Dion’ des tablettes électroniques. Un appareil québécois qui ferait le tour de la planète. C’est ce que devait être l’EXOPC, qui porte le nom de son fabricant, une firme de Rimouski. Une tablette de 12 pouces, roulant sur Windows 7 avec une interface graphique dont on dit le plus grand bien. L’entreprise voulait s’occuper de tout (conception, fabrication, marketing, distribution) et convaincre rapidement la planète des mérites de sa tablette et de ses applications dédiées. Un modèle d’affaire probablement trop ambitieux. Imaginez la complexité de la gestion d’un volume aussi important, et ce dans plusieurs pays, pour une petite entreprise peu connu à l’extérieur (comme à l’intérieur) de nos frontières. Quoi qu’il en soit, la rismouskoise a revu son modèle d’affaire. Elle proposera maintenant l’EXOPC comme  une interface graphique intégrée à des tablettes fabriquées et distribuées par d’autres entreprises dans leurs propres marchés, donc plus au fait de la réalité locale. Les tablettes porteront donc d’autres noms mais afficheront la mention «Powered by EXOPC», ce qui donne l’impression qu’on parle du microprocesseur de l’appareil. Mais bon, je ne suis pas un génie du marketing.

Sinon, les coupables habituels vont nous proposer des tablettes qui misent sur les faiblesses de l’iPad (absence de port USB, de caméra, de la technologie Flash, architecture fermée) et de leurs propres forces (gestion de photos, de musique, fonctions téléphoniques, vidéo,  etc.). Elles rouleront sur leur propre OS (Blackberry, HP), sur Windows 7 ou sur Androïd.

Il y a donc le Dell Streak avec écran de 5 pouces et fonction téléphonique. J’ai hâte de voir les utilisateurs se coller un appareil de cette taille à l’oreille. D’ici la fin de l’année, Lenovo devrait lancer l’IdeaPad U1 hybrid si l’entreprise ne change pas d’idée concernant le système d’exploitation. Après avoir abandonné Windows 7, la chinoise a arrêté son choix sur Androïd. Tant qu’à faire, elle devrait peut être changer le nom de la tablette aussi. Toshiba et Samsung prévoient des modèles pour l’automne (la première sous Windows, l’autre sous Androïd) et Asus pour le début de 2011. Et puis?

Et puis, LG Electronics, Acer, Google, Amazon et Microsoft ont aussi des projets dans leurs cartons… Mettons que les concepteurs d’applications vont avoir du travail pendant plusieurs années.

Le défi

Ce qu’on peut affirmer hors de tout doute, c’est que les autres fabricants ont pris du retard sur Apple. Pourront-ils remonter la pente? On verra bien. Pour souhaiter se tailler une place sur le nouveau marché des tablettes, ils devront faire aussi bien que le iPad mais avec de légères différences pour se distinguer et attirer l’attention des consommateurs. Le prix fera une grosse différence. Il y a toute une clientèle qui n’est  pas disposée à débourser $500.00 et plus pour une tablette mais qui se laisserait probablement tenter par un appareil de qualité à moins de 400 dollars. Mais encore là, Apple pourrait tirer le tapis sous les pieds de la concurrence si la rumeur d’un mini iPad (de 7 pouces), moins cher et plus ‘portable’, devient réalité.

D’après moi, le plus grand défi pour les concurrents d’Apple se situe au niveau de la perception des consommateurs. A l’instar du iPod, qui est devenue la référence dans l’univers des lecteurs mp3 (75% du marché), le iPad rime maintenant avec tablette électronique dans l’esprit de bien gens. Et quand une marque devient LE terme générique pour désigner un produit, il est très difficile pour les entreprises concurrentes de faire la promotion des qualités et de la pertinence de leur propre bébelle sans souffrir de la comparaison avec le produit phare. Bref, la barre est très haute. A suivre…

Stéphane Garneau

Twitter @garneaus


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