Magazine Cinéma
Synopsis :
Des adolescents riches et désabusés, des fêtes sans joie, des parents absents, un peu de dope pour le grand frisson et parmi eux, White Mike, jeune dealer qui vient de quitter son école privée de l'Upper East Side à New York.
White Mike ne fume pas, ne boit pas, ne va pas dans les fêtes, sauf pour vendre sa nouvelle drogue, le Twelve
Notre histoire commence quand Charlie, le cousin de White Mike, est assassiné... et se terminera lors d'un anniversaire, dans la violence et la perdition.
Critique :
Y-a-t-il un réalisateur pouvant prétendre à une carrière plus en dents de scie que Joel Schumacher. Je ne crois pas. Un réalisateur plus tout jeune maintenant (70 piges passées) à qui l’on doit de très bon films, Phone Game par exemple, comme de très, très, mais alors très mauvais, Batman & Robin en tête. Au delà du simple nanar, il réussissait à massacrer une franchise culte, et discréditer un temps Georges Clooney et Schwarzi. Pas mal pour un seul homme, surtout en un seul film. Bref, si on était gentils, on pourrait avouer qu’il y a prescription mais ce Batman & Robin reste la figure de proue des aberrations des années 90, même loin devant un bon gros Street Fighter bien régressif.
Ses deux derniers films à son actif, le nombre 23 avec Jim Carrey et le Fantôme de l’Opéra ne laissaient que très peu d’espoir quant à un éventuel sursaut de bon goût…Bingo ! Twelve n’échappe pas à la règle et malgré la meilleure volonté du monde pour apprécier cette incursion dans le milieu adolescent de l’Upper East Side, à aucun moment je n’ai réussi à y adhérer...
Alors de quoi ça parle exactement ? De jeunes super richous, fils et filles à papa vivant dans leur microcosme de champagne, de drogue et de sexe. Une dépravation du gratin qui n’est que le témoin d’un vide intérieur comme chez l'ado lambda. Sauf que les remèdes pour palier à leur crise existentielle se révèle être d’une gamme nettement plus ambitieuse, milieu social oblige.
Au milieu de ces jeunes gens tous bien méprisables comme il faut, il y a White Mike. White Mike se déplace la nuit, avec un long manteau noir. Il est mal rasé et a le regard perçant. Il est beau mais on essaye de faire croire que non. White Mike est dealer mais comme c’est un mec intelligent, il ne boit pas, ne fume pas et ne se drogue pas. Finalement, sa supériorité provient du contrôle qu’il exerce sur les autres jeunes de son âge en manque de trip ou bad trip alors que lui, héhé, il est clean !
Part ce film choral, Schumacher essaye de parler du malaise adulescent et des dérives tragiques qui peut en découler lorsque la barrière financière n’est plus un problème. Pour chercher à être in, hype, ils se shootent au champagne super cher à une nouvelle dope appelée Twelve, un joyeux mélange entre coco et extasie, nounours roses planant au dessus des têtes garantis. Mais en essayant de suivre ses différents personnages avec à peu près d'équité, Schumacher se perd dans des présentations souvent approximatives qui ne permettent d’avoir que des vues très incomplètes ou stéréotypées de ces jeunes. Entre le club des pouffiasses nombrilistes, le gentil black naïf, le gros black bien vilain dealer de haut rang, le puceau, le frère ultra bourrin exclu de l’armée et la copine issu d’un milieu plus modeste en guise de confidente, on se dit qu'il n’a pas trop cherché à faire dans la subtilité mais plutôt dans le bon gros portrait qui tache.
Une subtilité manquante à la fois dans le fond comme sur la forme, entre les recherches artistiques hasardeuses (les plans sur fond blanc pour illustrer les visions oniriques de la mort de la mère de White Mike, les effets de style pour marquer les trips générés par la Twelve ou encore cette voix-off incessante) et le désintérêt le plus total pour les personnages, on se dit qu'il ne reste plus grand chose à sauver.
Si la présentation des différents personnages sert évidemment une scène finale où tout se rassemble, elle n’a aucun effet sur l’empathie que l’on peut avoir pour ces jeunes, même dans leur souffrance intérieure. La preuve, lorsque tout explose (d’un point de vue littéral rassurez-vous), on se moque pas mal de ce qu’il advient des uns et des autres, un comble.
Le seul point à sauver du film se révèle être, aussi surprenant que cela puisse paraître, la prestation d’Emma Roberts (nièce de) qui apporte un jeu tout en nuance contrairement aux archétypes d’à coté, y compris de Chace Crawford qui offre un visage mono expressif durant la totalité du métrage.
Se revendiquant "film noir", Twelve n’est finalement rien de plus qu’une nouvelle farce signée Schumacher, qui tout en étant mauvaise n’arrive même pas, contrairement à Batman & Robin, à être drôle... Un film raté en somme...
Découvrez ci-dessous quelques photos de la présentation du film par Chace Crawford sur la scène du CID à Deauville. La galerie complète du Festival 2010 est d'ailleurs visible sur notre album FlickR dédié. Enjoy
Sortie officielle française : 8 septembre 2010