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No Mercy, ou comment Alejandro Jodorowsky m'a survendu un polar coréen quelconque

Par Tred @limpossibleblog
No Mercy, ou comment Alejandro Jodorowsky m'a survendu un polar coréen quelconqueAprès la mise en bouche amusante de la veille, les choses sérieuses commençaient dimanche à L’Étrange Festival grâce à la carte blanche à Alejandro Jodorowsky. L’artiste chilien, maître en divers domaines dont le cinéma (El Topo et La Montagne sacrée entre autres), a choisi pour le Festival quelques films de genre qu’il apprécie particulièrement et bonne surprise, l’un des films retenus se trouve être un polar coréen inédit dans les salles françaises, sorti au début de l’année en Corée du Sud, No Mercy.
Jodorowsky lui-même s’est fendu d’une présentation du long-métrage qui affichait presque complet. Et le bougre nous l’a bien vendu, comme il s’y était déjà employé dans le programme du festival. Mais là, devant les 500 spectateurs que nous étions, Alejandro a laissé parler son enthousiasme de plus de 80 printemps avec accent sud-américain à la clé pour nous convaincre que nous étions partis pour une claque comme les coréens en ont le secret. Le présentateur de luxe est même allé jusqu’à dire que No Mercy était supérieur à Oldboy dans le genre, une comparaison forte quand on sait à quel point les amateurs de cinéma de genre portent haut le film de Park Chan-Wook dans leur cœur.
Malheureusement, force a été de constater, deux heures plus tard, que Jodorowsky nous a bien trompés. Il nous a survendus le film, qui est au final l’exact opposé de ce qu’il voulait nous faire croire: No mercy n’est qu’un ersatz de Oldboy. Une pâle copie qui, loin de le surpasser, ne fait que reproduire son thème et ses effets sans jamais parvenir à transcender le modèle. A la sortie du film, un de mes camarades de visionnage a sorti « No mercy, c’est Oldboy produit comme un épisode des Experts. Oldboy produit par Jerry Bruckheimer et réalisé par Michael Bay, l’action en moins ». Je ne serais pas allé chercher une comparaison par là, mais force est de constater qu’on n’en est pas loin.
No Mercy, ou comment Alejandro Jodorowsky m'a survendu un polar coréen quelconqueLe corps d’une jeune femme est retrouvé près d’un estuaire. Une jeune flic à peine sortie de l’académie assiste les inspecteurs sur l’enquête, tout heureuse de pouvoir côtoyer un de ses anciens professeurs, le Docteur Kang, médecin légiste de son état, sur une enquête. Ce dernier va se trouver au cœur de l’affaire lorsqu’il va découvrir que le tueur tient sa fille en otage et menace de la supprimer si le professeur ne l’aide pas à échapper à la justice.
Il apparaît bien vite qu’il y a une raison précise au chantage exercé sur le légiste de la part du tueur, enfoui dans le passé de l’homme, un passé qu’il devra fouiller en même temps que les policiers enquêtent sur le meurtre. Une course contre le temps et les dissimulations similaires à celle d’Oh Dae-su dans Oldboy. Lorsqu’on a compris que le réalisateur Kim Hyeong-Joon a pris le film de Park Chan-Wook pour modèle, le scénario nous balade sans franchement nous happer, ni tout à fait nous surprendre, malgré le joli minois de l’actrice de dramas Han Hye-Jin et la présence de Seol Kyeong-Gu, plus sérieux que dans Haeundae (autrement connu ici sous le titre The Last Day) mais moins intense que dans Oasis de Lee Chang-Dong.
J’aurais vraiment voulu me prendre une claque devant No Mercy comme je m’étais pris une claque devant Oldboy ou The Chaser, comme me l’avait promis Alejandro Jodorowsky. Sa passion pour le film était communicative, jusqu’à ce que le visionnage nous révèle la supercherie. Certes il n’a pas été aidé par un problème technique survenu en cours de projection : au bout d’1h40 de film environ (qui dure un peu plus de deux heures en tout), nous avons été privés de sous-titres pendant cinq minutes. Pas de bol, il semblait évident que l’absence de traduction écrite intervenait exactement à un moment crucial ou des clés de l’intrigue étaient révélées. Mais pour la majorité de la salle, ces clés se sont évanouies dans la barrière de la langue. Pour ma part, l’incident m’a fortement agacé et déconnecté du film bien après que le sous-titrage ne réapparaisse miraculeusement, plombant le film un peu plus.
No Mercy, ou comment Alejandro Jodorowsky m'a survendu un polar coréen quelconqueHeureusement la projection n’était pas en 35mm, sans quoi l’absence de sous-titres aurait probablement duré au moins le temps d’une bobine. Et j’ai beau avoir fait des progrès en coréen ces dernières années, et comprendre la langue mieux qu’un français lambda, retirez-moi les sous-titres sans prévenir et mes lacunes se font jour. Mais même sans cet incident, No Mercy n’aurait pas fait forte impression, j’en ai bien peur.
Décidément L’Étrange Festival 2010 démarre mollement. Vivement que le sentiment change. Prochaine étape, Dream Home mercredi soir.

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