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Les souvenirs pour de faux.

Publié le 07 septembre 2010 par Routedenuit

Les souvenirs pour de faux.

(Lui) Un feu de camp perdu dans les Balkans, quelques guitares. Un homme chante, évoquant les histoires, les mythes et les espoirs de tout un peuple, alors que d’autres dansent, dans un explosion de couleurs et de cris. Suivant cette mécanique ancestrale, les violons et le gros tambour. Des roulottes, des costumes d’autant de couleurs que de visages. Les images d’un massacre, les stigmates d’un humble deuil.

(Elle) Ces cuivres-là pleurent trop fort, comme une mère Juive, et n’en finissent pas de se plaindre. La lumière a le grain des super 8 et pourtant c’est pas du cinéma, mais c’est pas tout à fait la vraie vie non plus. Et la plainte s’envole, et les hommes ivres tournent sur eux-mêmes, les paumes ouvertes et tournées vers le ciel. Je ne sais pas très bien où on est, mais je vois les grosses mains de ces hommes frapper leurs cuisses tandis que des femmes trop belles pour eux dansent pour leur plaire.

Les souvenirs pour de faux.

(Lui) 1960. Un piano droit dans un vieux cabaret, il chante la poésie d’un autre pendant qu’un verre de scotch s’évapore lentement au rebord du clavier. La cigarette qu’il tient dans sa main gauche se consume, le piano l’attend au recoin de chaque bouffée. Le filtre jaunit tranquillement, le temps que le texte s’épuise. Il est minuit, le seul et unique projecteur s’éteint, là, sur les des dernières notes. L’homme meurt un peu.

(Elle) Il ne sait plus pourquoi il la chante, cette chanson. Par habitude, parce qu’il les a aimées, elle et cette chanson, mais maintenant, il aime tant sa bouteille, il ne s’aime plus du tout. Dans la salle, presque personne. Pour qui la chante-t-il, la fin de cette amour ? Il va peut-être s’écrouler sur le comptoir, ou tomber du tabouret. Ou ça n’arrivera pas ce soir, et demain, il recommencera.

Les souvenirs pour de faux.

(Lui) La pointe de son talon-aiguille arpente et marque chacune des lates du vieux parquet brut. Alchimie entre fougue et précision, chaque pas est une frappe chirurgicale. Jambes s’enchevêtrent pendant que résilles et mousselines s’égratignent avec ambiguité. L’histoire s’écrit en cinq minutes, battue par un accordéon sanguin. Les regards se croisent, les visages se durcissent, les mains se cherchent pendant que les corps se fuient. Avatars de défi pour une guerre sans armes.

(Elle) « 25 años »… mais 25 ans de quoi ? Je n’ai jamais compris de quoi parlait cette chanson, juste des bribes, et ces 25 ans de quelque chose. Je n’ai jamais voulu savoir – j’aurais pu- mais j’ai préféré me laisser bercer par cette musique qui tourne en spirale, une spirale qui grossit, dans laquelle on finira happé. Elle n’a pas d’image, elle a un mouvement, elle fait semblant de tourner sur elle même alors qu’elle avance, lentement mais sûrement, vers la dernière note, qui tombe comme un couperet. Ou comme une gifle après une histoire d’amour.

On aborde la musique de façon empirique. Souvent elle prend le visage d’une anecdote qu’on se remémore à chaque fois, dès les premières notes. Comme une passerelle, on l’utilise pour regagner des rivages familiers.

Et puis parfois, l’histoire est étrangère. La musique évoque des souvenirs que l’on ne peut pas avoir, ceux des autres. Démarre alors un petit périple, un parcours qu’on appelle la découverte. C’est ainsi pour ces trois morceaux, qui ouvrent à leur manière les portes de trois univers. Et qui finissent au fil du temps, par raconter des histoires qui sont les nôtres.

C’était un quatre mains avec Marie qui écrit en parallèle sur son blog un polar absolument époustouflant.

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