Magazine Beaux Arts

Plutôt construire des pirogues de pêche ?

Publié le 10 septembre 2010 par Marc Lenot

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Ma première impression en entrant dans l’exposition de Kimiko Yoshida au sous-sol de la Maison Européenne de la Photographie, ‘Là où je ne suis

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pas’ (jusqu’au 31 octobre), fut un mouvement de recul : j’avais déjà vu quelques-unes des photographies de cette Japonaise établie en France depuis longtemps, mais là, c’était trop, trop baroque, trop envahissant, trop obsédant, trop construit. Et puis, j’y suis revenu un peu plus tard, plus calmement, j’ai regardé les séries plutôt que les autoportraits individuels, et je me suis laissé prendre. Les Mariées célibataires (ci-contre) au format carré, tendant vers le monochrome, présentent les mille facettes, les mille déguisements d’une femme échappant à sa condition, se réfugiant dans le rêve (sur la photo, aussi un autoportrait en statue de Marie-Antoinette recapitée en geisha). Ce n’est ni sobre, ni épuré, mais le caractère obsessionnel de cette série en fait l’attrait.

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Il y a ensuite des photographies tirées sur toile, avec des effets de pigment étonnants. Toutes ces ‘Peintures’, puisqu’elle les nomme ainsi, s’inspirent de tableaux venus de l’histoire de l’art, où l’artiste, dûment maquillée et accessoirisée, prend la pose et évoque là Picasso et ici Goya (ci-dessus, à gauche, La Marquise Balbi de van Dyck, et à droite, Pulcinella de Tiepolo). Dans les plus récentes, les accessoires sont des morceaux des robes métalliques de Paco Rabane, démontés et recomposés (El Conquistador Hernan Cortes as el Dorado, en haut). Ca fait de l’effet, bien sûr, mais ce qui m’attire ici, c’est la démarche de cette femme, sa vocation sérielle, son protocole toujours identique et toujours renouvelé.

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Quant aux autres expositions de la MEP, à part le superbe Breukel, pas grand-chose à en dire : un constructeur de machines spectaculaires très attrape-l’oeil, un couple de contestaires soft de la société de consommation faisant des photos publicitaires un peu grinçantes mais pas trop, et un tandem photographe-styliste présentant des robes sur le tissu desquelles des photos ont été imprimées, évoquant l’eau ou le feu. Ah si, dans un petit recoin, on apprend que Jean Depara, qui fut longtemps le témoin des soirées kinoises endiablées, abandonna la photographie en 1989, à 61 ans, pour consacrer le reste de sa vie à la construction de pirogues de pêche (de lui, un superbe Baiser, 1960). Peut-être son exemple devrait-il être suivi par certains… 

Photos de l’auteur, excepté la première. Kimiko Yoshida étant représentée par l’ADAGP, les reproductions de ses oeuvres seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.


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