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Aimez-vous Kleiber ?

Publié le 12 septembre 2010 par Philippe Delaide

Je me permets de parodier un tout petit peu le titre d'un livre de Françoise Sagan qui faisait mention non pas de Carlos Kleiber mais de Johannes Brahms, pour évoquer le coffret édité par Deutsche Grammophon et consacré au grand chef d'orchestre autrichien.

Ce coffret réédite pas moins de 12 CDs qui constituent, semble-t-il, l'intégrale des enregistrements réalisés par Carlos Kleiber pour le label allemand entre 1975 et 1982.

Kleiber Complete Recordings DG
On notera de remarquable dans ces rééditions, non seulement les versions d'une énergie fascinante de symphonies de Beethoven (5 et 7), mais aussi la 3ème et la 8ème (la fameuse inachevée) de Schubert et, surtout, une version unique de la 4ème symphonie en mi mineur de Brahms (1981), à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Vienne (excusez du peu...). Les symphonies de Brahms, réputées pour être finalement extrêmement "piégeantes" car faussement mâtinées d'une pâte romantique, portent en elles une texture foisonnante et surtout une réelle complexité rythmique et harmonique qui font que nombre de chefs s'y sont quelque peu "fourvoyés". Le cas le plus probant est, par exemple, Günter Wand, pour qui je voue pourtant une admiration sans borne, ne serait-ce que pour ses interprétations de symphonies de Bruckner ou de Beethoven et qui est, selon moi, passé complètement à côté de celles de Brahms. Je me suis alors retranché par dépit vers Giulini ou Celibidache avec des tempos étirés, une certaine beauté plastique, une réelle ductilité mais avec la frustration de ne pas les entendre extirper toute l'énergie extraordinaire que peuvent contenir ces symphonies. Avec une démarche consistant à faire ressortir foules de détails, une tension impressionnante, tout en maintenant une réelle lisibilité, Kleiber nous délivre une 4ème de Brahms hallucinante, sorte d'OVNI du monde symphonique. Cette version est prodigieuse car très singulière mais tellement cohérente et si dense !

Le coffret regroupe également une version de référence de la Chauve Souris de Johann Strauss avec Lucia Popp (version de 1976), la Traviata de Giuseppe Verdi (1977), Tristan et Isolde de Richard Wagner (à la tête de la Staatskapelle de Dresde, 1982) et le Freischütz de Carl Maria von Weber, ici aussi version de référence.

Coffret incontournable pour savourer une des rares lectures à autant transfigurer le grand répertoire romantique.

Lien direct vers le site de Deustche Grammophon pour plus de détail.

Kleiber - Complete Recordings on Deutsche Grammophon - 12 CDs.

Extrait : début du premier mouvement de la 4ème symphonie en mi mineur de Johannes Brahms (Allegro non troppo) :


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