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Lecture : Eric Zemmour disserte sur la "Mélancolie Française"

Publié le 12 septembre 2010 par Vindex @BloggActualite

Après avoir suffisamment lu, vu et entendu au sujet de ce livre, je décidai la semaine dernière de me le procurer et de le lire, afin de voir ce qu’il en était. En tant que passionné d’histoire, je puis vous dire que j’ai été servi...Résumé du livre : En effet, dans ce livre, Eric Zemmour, journaliste et chroniqueur, nous livre sa vision de l’histoire de France. Dès le premier chapitre, intitulé Rome, on peut découvrir sa thèse. Selon lui, la France depuis sa naissance a la volonté de reconstituer l’empire Romain et sa pax romana. Le premier chapitre nous conte ainsi la longue marche française vers l’empire. Elle commence avec Clovis et ses héritiers pour se poursuivre avec Charlemagne et sa renovatio imperii. Cependant, malgré la réussite carolingienne et la renaissance qui eu lieu à cette époque, le traité de Verdun de 843 divise l’empire en trois royaumes et réduit à néant cette longue construction. De même, cet accord pose le problème irrémédiable de la dignité impériale, ce pour des siècles. Mais ce n’est pas la fin du « rêve français » que les capétiens reprennent à leur compte, se le transmettant de dynasties en dynasties (directs, Valois, Bourbons) et de rois en rois (Philippe Auguste, François Ier, Louis XIV). Et lorsque la France croit atteindre son but ultime après le traité de Westphalie de 1648, c’est l’Angleterre qui s’interpose. Telle une nouvelle Carthage (chapitre 2), l’Angleterre est une menace pour Rome. Sa stratégie est mondiale, son système est libéral et parlementaire. C’est par la mer que Carthage réussit à mettre Rome à genou, incapable de jouer sur terre et sur mer. Après la guerre de sept ans qui voit l’éclatante victoire anglaise, c’en est fini du rêve de la pax romana française. Pourtant, le troisième chapitre, intitulé l’Empereur, nous évoque le dernier sursaut français duquel les anglais sont indirectement les déclancheurs. En effet, ceux-ci ont appuyé la Révolution Française, afin d’abattre la monarchie, dont Napoléon est un « pur-produit ». Ainsi, le Corse se livre à une bataille aussi bien économique que militaire contre l’ennemi héréditaire qui fut au bord de la rupture (du fait du blocus continental), avant de l’emporter in extremis à Waterloo. Le traité de Vienne de 1815 remet la France à sa place, celle d’avant la Révolution. Cet accord rappelle l’aptitude anglaise à faire croire à l’ennemi qu’il n’a pas tout perdu, comme ce fut le cas lors du traité de Paris de 1763. Il conditionne également la vie géopolitique des XIXème et XXème siècles, d’autant que l’unification de l’Allemagne s’opère grâce à la dynamique Prusse et Bismarck. Il est d’ailleurs très bien expliqué dans le chapitre 4 (Le Chancelier) que c’est l’Allemagne qui reprend le flambeau de Rome. C’est au cours du XIXème siècle que l’attention française se détourna peu à peu des anglais vers les allemands, avec le désastreux début de XXème siècle qui en suit. Dans le chapitre 5 (Le Maréchal), l’auteur met en parallèle la stratégie de Philippe Pétain lors des deux guerres mondiales et leurs conséquences respectives. A chaque fois, le maréchal avait pour objectif d’attendre les américains. Sauf qu’entre temps, l’adversaire allemand a lui changé de tactique d’où deux situations complètement différentes pour la France : victoire à l’arrachée en 1918 et défaite cuisante en 1940. Cette dernière défaite est également le fruit d’un manque de fermeté proprement démocratique face au régime totalitaire de l’Allemagne nazie assoiffée de vengeance (après le « diktat » de Versailles). Eric Zemmour montre aussi les efforts mis en œuvre par le Général de Gaulle pour faire à nouveau de la France une puissance : France Combattante, puissance nucléaire, sortie du commandement intégré de l’OTAN… Ensuite, le chapitre 6 (intitulé le Général) nous livre une analyse du clivage gauche-droite en France, ce dans le cadre de l’histoire politique de l’Hexagone. De l’affaire Dreyfus à la collaboration, le chroniqueur brise des tabous et des contrevérités historiques. Le chapitre 7 (le Commissaire) concerne quant à lui essentiellement l’Europe. L’auteur y écrit que l’idée européenne aurait pu être une dernière possibilité pour la France d’atteindre son but, d’accomplir sa destinée. L’Europe des 6 ressemble à s’y méprendre à un empire Napoléonien élargi, qui correspondrait à la zone d’influence française nécessaire à notre pays pour asseoir sa domination. Construit autour du couple franco-allemand, le marché commun, nouveau blocus continental aux yeux britanniques, permet à la France de faire entendre sa voix en pleine guerre froide. Néanmoins, au fil des élargissements, du changement de politique et du déclin du couple franco-allemand, l’idée européenne se transformait en une sorte de bouclier européen de l’atlantisme politique et économique. La France ne règne plus sur l’Europe. Le chapitre suivant (le Belge) s’égare un peu dans le problème politique belge mais ouvre sur une des possibilités futures pour la France. En effet, l’Etat artificiel mais stratégique qu’est la Belgique pourrait bien changer la donne européenne. Symbole de l’Europe et de son fédéralisme à elle seule, son avenir pourrait bien être décisif pour le vieux continent donc pour la France. Enfin, dans le dernier chapitre (La chute de Rome), Eric Zemmour compare la chute de Rome à la France actuelle ou en devenir avec comme critère principal le rapport à l’étranger et à l’immigration. Faisant front à l’optimisme, il démontre que malgré l’indivisibilité de la république, la France n’est pas à l’abri de graves troubles civils. L’assimilation, tombée aux oubliettes à cause d’une nouvelle façon de concevoir les rapports indigènes-allogènes, est remplacée par un pâle substitut plus individualiste : l’intégration présentée par l’écrivain comme un procédé partiel qui laisse la voie libre au communautarisme. Au final, ce livre permet d’en savoir un peu plus sur l’histoire de la France dans le monde, de comprendre aussi ce qu’est la France sur notre planète…et ce qu’elle a été. Critique du livre :D’un point de vue historique, ce livre est bien sûr intéressant à lire et très bien documenté qui plus est. Eric Zemmour établit des parallèles intéressants, même si les comparaisons sont presque parfois osées (comparer la France actuelle à la Rome du bas empire par exemple). Cependant, j’ai une chose à reprocher à l’écrivain : son dernier chapitre, qui relève beaucoup plus du présent ou de l’avenir que du passé, de la politique plus que de l’histoire. Ce dernier chapitre nous montre bien en réalité que ce livre tient plus de l'essai historico-politique. Je me suis également posé des questions au sujet du fil conducteur du livre, à savoir, la volonté française de refaire Rome. En effet, la thèse du livre, saisissante, me paraît assez ancienne mais surtout, Eric Zemmour n’en explique pas assez les bases concrètes et les origines. Etait-ce la volonté de tout un peuple ou celle des élites uniquement ? Quelles sont les preuves matérielles d’une telle volonté ? Car même si la dignité impériale romaine a franchi les siècles, on peut se demander si la volonté prétendue de refaire Rome a demeuré pendant si longtemps. Le style, quant à lui, est agréable, parfois un peu surjoué et mélancolique, glorifiant l'histoire de France et justifiant le titre de l'ouvrage. Eric Zemmour s’abandonne de temps à autre un peu trop à la formule, ce qui entraîne quelques coquilles exposée dans cette critique : http://bibliobs.nouvelobs.com/20100421/ ... ic-zemmour. Au final, je ne peux que vous conseiller ce livre, tout public, qui pousse à une réflexion certaine et nécessaire de nos jours. Vincent Decombe

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