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Prenez soin du chien - J.M. Erre

Par Soie

prenez_soin_chienPrenez soin du chien de J.M. Erre

Editions Buchet-Chastel, 2006, 279 pages.

Quatrième de couverture :

Rue de la Doulce-Belette, Max Corneloup, auteur de romans-feuilletons, et Eugène Fluche, peintre sur coquilles d'oeuf, habitent en vis-à-vis. Chacun suspecte l'autre de l'épier. La méfiance règne, d'autant plus que le voisinage n'est pas spécialement sain d'esprit. Sans compter les commérages de Mme Ledoux, la gardienne... Quand un cadavre est découvert, c'est une véritable psychose qui s'installe. Seraient-ils allés trop loin ?

J.M. Erre vit à Montpellier et enseigne le français dans un lycée à Sète. Prenez soin du chien, son premier roman drôle et impertinent, a connu un vif succès de bouche à oreille.

Ce que j'en ai pensé :

Humeur morose, petit coup de déprime saisonnière, spleen de la rentrée ? Ou bien vous pensez que les profs de français sont rien que des sadiques qui prennent plaisir à vous infliger jour après jour le spleen de Baudelaire, l'intégrale des contemplations de Hugo et les descriptions à rallonge de Balzac ? Ce livre est le traitement qu'il vous faut ! Garanti sans effets secondaires, à part peut-être quelques courbatures abdominales et de (très légères) crampes du zygomatique.. mais cette gymnastique faciale contribuera à entretenir la fraîcheur et la jeunesse de votre visage. :-)

Assurément, voici un auteur qui aime l'originalité, et qui l'affiche dès le départ puisque les chapitres sont numérotés par ordre décroissant. 

D'emblée, nous faisons  connaissance avec les personnages, locataires de deux immeubles parisiens, situés en vis-à-vis. L'un des immeubles a été le théâtre d'un meurtre, celui d'en face abritait l'assassin. L'histoire débute par l'emménagement de deux nouveaux locataires dont l'un occupe [la place] l'appartement du mort et l'autre celui du meurtrier. (Désolée, la fonction "barré" de mon éditeur ne fonctionne pas :-(  ). La truculence de l'auteur s'impose tout de suite :

[Max Corneloup] : Je le* revois le jour de mon installation... J'étais descendu attendre mes déménageurs ; il était accroupi sur le palier du 6, planté sur ses ergots, immobile. C'est idiot mais avec son crâne déplumé et ses yeux vides, il me faisait penser à un dindon... Au bout de quelques minutes, deux camions de déménagement ont déboulé dans la rue de la Doulce-Belette, l'un derrière l'autre. Il a dressé son cou, secoué ses plumes... nous allions être voisins.

   Nos gros bras respectifs se sont mis au boulot, dopés par une saine émulation et quelques packs de Kro. Tout se déroula dans une ambiance bon enfant jusqu'au moment où l'énorme Dédé, qui venait de monter mon lit au deuxième étage d'une seule main, décida de faire une pause. Il chercha un perchoir digne de son derrière pour siroter au frais sa canette de bière. Son choix se porta sur une des caisses de mon voisin. Qui explosa.

   Le Dédé avait tout un service en cristal dans les fesses. Mon voisin se mit à braire. mes balèzes firent bloc autour de l'écorché tandis que le camp adverse s'échauffait.

* Note : "le" fait référence à Eugène Fluche, le voisin de Max Corneloup.

Peu à peu, un doute naît dans l'esprit du lecteur... Les deux immeubles abritent en effet une stupéfiante concentration d'originaux. Certaines clauses imposées par le propriétaire pour préserver l'harmonie esthétique de l'ensemble paraissent plus qu'improbables. Alors, peut être que ... nous sommes bien là dans un roman policier, qui, bien que burlesque, est très bien maîtrisé. Les locataires s'épient, les tensions s'exacerbent ... J.M. Erre possède un talent certain pour les expressions imagées qui font mouche, comme pour décrire cette jeune femme  qui sait si bien mettre en valeur son physique avantageux avec beaucoup de goût et très peu de tissu. Il ne badine pas avec l'humour, nous concocte des situations cocasses ou nous dépeint avec une surprenante logique  des situations qui aboutissent dans l'absurde. (Cf, pour ceux qui ont lu le roman, cette anecdote du fiancé qui devient détective privé). Malicieux, il nous a laissé mine de rien un indice de taille dans les pages du roman.

Vous l'aurez compris, j'ai passé un excellent moment et j'ai hâte de découvrir d'autres œuvres de cet auteur.

Elles ont aimé elles aussi : Keisha  Hathaway, 


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