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Jeff Buckley ‘ Live At Sin-é

Publié le 13 septembre 2010 par Heepro Music @heepro

Le tout premier disque de Jeff Buckley à voir le jour, le voici : un maxi de 4 titres enregistrés directement sur « scène », en fait dans un bar irlandais de New York, le dorénavant célèbre Sin-é.
L’histoire de ce petit disque est simple. Depuis le mois de mai de cette même année, 1993, Jeff Buckley joue au Sin-é accompagné uniquement de sa guitare des morceaux de divers interprètes ou groupes qu’il affectionnait et qui l’ont donc logiquement influencé : de Dylan à Nina Simone, en passant par Led Zeppelin, Nusrat fateh Ali Khan ou encore the Smiths. Cependant, il composait déjà et interprétait également certains morceaux qui figureront ensuite sur son (premier et unique) album, Grace.
Rapidement, il se fait remarqué et démarché par des maisons de disques avant de choisir Sony et son label Columbia, lequel label décide de sortir en préambule à un album, ce mini-album afin de tester le marché et voir ce qu’en pensent les critiques. On connaît la suite de la carrière de Jeff Buckley. revenons donc ici sur l’essentiel : chacun des quatre morceaux choisis pour figurer sur Live at Sin-é. A savoir, deux compositions de l’artiste et deux reprises.
Tout d’abord, « Mojo pin ». Ce titre a en réalité été écrit en collaboration avec le guitariste Gary Lucas et figurera sur Grace également en position initiale. Ici, live oblige, tout commence par des applaudissements, puis vient une phrase d’introduction du chanteur : « This is a song about a dream ». La voix de Jeff Buckley est absolument parfaite : ce type était fait pour les concerts, et on l’entend pendant les cinq minutes que durent la chanson. La chanson termine à nouveau par des applaudissements, nous rappelant que nous sommes bien en train d’écouter une prise en direct. Effectivement, la production de ce live est irréprochable.
Ensuite, « Eternal life », qui se trouve aussi sur Grace. Cette fois-ci, c’est la guitare qui ouvre le jeu… et la voix de Jeff vient appuyer, voire s’abattre sur nous : on comprend pourquoi ce morceau est le plus lourd sur Grace quand on se rend compte de la rage qui sort de l’homme.
Première reprise : « Je n’en connais pas la fin »… d’Edith Piaf ! Oui, sur son premier disque, il n’y a pas que du rock. Jeff savait jouer de la guitare, certes, mais pouvait et aimait chanter tout ce qui lui plaisait : une « chanson » en français (ici, il ne chante en réalité que le refrain en français) qui explique peut-être en partie pourquoi les Français ont été les premiers à adopter Jeff Buckley, aussi bien au niveau des ventes que d’un point de vue critique. Le morceau est une jolie petite surprise : mélodique, il nous ferait presque oublier que c’est pour nous un classique.
Finalement, « The way young lovers do » de Van Morrison referme la parenthèse « chanson » et revient à quelque chose de plus traditionnel : seulement, si à l’origine le morceau durait trois minutes sur l’album Astral Weeks qui était sorti en 68, Jeff le fait lui durer dix minutes… pour un final tout en guitare qui nous permet d’être sûr d’une chose : en perdant cet artiste beaucoup trop tôt, c’est autant un chanteur (ou plutôt « chantouuuse » comme il le disait lui-même) qu’un guitariste qui nous manque.
Aujourd’hui, quel que soit notre avis sur tout le côté commercial de tout ce qui sort avec l’étiquette Jeff Buckley apposé, Grace et, avant lui, Live at Sin-é nous montre définitivement un très grand qui, s’il n’est pas LE meilleur, avait au moins le mérite d’avoir une personnalité qui transcendait tout ce qu’il chantait et n’a jamais voulu répondre aux attentes d’une raison commerciale : pour preuve, ce dernier titre qu’il voulait faire traîner pour le plaisir de nos oreilles.
Petit, mais costaud.



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