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"The Big heat" : impitoyable

Par Vierasouto


Depuis "House of the river" en 1950, Fritz Lang en 1952 a fait un crochet par le western avec "Rancho notorious" ("L'Ange des maudits" avec Marlene Dietrich) et rejoint sa veine noire en tournant "Clash by night" (avec Barbara Stanwyck et la débutante Marilyn Monroe), enfin, pendant l’année 1953, Fritz Lang réalise deux films noirs "The Blue gardenia" et "The Big heat" (Règlements de comptes).
Un revolver sur une table, c’est la première image du film, un coup de feu, une tête qui s’effondre sur son bureau, le regard froid d’une femme lui faisant face, c’est son épouse. Son mari suicidé, Mrs Duncan téléphone au chef maffieux Lagana pour prendre les consignes en prenant soin au préalable de faire disparaître une lettre confession qu’il tenait dans sa main. L’officier de police David Bannion comprend vite qu’on lui demande en haut lieu de boucler discrètement le dossier. Une certaine Lucy Chapman, se disant la maîtresse de feu le policier Duncan, donne rendez-vous à Bannion pour lui affirmer que son amant n’avait aucune raison de se suicider puisqu’il comptait divorcer et l’épouser, on la retrouve morte le lendemain, torturée et étranglée.
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Après le meurtre de son épouse, tuée à sa place dans leur voiture piégée, d’incorruptible et opiniâtre, David Bannion devient ce qu’il est au fond de lui : un justicier impitoyable. Aidé par la petite amie du tueur Vince Stone, jolie poupée futile et cupide mais généreuse, inconsciente du danger, Bannion, destitué de ses fonctions par l’administration policière infiltrée par le syndicat de Lagana, traque en free lance les assassins de sa femme.

Gloria Grahame et Glenn Ford

© Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr Galerie complète sur AlloCiné


Bien que la photo du DVD soit en couleur, c’est un film en noir et blanc et pouvait-il en être autrement compte tenu de la noirceur du sujet. "The Big heat" est un film cruel et violent même si les codes de l’époque ne permettent pas de tout montrer. Certaines scènes fond froid dans le dos comme celles mettant en scène le tueur sadique Vince Stone (Lee Marvin jeune) brûlant les femmes avec des cigarettes ou défigurant sa petite amie Debby (Gloria Grahame) avec une cafetière de café bouillant. L’opposition entre la famille idéalisée du détective David Bannion (Glenn Ford) où tout est tendresse et bons sentiments, épouse aimante et fillette modèle, et le choc de l’explosion de la voiture (qu’on ne voit pas venir du tout) qui va tuer sa femme (Jocelyn Brando, la sœur de Marlon…), est un grand moment de cinéma.
Film noir avec beaucoup moins de stylisation et d’ambiance expressionniste que dans d’autres films de Fritz Lang mais une violence plus réaliste, la dénonciation d’un système de corruption triangulaire : politique, police, syndicat du crime, et la critique, mine de rien, du confort climatisé américain qu’il fait exploser sadiquement avec la voiture de la femme de Bannion. Car il y a une couleur sadique dans ce film, le regard de Vince Vaugh incapable de se contrôler qui choisit non pas de tuer la femme ("House of the river") mais de la mutiler… Je n’ai pas écrit la critique de "Secret beyond the door" ("Le Secret derrière la porte (1948"), vu il y a peu, mais dans ce film (brillant quoiqu'un peu compliqué à cause des passages oniriques), cependant, il semble que ce soit la dernière fois dans sa filmographie en noir où Lang donne, in extremis, une chance de rachat à l'assassin (jeune marié tendance Barbe-bleue...), y croit-il vraiment, on en doute…
"The Big heat" est un film impitoyable qui ose les passages à l'acte (ou, par exemple, le visage de Gloria Grahame brûlé montré à l'écran, rare pour l'époque), un film très moderne où on ne ménage pas le spectateur et dont on a du mal à croire qu’il fut tourné il y a plus de cinquante ans, du bel ouvrage… On ne peut lui faire qu'un mince reproche, le réalisme phagocyte l'atmostphère nettement moins captivante que ces scènes dans la pénombre avec les visages enveloppés d'obscurité ("House of the river"), question de choix, de goût...

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