Magazine Beaux Arts

Contentez-vous de lire le catalogue, ça suffira

Publié le 15 septembre 2010 par Marc Lenot

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Loin de moi l’idée de ne pas reconnaître en Gabriel Orozco un

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artiste majeur, capable de transformer les objets, de changer les points de vue, de surprendre et de questionner. Mais son exposition au Centre Pompidou (jusqu’au 3 janvier) ne mérite pas le détour. La plupart de ses pièces sont présentées en modèle réduit sur des tréteaux de bazar : passe encore si on pouvait s’en approcher pour les voir de près. Mais une ligne noire au sol interdit l’approche, un sifflet strident se déclenche dès qu’on avance un petit doigt dans l’espace ainsi interdit, et d’ailleurs, deux policiers mexicains patrouillent l’espace (Imported guards); mais rien à voir avec Tino Seghal, ils ne se déshabillent pas, ni ne vous chantent une romance, pas de performance autre que leur présence. Et la réputation de la police mexicaine fait qu’on est quand même un peu mal à l’aise.

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Même une pièce en grandeur réelle, comme le superbe crâne échiquier/FNAC Black Kites, est inaccessible, non seulement à distance sur un tréteau, mais en plus sous une cloche de verre, protégé, muséalisé. Et l’exposition est parsemée de pages arrachées à un catalogue de photographies de Lartigue, méconnaissables, incompréhensibles. Sinon, aucun cartel, à vous de deviner, d’après le plan sommaire, ce qui est quoi.

Cette stratégie d’exposition jouant sur la frustration du spectateur, sur son impossibilité de voir comme il voudrait, aurait un sens si elle était congruente avec le propos de l’artiste (comme ce pourrait être le cas pour Vides ou pour Closky, par exemple). Mais je ne crois pas que ce soit le cas, Orozco ne travaille pas vraiment sur ces thèmes. Je ne comprends donc rien à cette exposition; j’ignore si au MoMA, à Bâle, ou prochainement à la Tate Modern (jusqu’au 2 mai

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2011), on a retenu la même approche.

Certes, outre les tréteaux, il y a aussi des photographies et des dessins au mur et de grandes pièces au sol, dont la fameuse DS et les quatre bicyclettes (There is always one direction), oeuvres emblématiques de l’artiste (toujours sans cartel). Comme les murs vitrés du Centre restent ouverts, vous verrez tout

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aussi bien la DS de l’extérieur.

Le catalogue (je n’ai pu que feuilleter la version anglaise, la française sort ces jours-ci) a par contre l’air très bien; il vous dira tout ce que vous voulez savoir sur Orozco, bien mieux que cette exposition agréable, non comme une porte de prison, mais comme un parloir de couvent.

Photos de l’auteur.

Un autre avis, sur Art Daily.


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