OUVERTURE DE LA CHASSE
Samedi après-midi,
Balthaz
Eut l’occase
D’admirer six perdrix
Pénardes, déambulant
Sur son bout de prairie.
Spectacle autant
Délicieux qu’inédit !
Dimanche matin, revenant de l’Eucharistie,
Célébrée à dix lieues de chez lui,
Baltha eut un éclair de génie :
« Des aviculteurs complaisants,
Voire prévenants
Avaient déposé
Par monts et par vaux
Des centaines de perdreaux
Domestiqués, bien engraissés
Afin de satisfaire
Au plaisir navrant
De chasseurs débutants.
Ces apprentis jeunots ne sachant
Tirer qu’à bout portant
Des oiseaux immobiles, innocents.
Ou pis, il s’agirait d’éviter aux tueurs chevronnés,
S'étant armés de mitraillettes et de chevrotines,
De rentrer bredouille
De présenter leur déplorable trombine
Et de prendre en plus dans la poire: "celui-là, quelle nouille !"
Non, la chasse n’est plus un sport.
Les chasseurs sont des assassins, des porcs.
Les oiseaux n’ont plus le droit de vivre à l’état sauvage
Et de se tirer vite fait au moindre coup de fusil,
Echappant ainsi à la mort ou la paralysie.
Baltha explique ces massifs et soudains arrivages
De viande fraîche. Cette manière de faire
A été conçue
Par l’Armée du Salut
Pour distraire les loqueteux durant l’hiver
Et satisfaire le penchant diabolique
Des hommes sanguinaires,
En fait, la vérité est pire. La voici :
Elle est épouvantable.
Dimanche soir, à table,
Baltha écoute les nouvelles
Officielles
Transmises par Radio-Bleue-Poitou.
Ce media touche à tout
Révèle que les chasseurs
Ont passé un deal
Habile mais imbécile
Avec les éleveurs de volatiles.