Néo et Descartes, de grands copains !

On connait tous l’histoire du charismatique Néo dans le célébrissime Matrix des frères Wachowski : Le brillant et sulfureux geek était contacté par une apparente bande de pirates informatique, qui  lui proposait de l’exorciser de là où il croyait vivre depuis sa naissance; son esprit baignant dans un univers totalement virtuel alors que son corps,  placé dans une morbide cuve métallique, et son système nerveux était relié à un puissant ordinateur. Le héros comprenait ensuite, non sans difficulté, la tromperie totale à laquelle il avait été pleinement crédule.

Ce principe d’isolement de la raison et du corps ne date en fait pas d’hier, et le premier à avoir imaginé un principe similaire était René Descartes . Il émit l’hypothèse du malin génie, idée suivant le Doute cartésien. Il l’exprima ainsi:

« Je supposerai donc qu’il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n’ayant point de mains, point d’yeux, point de chair, point de sang, comme n’ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si, par ce moyen, il n’est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d’aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. »

Extrait de la première des Méditations métaphysiques

Viendra ensuite l’expérience de pensée du « Cerveau dans une cuve » proposée par Hilary Putnam en 1981. Cette fois ci c’est plutôt sous le flambeau du scepticisme que se place l’idée de Putnam. Elle consiste à imaginer que notre cerveau est en fait placé dans une cuve et reçoit des stimuli envoyé par un ordinateur en lieu et place de ceux envoyés par notre corps.

La question centrale est alors de savoir si ce cerveau a raison de croire ce qu’il croit. Ce qui est l’une des grandes questions du film.

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