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La petite maîtresse invisible : Chapeaux féminins de la première moitié du XIXe siècle (casques et capotes).

Par Richard Le Menn

merveilleuxchapeaux300 Photographie 1 : Divers 'chapeaux casques' de merveilleuses.


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Photographie 2 : Gravure tirée d’une revue de mode du tout début du XIXe représentant des chapeaux de type 'jockey'.
Dans l'article intitulé Incroyables chapeaux, je parle largement des couvre-chefs des femmes de la fin du XVIIIe siècle et du tout début du XIXe. C'est le temps des merveilleuses. La mode est aux 'chapeaux 'casques' ou 'jockey' ressemblant à ceux que portent les jockeys (le cheval et les courses sont alors fashionable) mais généralement avec une beaucoup plus longue visière et souvent une ou plusieurs plumes.

Vers 1804-1807 les capotes baleinées prennent le dessus. Elle sont à brides, et entourent le visage formant de véritables œillères. On les appelle aussi « invisibles », car le visage ne peut être vu que de face. Elles sont faites de taffetas, percale, crêpe, mousseline, etc.
Ces styles sont très originaux car obstruant largement la vue de celles qui les portent et ne permettant pas aux autres de voir aisément leur visage. Tous les casques et capotes ne sont pas semblables. Certains n'ont pas de longues visières. La mode nouvelle des cheveux courts permet une quantité de formes. Bonnets, toquets, chignons, voiles, coiffures à l'antique, chapeaux turcs … les exemples ne manquent pas, avec certains particulièrement surprenants comme le « bonnet à la folle » ou le chapeau « à la prussienne » (voir article précité avec une photographie de ce qui est sans doute ce couvre-chef en forme de haut-de-forme avec une aigrette en plumes de coq). Mais la mode la plus spectaculaire et caractéristique de cette époque est celle des casques et des capotes.

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Après 1810, le bord du chapeau des capotes s’évase autour du visage et la calotte devient plus haute pour laisser la place aux cheveux plus longs et bouclés. Par la suite les capotes prennent diverses formes, certaines s'élargissant pour devenir des sortes d'entonnoirs à l'envers vers 1830, d'autres continuant à ressembler aux 'invisibles'. Comme on peut le lire dans La belle histoire du chapeau féminin : « Ce sont des modifications de détails, passe [bord du chapeau entourant la calotte] plus ou moins inclinée, plus ou moins évasée, qui caractérisent telle ou telle période. » Puis cette passe « s’évase légèrement et permet de disposer en dessous  des garnitures de rubans ou de fleurs. Le bavolet devient alors plus  important et les brides plus larges. » Vers 1820 les rubans s'amoncèlent sur et sous les coiffes.
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La capote devient progressivement au XIXe siècle le couvre-chef classique, convenable ; comme l'est pour les hommes le haut-de-forme. Elle a cependant beaucoup plus de possibilités de modulation que ce dernier. Les petites-maîtresses jouent sur sa grandeur, sa forme, le choix des parures qui l'accompagnent, la nouveauté du modèle etc. Mais les coiffures de ce siècle ne permettent pas toutes les fantaisies du XVIIIe.

Photographie 3  : A gauche : « Capote de Taffetas. Fichu de Cygne. » Planche n°778 datée de 1807 provenant du Journal des Dames et des Modes. A droite : « Paris Elégant, Journal des Modes, Rue Taibout 9. Robe de Soie changeante garnie de filet. Capote plissée à fleurs. Redingote doublée de velours. 20 Septembre 1838. »
Photographie 4 : Détails.
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Plusieurs autres caricatures font écho au longues visières et aux larges chapeaux. La photographie que l'on trouve ici :
digitalcollections.library.yale.edu est intéressante car elle représente une femme anglaise et sa progéniture habillées selon la mode française du moment qui elle-même s'inspire de l'Angleterre : 'chapeau jockey' de l'enfant ; mais aussi de l'antique : tunique sans poche … En voici une autre toujours avec un couvre-chef à très longue visière www.pemberley.com. Enfin ici sont des liens vers diverses autres images : 1806 Capote de paille , 1806 Capote de velours, 1807 Capote de paille blanche, 1er quart du XIXe siècle Adieux d'un Russe à une Parisienne
.
Photographie 5 : « En 1838. Elle et lui. » Caricature. Détail de la page 221 d'un exemplaire de L'Illustration, Journal Universel, datant sans doute de 1855. Le titre de la page est 'Les Modes, depuis Pharamond [que l'on considérait alors comme le premier roi des Francs : début du Ves siècle après J.-C.] jusqu'à nos jours ; recherches historiques, à propos de Longchamps, par Marcelin'. Cette image rappelle celle de Le Suprême Bon Ton N°16  des Caricatures Parisiennes qui a pour titre 'Les invisibles en tête-à-tête'.


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