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Anthologie permanente : Ulrike Almut Sandig

Par Florence Trocmé

ce qui est établi, c’est que tu ne peux pas rester ici. et aussi 
que tu ne peux pas sortir d’ici. toi-même tu es établi, tu n’es 
pas bon pour le voyage, pas bon pour l’absence, un jour 
il faudra bien que tu sois absent, mais c’est encore loin, ça, 
comme est encore loin tout ce qui reste invisible: 
les vieilles douleurs amies dans la tête, et le fait 
qu’elles ne partiront plus, pas chez moi 
et pas dans le sud qui lui aussi 
reste invisible, peu importe jusqu’où 
tu le suis, car le sud est toujours 
au sud. sud en tenue de fête. sud 
au vent. à la fenêtre ouverte. comme un enfant. 

• 

 

non. ils ne volent pas vers le sud 
car dans le sud on est seul. je les entendais 
voler la nuit, au début leurs ailes 
bruissaient encore, il y eut des cris 
espacés, haut et plus haut encore jusque 
sur la lune où ils atterrissent sur le côté 
détourné de la terre, le côté le plus sombre, 
longtemps immobiles. aile contre aile, 
serrés l’un contre l’autre: des oies, des oies 
sur la lune sans air, qui vole. 

Ulrike Almut Sandig, deux poèmes, traductions inédites de Rüdiger Fischer.   

• 

Je ne dirai rien sur les vibrations des arbres dans la lumière ni 
sur les arbres en eux-mêmes : pas un mot sur le hêtre 
dans l’arrière-cour de la femme médecin dont la fille 
meurt dans la chambre à coucher, pas un mot 
sur le paulownia dans notre propre cour sous lequel 
nous sommes assis, toi et moi, jusque tard dans la nuit, 
feignant de croire que le fille du médecin n’est véritable 
que dans les poèmes que je note. des vibrations des arbres 
dans la lumière je ne révèlerai que les cimes, 
les cimes des arbres dans le vent tournoyant, 
et les aiguilles toujours vertes. je feindrai de croire 
que seule la lumière violente, vibrante, 
brodée dans les cimes des épicéas, est tout à fait véritable. 
mais pas les tronc serrés au-dessous, jamais ombres étroites
la forêt, les arbres en eux-mêmes 

Ulrike Almut Sandig, traduction de Rüdiger Fischer, revue Décharge, n°146, p. 119.  
note bio-bibliographique d’Ulrike Almut Sandig 
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