Magazine Culture

C'était demain (2)

Publié le 28 décembre 2007 par Philippe Di Folco
Le jardinier de la lune n'est pas mon premier album de SF mais l'ombre d'un autre. Cet album-ci, dont on peut découvrir à gauche la couverture passablement amochée, a été trouvé (10 €) dans une brocante rue Parmentier en 2004. A première vue, on dirait l'un de ces contes pour enfants blonds et dociles, comme il n'en existait sans doute que dans les rêves petit-bourgeois des Français des années post-pétainistes. Quand on ouvre l'album, on trouve un tout autre univers. Est-ce par hasard que je l'ai feuilleté, je ne sais, sans doute la collection "Rouge et bleue" et son blason devait remuer en moi un vieux souvenir. Et là, je suis tombé sur cette image, la scène du départ, avec le bus, la fusée en arrière plan, et j'ai immédiatement pensé à l'AUTRE album, le tome 1, celui intitulé Nous irons à Lunaterra.
Publié en 1954 par les éditions GP (initiales mystérieuses), sises 80 rue Saint-Lazarre Paris 9e, avec un texte de Paul Berna et des illustrations (très marquantes, il faut le croire) de Guy Sabran, c'est ce 1er tome que j'ai eu entre les mains dans mon enfance. Ce 1er tome appartenait à mon père : il l'avait reçu en prix lors de ces cérémonies scolaires de fin de trimestre (on décrochait alors "le tableau d'honneur", la "mention", etc. : tout ça a disparu avec 1968). J'ai perdu cet album lors d'un déménagement, sans aucun doute. Mais je sais que Nous irons à Lunaterra participe demes premiers pas dans la SF, le 2ème étant 2001 Odysée de l'Espace vu en 1969 au cinéma Gemini du vieux Créteil, ma mère m'y avait conduit, elle s'était endormie lors de la projo (émergeant au beau milieu de la longue scène du "voyage cosmique sous acides" et explosant mais enfin, qu'est-ce que c'est que ce film !), et la question fut longtemps de savoir : pourquoi accompagner un gamin de 5 ans voir un tel film, fut-il un Kubrick ? La réponse se trouve dans cet album que j'aimais par dessus tout, qui m'obsédait, et mes parents le savaient bien, cet album qui revient d'ailleurs trente ans plus tard dans l'une des premières scènes de My Love Supreme ("Cette scène de départ..."). Cet album était chargé de promesses qui, non tenues, renverraient aux générations suivantes, le possible accomplissement d'un rêve de futur. On attend toujours le "grand départ" pour les étoiles il me semble, même vers les toutes proches palnètes, mais rien ne vient. En visionnant pas plus tard qu'hier le DVD de La Planète des singes de Tim Burton, la première scène prend déjà un coup de vieux : la station spatiale en forme de déesse des Cyclades est censée fonctionner en 2029... Du coup, la version originelle de Schaffner (1968) tient mieux la route (et est surtout plus cohérente en matière de script : le deus ex machina du chimpanzé et le Lincoln/singe à la fin ne valent pas la Statue de la liberté ensablée).
Le deuxième album (qui se veut le supplétif d'un objet disparu mais qui par sa seule présence, peut être amener à réémerger) a ceci de remarquable qu'il y est bien expliqué (on est en 1955) comment la Lune a été terraformée, ce que sont les avantages d'une moindre force de gravitation, etc. Les maisons construites sur la Lune, les fleurs qui y poussent, tout est merveilleux. Je ne sais pas ce que sont devenus les auteurs de ces deux albums. Visiblement inspirés par les comics américains et Jules Verne (on y rencontre un prospecteur jardinier très Deux ans de vacances).
A ma connaissance, ces deux albums n'ont jamais été réédités.

 


Couverture trouvée sur e-Bay
 

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Philippe Di Folco 18 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine