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La peur de l'eau (film québécois à venir...) et l'imaginaire des iles

Publié le 16 septembre 2010 par Paule @patty0green
Certains lieux sont si imprégnés d'un imaginaire cinématographique que, lorsque nous les visitons, cet imaginaire nous hante. La sombre traversée de l'Ontario en voiture, par exemple, me fait très peur. Sombre parce que la route en forêt est longue, lugubre, parfois bordée de maisons délabrées, genre, le spot parfait du tueur en série. Enfin, celui que je connais à travers les films américains et australiens. Il est là, le tueur, comme un effet de présence.
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Je suis présentement aux iles pendant que se déroule le tournage du prochain film de Gabriel Pelletier : La peur de l'eau. Quel titre! Celui qui a peur de l'eau, ici, est bien mal en point. Enfin, je me disais, tiens tiens, c'est une belle place pour venir tourner un film, les paysages sont magnifiques, on se croirait à l'autre bout du monde. Ici, c'est un peu l'imaginaire de la carte postale qui m'habite et celui de l'explorateur. Je découvre les lieux, tous plus beaux les uns que les autres. Je suis seule, il n'y a plus un touriste ici, je suis le petit point, l'unique point mouvant sur les plage et au bord des falaises. Aucune craintes, malgré le vide, malgré que je sois une femme seule : il n'y a pas, enfin, n'avait pas, d'imaginaire d'horreur par ici.
La peur de l'eau (film québécois à venir...) et l'imaginaire des iles
Lorsque j'ai lu le synopsis du film de Pelletier...
Le long métrage raconte l'histoire du sergent André Surprenant (Pierre-François Legendre). Celui-ci est affecté à résoudre le meurtre sordide de Rosalie Richard (Stéphanie Lapointe) qui a été retrouvée violée et tuée au pied d'une falaise des Iles-de-la-Madeleine.

...Je me suis alors dis pourquoi? Pourquoi contaminer le lieu d'un imaginaire violent? Pourquoi faire couler du sang sur les belles falaises rouge des caps? Pourquoi des coups de fusil là où il n'y en a probablement jamais? Mais surtout, pourquoi une femme violée et tuée, sur les rives des iles? Pourquoi dénaturer, s'approprier et, en quelque sorte, violenter un tel lieu? Pourquoi vouloir créer une mauvaise vibe?
Je suis sensible aux imaginaires et je crois que beaucoup de gens le sont tout autant, peut-être à leur insu. Il y a plusieurs formes de contaminations atmosphériques et on tend à oublier celle qu'on ne voit pas, mais qui est là, comme un effet de présence et qui, elle aussi, change l'atmosphère. Je suis de ceux qui croient qu'il faut prendre soin, bien soin, de l'imaginaire des lieux que nous habitons, aimons, visitons...Car l'effet de présence de l'imaginaire est fort, très fort et il n'est pas biodégradable!
Enfin, cela n'a rien à voir avec la qualité du film, il sera peut-être excellent! Mais je n'ai pas envie de le voir, ce film, parce que je n'ai pas envie de voir une femme violée et tuée transformer les falaises de rubis en des falaises de sang. Je n'ai pas envie de percevoir une brèche dans la tranquillité de ce lieu. Je n'ai pas envie d'accuser la mer, je veux dire, je n'ai pas envie de commencer à dire que j'ai peur de l'eau! Pas ici!

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