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Le jour du Roi, Abdellah Taïa

Publié le 17 septembre 2010 par Kenza
« Je n'ai croisé aucun assassin. A part moi.»
Le jour du Roi, Abdellah TaïaMot de l'Editeur Taïa laisse de côté l’homosexualité, thème central de ses deux précédents romans qui lui ont valu sa notoriété internationale et traite d’un sujet qui lui tient encore plus à cœur : la fracture, qui, au Maroc, sépare les pauvres des riches. Le héros et narrateur du roman est un adolescent pauvre. Il vit seul avec son père. Sa mère est partie, ce qui a démoli le père. Le garçon hait et en même temps admire cette femme indigne, mais libre. Il a un ami de son âge, fils d’une riche famille. C’est ce garçon qui, bien sûr, est désigné pour aller saluer le Roi, baiser sa main. Le Roi est la figure omniprésente de l’autorité, devant qui tous s’écrasent. Malgré leur amitié profonde, le garçon pauvre finira par tuer le garçon riche : la lutte des classes l’emporte. Le roman, politique au fond, ne l’est jamais vraiment. Il est poétique, onirique, métaphorique, et en même temps cru, ponctué de scènes vives qui marquent l’esprit du lecteur. Il se termine avec un autre personnage, féminin : une petite domestique noire dont le père du garçon riche avait fait son esclave sexuelle, destin jusqu’à un certain point accepté et même désiré par cette jeune fille, à la fois aliénée par le sort qui lui a fait la société, et en quête aveugle de liberté.
Biographie Le jour du Roi, Abdellah TaïaDeuxième garçon d'une fratrie de huit enfants, Abdellah Taïa grandit dans un quartier populaire entre Salé et Rabat, aux côtés d'une mère analphabète, tendre mais autoritaire. Passionné de cinéma, il découvre que, s'il veut avoir une chance pour s'inscrire à la FEMIS, il lui faut un DEUG. Abdellah Taïa s'inscrit alors à l'université de Rabat en littérature française. Il y rencontre son premier amour, un professeur suisse, qu'il suit à Genève, où, grâce à une bourse, il poursuit ses études supérieures jusqu'à obtention de son DESS. En 1999, il débarque à Paris pour s'installer avec son nouvel amour et s'inscrit en doctorat à la Sorbonne, préparant une thèse sur le peintre Fragonard. Lire la suite ICI

Le jour du Roi, Abdellah Taïa

Marie-Guillemine Benoist (1768-1826)
Portrait d'une négresse. Musée du Louvre

Extrait
 J’ai découvert ce tableau là-bas en France, il y a longtemps, quand je faisais mes études à Paris… Il m’a tout de suite séduit et je suis retourné des dizaines de fois l’admirer. Saluer la dame noire et fière… J’étais amoureux d’elle. Je le suis encore. En la regardant maintes fois, j’ai compris un peu de la beauté mystérieuse des femmes noires… Tu comprends ? C’est très important pour moi… Cette carte postale, que tu as entre les mains, ne m’a jamais quitté… Il y a deux semaines, je t’ai vue… Je ne sais pas depuis quand tu travailles chez nous… Je t’ai vue. Je t’ai reconnue. Je n’arrivais pas à le croire. Tu es comme la femme noire du tableau. Exactement comme elle. Tu es elle. C'est incroyable. Tu es elle. Habillée en permanence en blanc, comme elle. Tu as ses yeux curieux. Son front robuste. Son nez fort et que je trouve, moi, délicat. Tu as son mystère. Tu es du même noir qu’elle. Le même noir. Tu appelles. Tu brilles. Tu m'as appelé... Tu me crois? Il faut que tu me croies. Tu es une matière brute, fascinante, un élément rare, un corps incroyable... Je dois te peindre... Je dois... Je dois faire de toi une image... Je dois... Je dois prendre quelque chose en toi, pour moi... C'est toi... La peinture me revient grâce à toi. Le désir de peindre se réveille en moi. Je dois te peindre. T'honorer. Tu me crois? Je suis sincère. Tu me crois? Je suis inspiré par toi. Tu me crois? Tu es d'accord?...Avec Le jour du Roi, Abdellah Taïa est nominé pour le Prix Renaudot 2010 et le Prix de Flore 2010

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