Difficile de sortir enthousiaste de la nouvelle pièce de Bertrand Blier dont on attendait beaucoup, même si tout n'est pas à jeter.
Le pitch s'annonçait pourtant prometteur. Comment vivre avec la pauvreté, la misère, la précarité sous nos yeux, quand bien même l'Etat aurait pondu une loi obligeant les municipalités à moquetter leurs trottoirs afin d'apporter du "confort" aux sans abri... ?
Anny Duperey incarne donc une femme au foyer appartenant clairement aux "CSP+" (catégories socio-professionnelles supérieures) dont les fenêtres de l'appartement donnent sur le trottoir moquetté de Myriam Boyer, sdf . Cette dernière prendra la place de la première avant d'errer à ses côtés...
Blier compose ici une oeuvre poético-allegorico-trasho-bourgeoise confuse, brouillonne, sur la pauvreté, le regard que notre société y pose, mais aussi sur la vie, le couple, l'enfance, le théâtre, sur ses propres névroses, et se perd, nous perd, dans ce dédale de réflexions plus ou moins bien amenées.
Si l'on rit souvent grâce à l'efficacité d'une écriture qui n'est tout de même plus à prouver, on s'ennuie aussi malgré une excellente interprétation de Duperey et Boyer, seules dans cette distribution comportant cinq comédiens (Patrick Préjean, Abbès Zahmani, et Jean Barney) à avoir réellement quelque-chose à défendre.
Une situation de départ cocasse, une provoc proprette (nous sommes sur les boulevards...), des répliques parfois efficaces, quelques scènes drôlement trash, une interprétation qui n'est pas à remettre en cause, une scénographie séduisante, ne parviennent pas à sauver totalement un spectacle dont on peine à saisir les tenants et aboutissants du propos.
A vouloir trop en dire, on finit par ne plus rien dire...
Dommage.
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