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Baptiste Lecaplain se tape l'affiche

Par Gjouin @GilbertJouin
Baptiste Lecaplain se tape l'affiche
Théâtre Trévise
14, rue de Trévise
75009 Paris
Tel : 01 48 65 97 90
Métro : Grand Boulevards / Cadet
Spectacle écrit par Baptiste Lecaplain et Aslem Smida
Mis en scène par Aslem Smida
Ma note : 6,5/10
Mon avis : Puisque Baptiste Lecaplain nous confie à un moment qu’il est Normand, je vais essayer d’analyser son one-man show façon « p’t’êt’ bien qu’oui – p’t’êt’ bien qu’non ».
P’t’êt’ bien qu’non :
Lorsqu’on quitte la salle du Trévise après le spectacle, on sait que l’on a beaucoup ri, mais on a du mal à retenir sur quels sujets. Baptiste possède la formidable faculté de prendre une salle à bout de bras et de s’amuser avec elle. C’est efficace, plaisant, on se laisse faire volontiers car son charisme et son pouvoir de séduction sont irrésistibles. En relativisant bien sûr – car il possède tout de même un talent très, très supérieur à la moyenne -, il nous propose un show un peu à la manière d’une fin de repas de mariage quand le comique de la famille s’installe au milieu de la salle des fêtes et fait son numéro…
Baptiste Lecaplain jouit d’un potentiel comique indéniable. S’il sait ô combien y mettre les formes, il manque encore de fond. La plupart des thèmes qu’il aborde ont été déjà traités par d’autres, il se contente d’y ajouter son tempérament à lui. Dès qu’il arrive sur scène, il ouvre le haut débit et nous noie sous un flot de paroles non stop. De ce côté-là, il s’en sort plutôt bien. Il passe du coq à l’âne, évoque son enfance, ses complexes, ses colocataires, se métamorphose en spermatozoïde, fait ses courses, s’interroge sur le bien fondé des magasins Nature & Découvertes… On rit de ses observations, et on les oublie aussitôt parce qu’il est déjà passé à autre chose ou parce qu’il s’est mis à discuter avec les spectateurs.
Pour résumer ce chapitre négatif, il a tendance à tomber dans la facilité et, du coup, ça manque un peu de matière. Et les trois entrées qu’il nous propose au menu m’ont paru assez indigestes et m’ont fait espérer que les plats principaux s’avéreraient plus roboratifs. Ce qui fut heureusement le cas…
P’t’êt’ bien qu’oui :
Rassurez-vous les critiques positives l’emportent largement. Baptiste Lecaplain est un séducteur-né. En quelques minutes, il nous met dans sa poche (ce doit être une poche kangourou car je n’ai jamais vu un artiste aussi bondissant). Puisque je parle du physique, allons au bout : il fait preuve d’une débauche d’énergie insensée. C’est un véritable personnage de dessin animé, tant des ses expressions que dans sa gestuelle. D’une souplesse étonnante, monté sur ressorts, on a l’impression que ses jambes sont indépendantes de son tronc. Rien à dire, il sait bouger et ce n’est jamais à côté de la plaque… Son charme lui permet d’établir une communication aimable et spontanée avec un public avec lequel il ne cesse de jouer. Très réactif, il saisit les réflexions au bond, interpelle les spectateurs…
Baptise fait preuve à son égard de beaucoup d’autodérision, ce qui a pour effet, si besoin était, de nous le rendre encore plus sympathique. Il ironise sur son prénom, se plaint de son corps ( !), déplore d’être le seul humoriste en France « à transpirer des genoux »… J’ai beaucoup aimé son discours sur les produits hard discount des grands magasins et son sketch sur le spermatozoïde égaré sur le mauvais chemin, très fin et très imagé, est le pic qualitatif de son spectacle. Et j’ai particulièrement apprécié son habileté à utiliser les running gags et les gimmicks. Ça, c’est aussi réussi qu’intelligent car il faut une sacrée présence d’esprit pour placer ces clins d’œil à bon escient.

Conclusion
:
J’ai conscience que ma partie « p’t’êt’ bien qu’non » est un peu dure mais, si j’ai vraiment été emballé par sa présence, par sa tchatche, par la sympathie qu’il dégage, par son dynamisme, il m’a simplement manqué, comme je l’écris plus haut, quelque chose de plus concret à me mettre sous la dent et à ranger dans ma mémoire. Et je suis tout-à-fait d’accord avec les trois avis qui figurent sur son affiche : « Entre espoir et révélation » (L’Express), « A suivre de près » (Le Figaro Magazine), « Un talent d’improvisation hors pair » (Direct Soir). Tout cela est juste. Baptiste Lecaplain est réellement prometteur. Il a toutes les qualités pour réussir. Enfin, à mon avis, le cinéma ne devrait pas tarder à lui faire les yeux doux car il est évident qu’il sait tout faire et des « jeunes premiers » de son acabit, on n’en possède pas des masses… Ce ne sont pas les spectatrices qui ont pour lui les yeux de Chimène qui me contrediront.

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