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«Come on, people!», Les Thugs : une certaine idée de l’indé

Publié le 18 septembre 2010 par Sfar @ToujoursUnCoup

«Come on, people!», Les Thugs : une certaine idée de l’indé

Dimanche dernier l’association Komakino proposait une diffusion publique inédite d’un DVD documentaire qui sort en ce moment sur un de nos groupes hexagonaux  mythiques : Les Thugs.
Pour les strasbourgeois n’ayant pas pu, comme moi, se rendre à ce visionnage et en attendant de pouvoir acheter le DVD, ce documentaire co-réalisé par Julien Bossé, Jean-François Maître et Thomas Rabillon est visible via le site de TéléNantes.

Initiative doublement intéressante : déjà pour le plaisir de retrouver, pour les plus anciens, un groupe qui a accompagné plus ou moins directement leur jeunesse, le faire découvrir aux plus jeunes mais aussi parce qu’au travers des membres du groupe “Come on, people!” pose un regard intelligent sur le milieu indé d’il y a 20/30 ans et son devenir actuel.

Rappels rapides : les Thugs est une formation de copains complètement amateurs mais passionnés qui a vu le jour au début des années 80. Le groupe propose un gros son bine noisy tendance punk, fait beaucoup de bruit ce qui détonne un peu de la scène française de l’époque et se fait vite remarquer non seulement en France mais aussi à l’étranger. Le groupe est signé par le label américain Sub Pop, bosse avec Albini et se trouve très souvent cité par des formations allant de Noir Désir à Nirvana.

En 2008, Sub Pop propose aux Thugs de jouer lors d’un festival fêtant les 20 ans du label. S’en suivra une mini-tournée française de quelques dates après huit années de break. C’est dans ce contexte-là que le documentaire prend place revenant sur le parcours de ce groupe atypique avec des analyses terriblement sensées des acteurs de l’époque et de leur vision du milieu musical actuel. Sans aigreur avec beaucoup d’humilité, on se rappelle qu’il existait une époque où il y avait surtout des passionnés, des personnes qui osaient le risque depuis les labels, jusqu’aux tourneurs et programmateurs. On aurait presque oublié qu’à une époque où le net grand public n’existait pas, que sans Myspace ou buzz en tout genre, une formation provinciale pouvait percer jusqu’à se faire signer par l’un des labels incontournables de la scène indé américaine. Tout est presque une question de foi, de sincérité et de non compromission. Depuis ces temps-là,  beaucoup d’acteurs liés l’univers musical ont vendu leurs âmes. De passionnés amateurs, nous sommes passés à des professionnels qui n’ont sans doute plus les mêmes motivations. Le pragmatisme et la rentabilité économique ont  fait place à la prise de risque et à une certaine forme de générosité. Fort heureusement, il reste encore des personnes qui ont su garder un état d’esprit ouvert et continuent un combat noble en osant signer des artistes “marginaux” pour des labels ou proposer des affiches audacieuses au niveau d’associations ou de programmateurs de salle. Ce n’est certainement pas facile tous les jours. La démocratisation de nouvelles  formes d’accès à la musique et ses diffusions doivent aussi être prises en considération. Il faut jouer avec ces modernités, ces nouvelles règles du jeu tout en gardant une certaine ligne de conduite. Malgré tout , il est très certainement possible à force de convictions, de motivations de maintenir ce bel esprit qui a fait naître tellement de formations passionnantes et permis une diffusion saine et généreuse  des musiques indépendants à un public toujours nombreux de curieux.

On aurait presque envie de rendre le visionnage du documentaire  ”Come On, People!” obligatoire à toute personne se destinant un jour à évoluer dans le milieu musical que ce soit comme artiste ou acteur.

A voir en intégralité :


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