Magazine Culture

La malédiction des colombes de Louise Erdrich

Par Sylvie

ETATS-UNIS

 

La malédiction des colombes de Louise Erdrich

Editions Albin Michel, 2010

 

Je continue donc mon exploration de la rentrée littéraire américaine ; après une grosse déception, voici une vraie découverte, un roman qui ne se laisse pas apprivoiser immédiatement mais la lecture en vaut la chandelle.

 

Louise Erdrich est l'une des voix majeures de la littérature américaine contemporaine ; une voix métisse puisque son père est d'origine allemande et sa mère indienne. Toute son oeuvre se déroule d'ailleurs dans les communautés indiennes américaines ; ses récits choraux sont souvent comparés à ceux de William Faulkner.

 

Les lecteurs qui aiment les récits bien linéaires seront sûrement déconcertés ; tout se déroule sur plusieurs décennies autour d'un événement fondateur qui scellera le destin de deux communautés, indienne et blanche.

 

En 1911, une famille entière est décimée à Pluto, village du Dakota du Nord ; trois indiens sont pendus par les blancs ivres de vengeance, un seul en réchappe. Il s'agit du vieux Mooshum qui raconte des années plus tard l'histoire à sa petite fille Evelina, la première narratrice du récit. Cette dernière est amoureuse de Corwin Peace, l'un des descendants des lyncheurs...

 

Quatre personnages prennent la parole à tour de rôle pour évoquer la vie de ces deux communautés et de plusieurs familles. Finalement, l'important n'est pas de savoir qui a tué la famille. Le lecteur est happé par l'histoire de cette ville, Pluto et par les destin d'une multitudes de personnages.

 

Ce sont des vies entières que déploie ce récit : enfances et adolescences meurties, amours contrariées, mémoire des ancêtres, force de l'amitié ou de la fratrie, rôle de la religion ou de l'art comme consolation, culpabilité...

 

Ce roman brasse tous les sentiments et émotions humains dans une écriture flamboyante : lyrisme, humour, analyse historique...La variété des styles est étonnante : le lyrisme amoureux d'Evelina, le mysticisme de de Marin, l'humour du vieil indien athée, l'inspiration poétique de Shamengwa autour de son violon....

 

Justement, l'un des fils conducteurs du récit dans ses multiples ramifications est un violon ; le prologue présente le meurtrier avec en arrière-fonds un air de violon. Ce dernier, nous le suivrons tout au long de l'histoire, de la fin du XIXe siècle à nos jours.

Image récurrente également, celle des colombers qui viennent de façon cyclique dévaster les cultures des champs, comme un signe de l'apocalypse.

 

Une grande fresque à la fois lyrique et poétique.

 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvie 700 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines