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[Critique DVD]  » Le monde perdu »

Par Gicquel

[Critique DVD]  » Le monde perdu »

« DE SETA EST UN ANTHROPOLOGUE  QUI S’EXPRIME AVEC LA VOIX D’UN POÈTE. »

[Critique DVD]  » Le monde perdu »
Martin Scorsese

En 1954, Vittorio de Seta, se lance dans une aventure qui le tiendra cinq ans, bien loin de ses origines bourgeoises et du cinéma commercial un temps fréquenté.Non, ce qui l’intéresse, ce sont les mineurs en quête du soufre, les pêcheurs à l’affût de l’espadon, les bergers, les paysans.

Aujourd’hui ses documents sont de prodigieux témoignages  d’un temps révolu, de ces cultures ancestrales – paysannes ou maritimes –  que le modernisme, déjà à cette époque est en train d’effacer.

Je ne sais pas si à l’origine une pointe de nostalgie guidait sa caméra , mais celle-ci nous rapporte aujourd’hui avec un brin d’amertume , au jour le jour l’énergie des hommes au fond de la mine , sans misérabilisme cependant,ni revendication sociale. Sans afféterie, non plus, la musique n’ayant ici aucun droit d’écoute. Seuls les bruits et les ambiances du moment prennent sens. Comme ce chant paysan accompagné par l’accordéon au cœur de la nuit de Sardaigne.

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Il en va de même dans le regard de ces paysans inquiets du réveil du volcan ou de ses pêcheurs aux prises avec une mer agitée dans la beauté déserte de l’océan, seulement habitée par des mouettes gourmandes.

C’est le travail, le dur labeur qui retient le cinéaste, avec  malgré  tout le souci d’une esthétique de mise en scène surprenante , rehaussée  par un montage approprié. .J’ai beaucoup aimé l’épisode des pêcheurs de thon («  Paysans de la mer ») et des bergers allumant au cœur de l’hiver , sur le mont d’Orgosolo en Sardaigne, des brassées de bois mort.

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Chez De Seta , l’environnement est ainsi souvent rugueux,  inhospitalier, ce qui confère à sa démarche , outre la véracité des images vécues, une poésie inattendue, baignée par le contraste  de ces enfants , chantant et riant , entre deux rangées de maisons sans âme. Des documents qui aujourd’hui prennent un tout autre sens que celui pour lequel ils avaient alors été tournés. Ils sont devenus des pages du patrimoine cinématographique. Rares et précieux.

LES COURTS METRAGES

Le Temps de l’espadon (1954 – Couleurs – 10 mn)
Au retour des beaux jours, les hommes partent à la pêche  dans le détroit de Messine…
Îles de feu (1954 – Couleurs – 9 mn)
Au nord de la Sicile, le Stromboli et les îles Éoliennes se dressent sur la mer…
Soufrière (1955 – Couleurs – 9 mn)
Le centre de la Sicile regorge de mines de soufre. Une invisible tragédie se joue dans les entrailles de la terre…
Pâques en Sicile (1956 – Couleurs – 8 mn)
À Pâques, la mort et la résurrection du Christ sont reconstituées dans les villages autour de Messine,
Caltanissetta et Enna…
Paysans de la mer (1956 – Couleurs – 9 mn)
Au large des côtes siciliennes, les pêcheurs attendent le thon, qui depuis des millénaires suit la même route…

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Parabole d’or (1955 – Couleurs – 9 mn)
La moisson en Sicile intérieure. Sous une chaleur écrasante, on récolte enfin les fruits d’une année de  labeur…
Bateaux de pêche (1958 – Couleurs – 10 mn)
Des pêcheurs bravent les flots entre la Sicile et l’Afrique. En cas de tempête, ils s’abritent sur l’île de Lampedusa…
Bergers d’Orgosolo (1958 – Couleurs – 10 mn)
Sur le mont d’Orgosolo, en Sardaigne, de rares bergers guident leurs troupeaux dans un climat rugueux…
Une journée en Barbagie (1958 – Couleurs – 9 mn)
Les bergers partis avec leurs troupeaux, les femmes travaillent au village et s’occupent du bois, des
champs et du pain…
Les Oubliés (1959 – Couleurs – 17 mn)
En Calabre, la route de montagne s’interrompt brutalement : il faut faire 15 kilomètres à pied pour se rendre à Alessandria del Carretto. L’hiver fini, le village revit à l’occasion de la « Fête du Sapin », une tradition païenne ancestrale.

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Une journée en Barbagie


LES SUPPLEMENTS

Entretien avec le réalisateur :18 mn

«  Je n’étais pas fait pour le cinéma industriel » confesse d’emblée, De Seta qui dans cette rencontre exclusive évoque toute sa technique cinématographique, qui le plus souvent tenait du hasard, voire du miracle. «  Je partais toujours sans but précis, sans scénario, ni préparation, et je ne savais pas ce que j’allais faire de toutes ces images. L’idée était de me fondre dans le décor, dans faire partie ». Sa rencontre avec le monde ouvrier est le déclencheur de son engagement auprès des plus démunis. «  Les chants populaires était méprisés par la critique officielle, comme la culture paysanne d’ailleurs, même par la gauche ».


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