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Femmes

Par Jlhuss

20080609_michel_houellebecq_fot_mariusz_kubik_10.1285178355.JPG[…] Il ne pouvait une fois de plus qu’aboutir à la même conclusion : décidément, les femmes étaient meilleures que les hommes. Elles étaient plus caressantes, plus aimantes, plus compatissantes et plus douces ; moins portées à la violence, à l’égoïsme, à l’affirmation de soi, à la cruauté. Elles étaient en outre plus raisonnables, plus intelligentes et plus travailleuses.
Au fond, se demandait Michel en observant les mouvements du soleil sur les rideaux, à quoi servaient les hommes ? Il est possible qu’à des époques antérieures, où les ours étaient nombreux, la virilité ait pu jouer un rôle spécifique et irremplaçable ; mais depuis quelques siècles, les hommes ne servaient visiblement à peu près plus à rien.

Ils trompaient parfois leur ennui en faisant des parties de tennis, ce qui était un moindre mal ; mais parfois aussi ils estimaient utile de faire avancer l’histoire, c’est-à-dire essentiellement de provoquer des révolutions et des guerres. Outre les souffrances absurdes qu’elles provoquaient, les révolutions et les guerres détruisaient le meilleur du passé, obligeant à chaque fois à faire table rase pour rebâtir. Non inscrite dans le cours régulier d’une ascension progressive, l’évolution humaine acquérait ainsi un tour chaotique, déstructuré, irrégulier et violent. Tout cela les hommes (avec leur goût du risque et du jeu, leur vanité grotesque, leur irresponsabilité, leur violence foncière) en étaient directement et exclusivement responsables. Un monde composé de femmes serait à tous points de vue infiniment supérieur ; il évoluerait plus lentement, mais avec régularité, sans retours en arrière et sans remises en cause néfastes, vers un état de bonheur commun. […]

Michel Houellebecq – « Le particules élémentaires »

C’est un autre “angle” que celui dont Arion nous fournissait, il y a peu, quelques mots du passé.

*

[…] Si Houellebecq est le romancier français le plus intéressant aujourd’hui, c’est parce qu’il répond à la définition de l’écrivain propre à témoigner de notre époque tel que l’appelait de ses vœux Philippe Muray dans Désaccord parfait :

«L’affaire du roman a toujours consisté à voir la prose là où n’importe qui voit la poésie (c’est ça la révélation balzacienne de la Comédie)…S’il y a aujourd’hui un grand récit possible (au sens du roman à la Balzac ou à la Tolstoï, développant une idée globale de l’époque dans laquelle se résumeraient toutes les complexités de la réalité), il est là, dans cette sinistre épopée de l’éradication systématique des dernières diversités, des dernières singularités, des dernières divergences, des dernières “dissidences”, des derniers accidents, aussi bien humains que naturels…» […]


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