Vous connaissez l’expression ou du moins la façon de qualifier quelque chose qui dit : “une daube sans nom”. Si la nullité avait un nom, elle pourrait s’appeler : La Promotion de Lala , connu également sous le titre anglais Go Lala Go ! La Promotion de Lala / Du Lala Sheng Zhi Ji (2010) de Xu Jinlei. Comédie romantique chinoise se déroulant dans le milieu professionnel des « bureaux », La Promotion de Lala est une mixture nauséabonde que sa réalisatrice, sans aucune personnalité, saupoudre d’une pincée de Sex&City pour le côté « fashion », d’un mélange d’Ally McBeal et de films qui ont pu mettre en scène le personnage de Bridget Jones. Sérieusement, on appelle vraiment cela un film ?! Un téléfilm peut-être et encore, bien qu’il me fasse penser à ces téléfilms allemands « nouvelle tendance » qui ont (ou avaient) pignon sur rue sur une chaîne hertzienne connue dans l’Hexagone. La vérité c’est qu’il ne vaut pas mieux que ces dramas sirupeux sans saveur que le Japon et la Corée du Sud savent produire (sans généralisé l’ensemble de la production, cela va de soit).
Passons au résumé : Lala quitte sa petite PME et se fait engager comme secrétaire dans une immense entreprise étrangère (états-unienne). Là, elle n’a qu’un seul objectif : évoluer le plus loin possible au sein de cette entreprise. Bientôt, elle développe une attirance pour un responsable des ventes, sentiment tout aussi réciproque de la part dudit responsable…
La Promotion de Lala, c’est niais. Sous couvert de nous montrer une Chine moderne avec des chinois modernes dans des entreprises tout aussi moderne. On nous sert des pâles copies de films occidentaux pour nous dire : Vous voyez ? Nous aussi nous sommes comme vous, nous sommes modernes : on a des cabriolets Mazda et le métro, de jolies robes et de supers ordinateurs Lenovo avec un écran de l’épaisseur d’une feuille de papier. Ne regardez pas les films d’auteur chinois, c’est ringard et mensonger. Stop. Je ne suis pas contre le fait de montrer différents visages de la Chine d’aujourd’hui qui n’est pas QUE celui d’une petite fille sans l’usage de ses jambes abandonnée lâchement par ses parents, vendue et devant faire la manche pour subsister. Là-dessus, il n’y a pas de souci. La Chine est grande et elle évolue. Elle est une grande puissance, on nous tanne avec son marché immense depuis des lustres. De ce fait, regardons les autres strates de la population… Allons-y gaiement alors !
Ce qui me dérange ici avec La Promotion de Lala c’est la façon qu’est faite la chose. Au-delà d’avoir un cahier des charges copier/coller, des comédies romantiques vues et revues sur les femmes modernes qui s’assument et s’épanouissent par le travail, c’est le manque cruel d’originalité et d’identité. Une identité artistique. La réalisatrice (également actrice) dont c’est son quatrième film me (nous) dirait sans doute qu’elle montre que chinois, japonais, français ou américain, nous sommes tous pareils. Métro-boulot-dodo et love story au bureau. Á quoi sert ce film alors, si ce n'est juste reproduire une réalisation stéréotypée aux effets clippesques à une bande son omniprésente, plate et redondante, à des situations téléphonées à des kilomètres avec en prime des personnages caricaturaux ? Bien qu’ici, je n’ai pas réellement vu de fumiste ou de « peste » de service. Il faut croire que le monde de l’entreprise en Chine c’est « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». On peut élever la voix certes mais finalement c’est plutôt sympa et en plus on ne retrouve même pas les carriéristes prêts à tout. Non, ici ils évoluent sereinement en se buvant une petite tasse de thé Lipton. Je n’invente rien. C’est World-Euro-Disney !
La Promotion de Lala est un divertissement à l’américaine, ce n’est donc qu’un divertissement ! Pourquoi alors je me prends la tête ? J’aime le cinéma. Je suis un passionné. Je vois de tout, même des comédies romantiques (ou pas), des mélodrames et autre divertissements pop corn. Problème ! La Promotion de Lala n’atteint même pas le minimum syndical de ces films dont je n’attends rien. Mais rien ! Ok, on sourit deux-trois fois. On rigole peut-être une fois. Là, je parle sérieusement parce qu’ensuite on sourit et rigole pour se moquer et là, pas qu’une fois. Alors, on nous met une actrice agréable à regarder bien que les pots de fond de teint ont dû être une part importante du budget. On l’habille dans des robes de couturiers. On lui fait manger du chocolat Dove lorsqu’elle est stressée ou triste. On nous apprend que si vous avez un mal de ventre, le mieux c’est de boire une bonne tasse de ce toujours aussi savoureux thé Lipton. On nous la montre conduisant son cabriolet Mazda, faire la cuisine dans son appartement moderne art déco du pauvre achetée dans un Ikea local (ou le vrai d’Ikea) et raconter sa vie sur son PC Lenovo. Après… ? Pas grand-chose. Retour sur la prolifération des marques à l’écran. Faire un film coûte de l’argent. Je ne suis pas contre le sponsoring mais là ce n’est pas juste une comédie avec de l’humour mais un clip publicitaire aussi bien pour les sponsors que l’image qu’on veut bien donner de ces chinois « corporate » du monde de l’entreprise. Venez en Chine, investissez, regardez nos travailleurs acharnés comme les vôtres ! Nous ne sommes pas un pays du tiers-monde comme pourrait le faire penser Jia Zhang-ke ! Nous ne sommes pas que bon à faire des jeans, non ! On sait aussi faire des affaires, les vraies. J’ai véritablement un problème avec ce - genre de - film et ce qu’il veut bien nous montrer. Pas tant le genre à proprement parlé mais véritablement la manière de faire. Si la cinéaste n’avait pas juste tenté (ou carrément si elle s’y était mieux pris) de reproduire le « vu et revu » on aurait sans doute pu assister à un spectacle pas terrible mais au moins un spectacle qui nous aurait diverti un minimum. Là, une demi-heure après c’était une torture de chaque instant. Et cette musique… Damnation !
J’oubliais : Lala ! Oui, toi ! Dont l’idéal est professionnel et rien d’autre (c’est Mao qui se retournerait dans sa tombe), tu as des traces de doigts sur ton fond de teint. Juste là ! Oui, au niveau de ta joue et de ton menton… Comment ? Oh, pas de quoi… Ok, à dans dix minutes pour un p’tit thé Lipton que-j’aime-trop-leur-tasse-ronde-trop-jolie et un p’tit chocolat. Lequel ? Dove, bien sûr.
Et mon j’oubliais 2 : ce film fut donc présenté pour l’ouverture du festival du cinéma chinois, édition 2010. Je reste pantois sur ce choix. Et tout aussi interloqué qu’un tel film puisse être présent dans la sélection globale qui nous sera présentée durant ce festival. J’espère juste que les films suivants ne seront pas à son image…
I.D.
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