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Anthologie permanente : Norge

Par Florence Trocmé

LOIRE
 
De jeunes voix riaient, 
  jouaient au bord du fleuve, 
Ce fleuve les portait 
  de village en village. 
Ces villages miraient  
  leurs clochers dans ces voix, 
Les mélangeaient aux cieux 
  pleins de cris d’hirondelle. 
Ces voix emportaient tout 
  à de nouveaux voyages. 
Ces voyages tout doux 
  les miraient à la mer. 
Des vagues respiraient 
  ces voix et ces mirages. 
La mer les retenait 
  jusqu’au fond de sa gorge 
Et le sel de la mer 
  avait un goût de France 
 
•º• 
 
LES GRANDS RUMINANTS 
 
Les grands ruminants ruminent 
Debout sur leur grande urine. 
 
Ils ruminent les saisons, 
Les siècles, les horizons. 
 
Qu’importe lune ou tempête, 
Qu’importent vents et comètes, 
 
Pourvu qu’une mouche bleue 
Vienne boire dans leurs yeux 
 
Ils ruminent des années 
L’infini des gazonnées. 
 
Ils ruminent les saisons, 
Les siècles, les horizons. 
 
Et si le dieu des contrées 
S’endormait un soir près d’eux, 
 
Ils rumineraient ce dieu 
Ce dieu serait ruminé 
 
Depuis les aubes marines 
Et jusqu’aux frissons ultimes, 
 
Ils se ruminent eux-mêmes,  
Eux seuls qu’en ce monde ils aiment.  
 
•º• 
 
UNE FÊTE
 
La folle mouche d’octobre 
Qu’exaltait l’amour de vivre, 
Sent déjà pincer le givre 
Qui va lui blanchir la robe. 
 
Mais elle ne gémit pas 
Et nous zézaye à tue-tête, 
Mordant au raisin muscat 
Que la mort est une fête.  
 
 
Norge, Le Stupéfait, Gallimard, 1988, pp. 75 à 77 & 99. 
 
 
Norge dans Poezibao :  
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extraits 3, ext. 4 
 
 
 
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