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Rachid Bouchareb : "Hors-la-loi est un film sur l'injustice"

Publié le 23 septembre 2010 par Amroune Layachi
Rachid Bouchareb

est un sur l'injustice" Quatre ans après , le cinéaste continue d'explorer l' de la et de l'Algérie. Entre policier et saga familiale. Une voix douce mais assurée. Une volonté de fer montée en gilet pare-balles. Rachid Bouchareb est un homme serein, lui qui a pourtant affronté une violente polémique lorsque Hors-la-loi fut présenté au Festival de Cannes. "Un antifrançais", clamaient, à tort, ceux qui ne l'avaient pas vu. Non, "l' de la guerre d'Algérie, telle qu'elle a pu se dérouler en France", répondent, à raison, ceux qui l'ont vu.

Paradoxalement, la polémique ne justifie-t-elle pas l'existence même du film ? Il est nécessaire car il faut que les choses soient dites.

Qu'on ne s'y trompe pas : le thème central de Hors-la-loi, c'est l'injustice. L' histoire d'une famille algérienne chassée de ses terres en 1925 et qui traverse trente-cinq ans du XXe siècle, entre la guerre d'Indochine et celle de libération algérienne. Cette famille essaie de rester unie. De résister. L'injustice est un thème que l'on trouve dans des centaines d'histoires.

Sauf que c'est l'Algérie et la décolonisation...

Bien sûr. La colonisation algérienne a duré cent trente-deux ans. A un moment donné, des hommes et des femmes ont voulu prendre leur destin en main. Je ne vois pas qui peut le leur reprocher. La liberté est le combat permanent de l'humanité. Mais ce combat impose souvent une violence politique.

Quel est le point de départ du film ?

Je suis né en France et j'ai trouvé intéressant de déplacer la guerre d'Algérie sur le sol français. C'est une histoire que personne ne connaît et qui est proche de moi. Faire un voyage dans le passé colonial, c'est aussi comprendre la société d'aujourd'hui.

Comment répondre à la polémique ?

Je n'ai pas réalisé un film documentaire. J'évoque les massacres de Sétif. Chacun peut s'exprimer sur le sujet, mais personne n'enlèvera les morts. Ce que j'aimerais, c'est que, de chaque côté de la Méditerranée, les historiens se rencontrent et se parlent. Il faut écrire l' histoire commune pour passer à autre chose. Pourquoi on n'avance pas ?

Pourquoi ?

Parce que le désir des hommes politiques n'est peut-être pas présent. Cela dit, je ne crois pas que la société française, aujourd'hui, ait peur d'aller voir un film sur son passé colonial. La jeune génération n'a aucun malaise avec ça. Croyez-vous que le public regardant Apocalypse Now se demande si le film est fidèle à la vérité historique ? Jamais. Le spectateur est toujours plus intelligent que certains ne veulent le faire croire.

Quand vous travailliez sur Indigènes, pensiez-vous déjà à Hors-la-loi ?

Les témoins que j'ai interrogés pour Indigènes m'ont raconté toute leur histoire : la Seconde Guerre mondiale, le retour au pays, Sétif, les attentes vis-à-vis de la décolonisation, la déception, la résistance, etc. De leurs témoignages est né Hors-la-loi.

Comment ressentez-vous l'air du temps sécuritaire et les discours qui lient immigration et délinquance ?

Que je sache, la délinquance n'a pas d'origine particulière. Mais c'est un discours que j'entends depuis toujours. Il n'y a pas eu grand changement en cinquante ans. Moi, pour avancer, je prône l'engagement citoyen : le vote et la participation à la vie politique.

Après Indigènes et Hors-la-loi, y aura-t-il un troisième volet ?

Pas tout de suite, mais il y en aura un. Je raconterai cinquante ans d'immigration. Les mêmes hommes ont participé à tout ça : la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'indépendance, l'arrivée en France. J'aimerais bien reprendre Jamel, Roschdy et Sami. Il faut d'abord trouver la bonne histoire, mais c'est un film qui doit être fait.

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