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L'emploi, oui, mais comment faire ?...

Publié le 25 septembre 2010 par Lheretique

J'ai lu l'entretien que le sociologue Louis Chauvin a accordé à Marianne2. Quand on évoque le financement des retraites, tôt ou tard, on ne peut pas ne pas s'interroger sur la situation de l'emploi depuis la fin des années 70 en France. 10% de taux de chômage environ, des jeunes peinant à s'insérer et des seniors qu'on vire avant l'heure. J'ai parfois le sentiment que la vie professionnelle active, c'est 20-25 ans maxi en France. Et après, on s'étonne qu'il manque des fonds pour financer les retraites.

Donc, le problème, clairement, c'est l'emploi. Sauf qu'une fois cela dit, on n'a rien dit. Protéger et relancer l'emploi, c'est la quadrature du cercle sur laquelle les politiques de gauche et de droite se cassent les dents depuis 30 ans sans parvenir à la percer.

J'ai déjà abordé le problème sous l'angle de l'industrie il y a une dizaine de jours.

Soit on se livre à un véritable protectionnisme pour bloquer les délocalisations, mais on peut s'attendre à des mesures de rétorsion de la part des pays qui se prendront les mesures protectionnistes dans les dents. Et puis franchement, a) cela ne va vraiment pas dans le sens de l'histoire b) tous les pays qui ont mené une politique protectionniste l'ont généralement payé cash sauf quand ils le faisaient très subtilement (USA, Japon, Chine). Après, il y a le protectionnisme fûté qui consiste, comme Jean Arthuis le propose depuis un moment, à accroître les taxes sociales pour réduire l'impact du coût du travail sur le prix final des produits. Le problème, c'est que c'est un tantinet violent pour le pouvoir d'achat des Français...

Au passage, j'ai souvent entendu nombre d'individus de gauche expliquer que la France était le second pays au monde à attirer les investisseurs étrangers. Cela m'a toujours étonné.  Mais grâce à Jean Arthuis que j'ai écouté (28:00, sqq sur la vidéo) à l'Université de rentrée du MoDem, j'ai la clef du mystère : en fait, ce sont surtout des bons du trésor qu'ils achètent, c'est à dire, en somme de la dette française ! Vous parlez d'investissements ! En somme, plus on investit en France, à l'heure actuelle, plus cela signifie que nous, les Français, nous nous endettons. Chapeau...

Soit on tente une véritable révolution, un changement de logiciel, comme le proposer Corinne Lepage. C'est sympa sur le papier, mais, dans la pratique, c'est une autre paire de manches. Corinne Lepage compte beaucoup sur les États pour assurer la transition dans son Vivre Autrement. Vu la gueule des États en question (au moins la France, en tout cas), je ne les vois pas assumer quelque rôle leader que ce soit par les temps qui courent. Par ailleurs, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel commençait à s'intéresser au coût de la révolution verte à la laquelle rêve Angela Merkel, et, force était de constater qu'elle a un coût. Un coût monstrueux. Tiens, rien que pour l'énergie, il faudrait que l'Europe investisse 3 000 milliards d'euros pour adapter ses réseaux de distribution et ses infrastructures aux énergies vertes. Alors certes, l'industrie écolo est séduisante dans les discours, sans doute créatrice d'emplois, mais impossible à mettre en place sans une révolution logistique associée, domaine dans lequel presque personne n'a l'ombre ne serait-ce que du quart de la moitié du dixième d'une idée.

Soit on table sur les services à la personne, mais, très lapidairement, je vais évacuer cette fausse bonne idée. Les services à la personne produisent très peu de valeur ajoutée et ne sont pas exportables ; aucun impact en termes commerciaux, l'assurance d'un appauvrissement du pays à terme s'ils deviennent le coeur de l'emploi dans notre pays.

Reste les petites mesures au jour le jour. Le crédit d'impôt sur les emplois à domicile, par exemple. Pas fameux, mais mieux que rien : cela permet à pas mal de gens de vivre en gardant des enfants, en aidant des gens âgés, en assurant l'entretien des maisons, et cetera. Dans les mesures proposées, j'avais jugé pertinente celle de Bayrou en 2007 avec ses deux emplois francs. Pas de charges pendant 5 ans sauf 10% destinés à assurer le financement des retraites. Je trouvais, et trouve encore l'idée astucieuse.

Cela étant, je ne vois dans l'immédiat aucune solution miracle pour l'emploi, et, en tout cas, certainement pas les solutions prônées par la gauche et la gauche de la gauche, qui consisteraient à générer une multitude d'emplois publics ou à rigidifier considérablement le marché de l'emploi sans avoir sécurisé les entreprises au préalable.


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