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Poezibao a reçu n° 143, dimanche 26 septembre 2010

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.

°Yves Bonnefoy, L'Inachevable, Albin Michel
°René Char, Nicolas de Staël, Correspondance 1951-1954, éditions des Busclats
°Christian Doumet, La déraison poétique des philosophes, Stock
°Vanina Maestri, Mobiles 2, Al Dante
°Zbyněk Hejda, Abord de la mort, Fissile
°Michel Robic, Voyage à la page, Al Dante
°Jérôme Thélot, pas même du ciel, Fissile
°François de Cornière, Ces moments-là, Le Castor Astral
°Philippe Mac Leod, Puissance du Mystère, Le Castor Astral
°Jean Portante, La réinvention de l'oubli, Le Castor Astral
°Christophe Dauphin, Totems aux yeux de rasoir, Librairie Galerie Racine
°Revue Verso, n° 142

*Yves Bonnefoy
L'Inachevable
Entretiens sur la poésie, 1990-2010
Albin Michel, 2010
26 € - sur le site de l'éditeur
" Ce livre, quelques-uns des entretiens que j'ai eus avec divers interlocuteurs en ces vingt dernières années. D'une part ceux qui portèrent sur la création artistique - architecture ou peinture - ou des peintres et des poètes ; et d'autre part ceux où j'ai eu à parler de mon propre travail ou de ma vie. Viendront plus tard des réflexions de nature plus générale bien que constamment sur la poésie. Pourquoi ce rassemblement ? Parce que l'imprévu des questions avive et même sert le désir de comprendre de celui qui cherche à répondre, en un " écrit parlé " qu'il veut aussi précis que possible. Et parce que ce désir va peut-être trouver dans les hypothèses et digressions alors permises des voies qui en valent d'autres vers la sorte de vérité dont cet auteur est capable. Se répétant, se contredisant, mais de ce fait même prenant conscience de soi, dans un champ où c'est le cheminement qui peut être jugé aussi véridique que les positions rejointes. "
Ce livre recueille vingt ans de rencontres avec Yves Bonnefoy, sur Shakespeare, Rimbaud, Mallarmé, Valéry, Jouve, Giacometti....
*René Char, Nicolas de Staël
Correspondance 1951-1954
Éditions des Busclats, 2010
15 € - sur le site de l'éditeur
Début 1951, René Char fait la connaissance de Nicolas de Staël à Paris. De cette rencontre naît le projet d'un livre commun. Poèmes accompagné de quatorze bois gravés. Une année durant, Staël délaisse ses pinceaux pour exécuter à coup de gouges ses gravures, et rend fidèlement compte à Char de ses avancées et de la passion qui l'anime. Neuve alliance, faite d'admiration et d'estime.
Lors de ses voyages, Staël ne cesse de parler à son jumeau aux " sabots ailés " pour l'entretenir de sa quête artistique et de ses chocs visuels. En 1953 Staël et les siens s'installent dans le Sud à proximité du poète, dans son milieu intime et familier. Trois ans durant, les lettres et cartes échangées jalonnent leur chemin de créateurs et racontent à demi-mot leur magnifique histoire d'amitié.
C'est cette correspondance que les éditions des Busclats présentent ici avec un avant-propos d'Anne de Staël fille ainée du peintre et des notes établies par Marie Claude Char, épouse du poète.
A noter aussi la fondation d'une maison d'édition, Éditions des Busclats par Marie-Claude Char et Michèle Gazier. En savoir plus.
*Christian Doumet
La Déraison poétique des philosophes
coll. l'autre pensée, Stock, 2010
20,99 € - site de l'éditeur
Qu'est-ce qui différencie une pensée philosophique d'une pensée poétique ? En quoi ces deux sortes d'écriture et de vie se distinguent-elles ? De telles questions ne se poseraient pas si nombre de philosophes ne nous donnaient le sentiment tantôt heureux, tantôt périlleux, de les convoquer ensemble. C'est Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra ; c'est Descartes, rêvant sur ses propres rêves ; Heidegger commentant Hölderlin ou Trakl ; Platon lui-même, recourant au mythe pour expliquer sa République...
La déraison poétique des philosophes évoque ces moments où les images, les sons, les rythmes prennent part à la logique de l'argumentation. Ces moments, aussi, où le discours philosophique tente par réduction de venir à bout de l'inquiétante étrangeté du poème.
Chacun de ces chapitres est centré sur l'œuvre d'un philosophe : Platon, Vico, Descartes, Kant, Leopardi... Une place non négligeable est réservée aux philosophies contemporaines : celles de Martin Heidegger, de Jacques Rancière, d'Alain Badiou, de Michel Deguy ou de Jacques Derrida. L'ensemble s'achève par une évocation rêvée (pour cause : elle fut sans témoin) de la fameuse rencontre entre le poète Paul Celan et le philosophe Martin Heidegger dans la hutte de Todtnauberg, en 1967. Il se dit là " des choses terribles " qui, on peut l'imaginer, touchent de près à la relation à l'avenir de notre temps.
Il y va du statut de ce qu'on nomme la " raison ", sa constitution et ses usages. Sa folie aussi. ( sur le site de l'éditeur)
*Vanina Maestri
Al Dante, 2010
17 € - site de l'éditeur
Avec Mobiles 2, nous avançons dans un espace où des fragments d'énoncés, prélevés d'un quotidien saturé d'écritures affirmatives et prescriptives, se frottent et se côtoient, se rejettent ou s'attirent. Ces multiples confrontations recréent le brouhaha du monde. Mobiles 2 est construit comme une véritable installation textuelle (au sens plastique du terme), et l'appréhension de ces textes nous invite à une déambulation mentale qui équivaut à une expérience physique de la lecture. ( site de l'éditeur)
*Zbyněk Hejda
Abord de la mort, précédé de Je n'y rencontrerai personne
Traduit du tchèque par Erika Abrams
Coll. l'Autre, Fissile, 2010
16 €
Le long des sentes, frayées par les bêtes...
Du milieu des herbes un marais éclôt.
Et dans les broussailles, des plumes de petits oiseaux
vont s'amollissant. Il bruine, brume bruinante.
La nuit il a gelé. De quoi donner tôt le matin
aux mouillères givrées de l'éclat.
Silence. Si ce n'est, au village, le glas
et une plainte.
(p. 44)
bio-bibliographie de Zbyněk Hejda.
*Michel Robic
voyage à la page
Al Dante, 2010
20 € - site de l'éditeur
" à la page espace et temps se livrent à de curieux échanges : irruptions du passé dans un présent éclaté, lieux passés dans l'histoire et repassant dans des histoires, intrusions d'une plus-que-présent à faire jouir autant que hurler, visions du fond de la nuit comme du fin fond de la cambrousse, aura des villes et ras des champs " (Dos du livre)
Dans ce livre le lecteur est assailli petit à petit par tout ce qui fait le voyage : les mouvements, les corps, les odeurs, les matières, les sons de la nature et de la ville, les sonorités étrangères, les langues...
La force du texte naît de la confrontation permanente, ponctuée par des blancs, des syncopes et des agglutinations charnelles, entre multiplication, brièveté, rapidité - et la lenteur fondamentale des images élégiaques que dispense ce roman. Ce voyage est celui-là même de l'écriture. ( site de l'éditeur)
*Jérôme Thélot
pas même du ciel
Éditions Fissile, 2010
10 €
[...]
lui n'étant rien du moineau qui va
de la pomme au bruit sans fond rien
du blé sous les grands vents des ciels
(p. 25)
*François de Cornière
Ces Moments-là
Poèmes 1980-2010
Préface d'Eric Holder
Le Castor Astral, 2010
14 €
La nuit une heure plus tôt
et l'on se surprend
dans ses moindres gestes
poster une lettre
acheter un journal
sortir avec le chien
et quand on voit aux fenêtres
des lampes faire des ombres
c'est comme dans les livres d'enfants
on sait que tout est inventé
mais que quelque chose se termine
[...] (p. 58)
" Poète à la voix claire et au regard aigu, François de Cornière a la passion du silence et de la solitude qui décuplent l'écoute, grandissent l'espace, alimentent le souffle. Sans jamais hausser le ton, il donne de la hauteur aux sursauts du quotidien, aux perceptions cocasses ou tendres, aux surprises du temps qui passe, à l'amitié d'un geste ou d'une parole. Ce n'est pas un contemplateur béat du quotidien ; il est poète, il sait la difficulté de dire justement les choses et il sait aussi que les choses sont infiniment complexes. Cela donne une poésie apparemment simple mais, en même temps, subtilement dialectique. François de Cornière est bien ce poète qui, sans user vraiment de la nostalgie, ni d'ailleurs du flash-back, sait le mieux rendre le temps palpable en conférant à chaque moment vécu à la fois toute sa force et toute sa ténuité. " (extrait de la préface d'Eric Holder, sur le site de l'éditeur)
François De Cornière organise depuis une trentaine d'années les " Rencontres pour lire " du Théâtre de Caen. Il a publié une vingtaine de livres dont Boulevard de l'océan (Seghers) et Tout doit disparaître (Le Dé Bleu).
*Philippe Mac Leod
Puissance du Mystère
Le Castor Astral, 2010
12 €
" Nous marchons au bord d'un abîme de vertige ou de lumière, sans même sentir les souffles qui passent. Mais pour qui sait voir et entendre, tout devient parole, signes, traces, appels, murmures d'un visage que dessinent les formes qui nous sont données à contempler. Le monde alors semble commencer avec la poésie, toujours nouveau, saisi dans une sorte de parole native, inaugurale, de perpétuelle genèse, comme la poésie dans son expression la plus profonde commence avec le monde qui s'entrouvre sur son propre mystère, tel un fruit sur son noyau, telles l'amande blanche dans sa mandorle, la clarté de l'azur à l'intérieur de la flamme que le poème nous invite à traverser. " ( site de l'éditeur)
*Jean Portante
La Réinvention de l'oubli
Le Castor Astral, 2010
15 €
" L'oubli et la mémoire sont également inventifs ", dit Borges. " L'oubli détient le pouvoir et le sens du secret ", prolonge Maurice Blanchot. C'est le point de départ de ce voyage aux sources de l'oubli. Et donc aussi de la mémoire. Un voyage où se côtoient les pionniers de l'oubli, les mythologues de l'Antiquité grecque, inventeurs du Léthé, fleuve de l'Oubli, et tous ceux qui ont bu à ses eaux. Fellini n'est pas loin non plus, quand il s'agit de redire que la mémoire est - et l'oubli aussi - une fiction parmi d'autres. Sans cesse à réinventer. S'écrivent ainsi, d'un poème à l'autre, comme s'il s'agissait du journal d'un oublieur intime, les chapitres d'une mythologie personnelle où l'éphémère, l'insecte, joue un rôle majeur, alors que les souvenirs n'y sont que des seconds couteaux. Tout cela se passe dans l'ombre, puisque la lumière, celle du jour ou des projecteurs de cinéma, est un redoutable effaceur de traces. ( site de l'éditeur)
*Christophe Dauphin
Totems aux yeux de rasoir, Poèmes 2001-2008
Préface de Sarane Alexandrian
Éditions Librairie-Galerie Racine, 2010
22 €
" Dès que Christophe Dauphin m'envoya en 1996, l'année où nous fîmes connaissance, son recueil Les Vignes de l'ombre, j'eus l'impression [qu'il] boxait avec les mots [...] et qu'il était même le seul à le faire parmi les nouveaux venus. Christophe Dauphin écrit des poèmes comme on élève des barricades, pour défendre contre des envahisseurs barbares la cité des rêves. (Extrait de la préface de Sarane Alexandrian)
n° 142 - Septembre 2010
" Où se perdre "
5, 50 €
Au sommaire de ce numéro, notamment Carolina Ortiz, Coplas, Serge Lalyr, Cathy Ko ; Roland Dauxois, Gilles Lades, Valérie Harkness, Dany Morel, Anne-Lise Blanchard, Erich von Neff. Collages de Vincent Courtois.


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