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Un monde sans Faim ?

Par Lebibliomane
Un monde sans Faim ?

Publié en 2005, l'essai de Jean Ziegler," L'Empire de la Honte " reste cruellement d'actualité.

La honte, nous explique-t-il, est un sentiment partagé à l'heure actuelle par une grande majorité d'êtres humains face à l'odieux système mis en place par les banques et les grands groupes industriels. Cette honte est ressentie différemment selon le niveau de vie de la personne qui la ressent. Il y a tout d'abord la honte occasionnée par la pauvreté, celle qui est ressentie par la personne n'ayant pas de quoi se nourrir et de vivre dans des conditions décentes. Il y a aussi la honte qu'éprouvent ceux qui sont témoins de la misère des autres et qui savent qu'ils ne peuvent rien pour les aider à sortir de la misère. Puis, dans une moindre mesure, la honte que (j'ose espérer!) ressentent les technocrates et les financiers qui sont les promoteurs et les instruments de ce scandale permanent.

" Le massacre quotidien de la faim se poursuit dans une normalité glacée. Toutes les 5 secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim. Toutes les 4 minutes, quelqu'un devient aveugle par manque de vitamine A. En 2006, 854 millions de personnes - un homme sur six sur notre planète - ont été gravement et en permanence sous-alimentées. Elles étaient 842 millions en 2005. le World Food Report de la FAO, qui donne ces chiffres, affirme que l'agriculture mondiale, dans l'état acruel du développement de ses forces de production, pourrait nourrir normalement (soit à raison de 2700 calories par jour et par adulte) 12 milliards d'êtres humains. Nous sommes aujourd'hui 6,2 milliards sur terre. Conclusion : il n'existe aucune fatalité. Un enfant qui meurt de faim est assassiné. [...]

Jean Ziegler, professeur de sociologie, a été, de 2000 à 2008, rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des Droits de l'Homme de l'O.N.U. Il est actuellement membre du comité consultatif du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies (source Wikipedia). Pour lui, le constat est sans appel : la misère et la faim dans le monde ne sont pas dues à la fatalité mais sont sciemment orchestrées par le F.M.I, les banques et les trusts industriels.

Pire encore, on peut en arriver à l'impensable, comme ce qui est arrivé par exemple au Rwanda. D'avril à juin 1994, les deux ethnies principales de ce pays - Tutsis et Hutus - se sont entretuées.

On estime entre 800 000 et un million le nombre de victimes, hommes, femmes et enfants, massacrées à la machette lors de ce conflit.

On n'ose imaginer le cynisme des établissements bancaires face à un tel événement et l'on peut aujourd'hui se demander s'ils auraient été capables, à la fin de la deuxième guerre mondiale, de forcer les rescapés de la Shoah à payer les frais mis en oeuvre par les nazis pour élaborer la solution finale ?

Le FMI et les banques ne sont pas les seuls à être mis en cause par Jean Ziegler dans son ouvrage. Les grands groupes agro-alimentaires et pharmaceutiques ne sont pas en reste. On apprend ainsi que les firmes pharmaceutiques, suivant les instructions de leurs services de marketing, n'investissent majoritairement que dans la création de médicaments destinés à une clientèle au pouvoir d'acaht élevé.

Pourquoi en effet dépenser de l'argent pour l'élaboration d' un médicament destiné à traiter des patients qui n'ont pas les moyens de les payer? Ainsi, nos pharmacies débordent de médicaments le plus souvent inutiles: pilules anti-âge, revitalisantes, somnifères, etc... tandis que " 21 millions de personnes , souvent des enfants, sont mortes en 2006 de la malaria ou de la tuberculose, dont plus de 90% dans l'un des 122 pays dits en développement. "

Ces mêmes groupes pharmaceutiques : Novartis, Aventis, Pfizer, La Roche...utilisent tous les moyens mis à leur disposition (et ils sont énormes) pour empêcher la commercialisation de certains médicaments dits génériques, dans les pays pauvres.

Du coup, non seulement le bébé ne bénéficiera pas des effets immunitaires du lait maternel et ne recevra pas les quantités de lait nécessaires, mais il sera bientôt affecté de diarrhées débouchant, dans bien des cas, sur la mort. "

Autre exemple, celui de l'agro-alimentaire, avec la firme suisse Nestlé (" Ensemble, mieux manger, mieux vivre ") qui inonde le marché du tiers-monde avec son lait en poudre :

Un monde sans Faim ?

Ainsi va le monde selon Monsanto, Aventis, Nestlé, le FMI et bien d'autres encore, un monde dénué de toute morale, un monde où cynisme et recherche de profit vont de pair. À lire ce livre, on se prend à penser que ces organismes bancaires, ces sociétés pharmaceutiques et agro-alimentaires détiennent un pouvoir de nuisance tel, (un bilan humain qui se compte en million de victimes de par le monde) que les monstruosités commises par le IIIe Reich apparaissent à côté comme du travail d'amateur. On ose espérer qu'un jour les consciences se réveilleront et que les artisans de cet empire de la honte se verront traînés devant les tribunaux pour écocide et crimes contre l'humanité.


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