La fellation de Rachida

Etonnante résonnance. Ce week-end, j’ai commencé la lecture de « Se distraire à en mourir » livre publié en 1985 et réédité ces jours-ci par Nova. La préface est de Michel Rocard. Qu’écrit l’ex-Premier Ministre en introduction de ce pamphlet coup de poing  toujours d’actualité contre la télévision ?
« Nul besoin de tyran, ni de grilles, ni de ministre de la Vérité. Quand une population devient folle de fadaises, quand la vie culturelle prend la forme d’une ronde perpétuelle de divertissements, quand les conversations publiques sérieuses deviennent des sortes de babillages, quand, en bref, un peuple devient un auditoire et les affaires publiques un vaudeville, la nation court un grand risque : la mort de la culture la menace ». Voilà un réquisitoire bien pensé sur les réflexes et les errementsd’une société médiatique où tout n’est que spectacle et mise en scène.

Quelques heures après cette lecture passionnante, Rachida Dati, invitée de « Dimanche + », parle dans un étonnant lapsus de « fellation » plutôt que d’ « inflation ». Voilà une séquence rigolote pour un zapping de fin d’année…Mais en fait, non. La société médiatique en a décidé autrement. Twitter gazouille de ce lapsus, les radios embrayent, les télés également et on se réveille le lundi matin avec des journaux radios où l’on analyse le lapsus…Désolant de vacuité et de bêtise…

Belle résonnance et belle preuve par l’exemple de l’urgence de lire Postman et de se poser enfin des bonnes questions (comme celle de Rocard) sur le fonctionnement de notre société médiatique.