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Colère mi-figue mi-raisin

Par Borokoff

A propos de Hors-la-loi de Rachid Bouchareb 2 out of 5 stars

Colère mi-figue mi-raisin

Entre l’Algérie et la France, après les massacres de Setif (mai 1945), les destins liés de trois frères unis par leur combat pour que l’Algérie soit indépendante (1962)…

Hors-la-loi s’ouvre sur un évènement tragique qui va sceller le sort de trois frères algériens originaires de Sétif. Enfants, Saïd (Jamel Debbouze), Messaoud (Roschdy Zem) et Abdelkader (Sami Bouajila) sont chassés illégalement de leur maison par le gouvernement français qui réquisitionne leurs terres. Réfugiés à Sétif, Saïd, Messaoud et Abdelkader échappent au massacre du 8 mai 1945 mais Abdelkader est emprisonné en France tandis que Messaoud s’engage avec l’armée française en Indochine. Saïd est resté avec sa mère à Sétif.

Les trois frères vont se retrouver à Paris. Saïd vit dans les bidonvilles de Nanterre où sont entassés les immigrés algériens mais bientôt parvient à ouvrir un cabaret érotique à Pigalle. De retour d’Indochine, Messaoud s’allie avec Abdelkader pour rejoindre la branche du F.L.N. installés à Paris. Les deux frères sont chargés de souder le mouvement et de le rendre plus actif. A travers une série d’attentats visant la police et l’Etat français, Messaoud et Abdelkader vont devenir les ennemis publics de la France. Deux cibles à abattre prioritairement.

Hors-la-loi est un film surtout intéressant d’un point de vue historique, lorsqu’il dévoile des zones d’ombre ou révèle des épisodes méconnus de la guerre d’Algérie (1954-1962). C’est le cas par exemple de la partie sur La main rouge, le nom d’une organisation militaire obscure et d’un groupe armé lié à aux services secrets français et chargé de liquider en basse main les représentants du FLN en Europe. Le but de La main rouge était aussi de fabriquer de faux attentats qu’elle attribuait ensuite au F.L.N. pour mieux justifier la répression contre les Algériens…

Mais la mise en scène de Bouchareb est très académique, qui suit de manière linéaire le cours des grands évènements historiques qui ont marqué la guerre d’Algérie. La musique du film renforce ce côté ampoulé voire un brin pontifiant de la réalisation. Hors-la-loi n’est pas un film mauvais, mais la mise en scène n’est pas à la hauteur du scénario. Dommage que la réalisation  ne donne pas plus d’ampleur et d’écho à l’histoire et au drame intime vécu par ces trois frères unis à la vie à la mort (ils se disent « sacrifiés ») pour un combat politique. Il y avait mieux à faire sans doute même si l’on doit reconnaitre à Bouchareb une certaine intelligence de ne pas faire de ses personnages des héros mais de reconnaitre leurs défauts comme le proxénétisme auquel se livre Saïd.

Mais il y a une autre mauvaise surprise dans Hors-la-loi. C’est la manière solennelle et avec laquelle Sami Bouajila interprète un leader politique et censément charismatique du F.L.N. Etonnant de le voir jouer presque faux alors qu’il nous avait habitué à être plutôt bon jusque là.

Hors-la-loi fait penser à un film comme Vivre au paradis de Bourlem Guerdjou, avec le même Roschdy Zem. C’est-à-dire qu’il est pertinent d’un point de vue historique, mais décevant d’un point de vue de sa mise en scène.

En revanche, Hors-la-loi confirme les dons d’acteur de Debbouze, très bon encore une fois dans le rôle d’un petit caïd amoureux de boxe mais victime au final du combat mené par ses frères. Et qui n’était pas tout à fait le sien…

www.youtube.com/watch?v=HiBaCppN2fQ


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