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#28 - Le lien

Par L3ctro

28 - Le lien
Samedi 15 novembre 2008 – 10h35
Phoenix, Etats-Unis
      C’était samedi, normalement jour de repos pour Frank. Ayant son week-end en congés, il était avachi sur le canapé de son salon, le journal sur la tête, une couverture sur le corps, la télévision allumée sur National Geographic.
Frank adorait les programmes animaliers qu’il qualifiait de soporifiques, lui permettant ainsi de s’endormir facilement le soir.
Alors qu’un lion guettait une gazelle dans la brousse, le téléphone sonna. Frank dégagea sa main gauche de la couverture afin de l’attraper, sur la table basse à côté du canapé, et fit tomber la télécommande sur le sol. Entendant le ressort du boîtier de piles de la télécommande faire un drôle de bruit, il poussa un grognement et enleva le journal sur sa tête. Il poussa un soupir les yeux fermés, puis un autre en les ouvrant, la lumière jaunâtre du soleil d’Arizona l’aveuglant depuis la fenêtre à la droite du canapé, un pan de rideau étant ouvert. Puis il se dégagea vers la table basse, mais les couvertures emmêlées le firent tomber sur le sol. Finalement, il réussit à attraper le téléphone miraculeusement.
-   Allô ? grogna-t-il.
-   Frank, c’est moi…, répondit Julian.
-   T’as intérêt d’avoir une bonne raison de m’appeler si tôt.
-   Tu sais, Terry Photar, le seul sur la liste qu’on n’arrivait pas à joindre…
-   Oh non…
-   Et bien si.
   Frank passa la main gauche sur sa tête et entre ses cheveux tout en clignant des yeux.
-   Faut voir le bon côté, reprit Julian. Ce tueur-là a une limite finie de personnes à tuer.
-   C’est pas parce qu’il n’y en reste que cinq qu’on va les laisser mourir !
-   Je dis pas ça… Du moins, j’ai besoin de toi.
-   Quoi ?
-   Oui, tout le monde est sur le meurtre, et il y a effectif réduit a cause de la grippe. En plus t’était pas le seul à être en repos aujourd’hui…
-   OK, mais si c’est pas pour le meurtre, pourquoi tu as besoin de moi ?
-   Pour aller voir Victor Bentham, appartement 23B, résidence Sunrise, tu vois où c’est ? Je te retrouve là-bas.
-   OK, OK...
Il raccrocha et s’habilla. Afin de ne pas faire le trajet seul, il appela son chien Bongo. C’était un labrador chocolat de deux ans qui partageait la vie de Frank depuis autant de temps. Le chien déboula et s’assit devant son maître, la queue frétillante de joie. Frank lui mit sa laisse, ouvrit la porte d’entrée et descendit les escaliers. Il ouvrit la porte d’entrée, salua le propriétaire de l’immeuble, et monta dans sa voiture, en mettant le chien à l’arrière.
Il arriva à l’adresse que lui avait indiquée Julian. Il descendit de la voiture et se dirigea vers la porte, après avoir laissé la fenêtre entrouverte pour Bongo.
Apparemment, Julian n’était pas encore arrivé.
Frank rentra dans l’immeuble, et monta les marches deux par deux. Arrivant au troisième étage, il frappa à la porte de l’appartement.
-   Y a quelqu’un ?
N’entendant aucune réponse, Frank descendit l’escalier vers la loge du concierge. Il frappa, cette fois avec une réponse. Un vieil homme ouvrit la porte.
-   Bonjour, je m’appelle Frank Digger, je suis de la police, lança-t-il en présentant sa plaque. Connaissez-vous monsieur Victor Bentham ?
-   Victor Bentham ? Oui, c’est lui qui réside à l’appartement 23B.
-   Je viens de frapper à sa porte, personne n’a répondu. Vous savez où il est ?
-   Oh, vous savez, il ne vient pas très souvent. En tout cas, il paye son loyer, c’est ça qui compte.
-   Savez-vous quand il est venu pour la dernière fois ?
-   Hmmm… Ca doit faire au moins deux semaines que je ne l’ai pas vu monter chez lui…
-   Pourriez-vous me donner la clé de son appartement ?
-   Je ne voudrais pas vous offenser, mais… vous avez un mandat ? Je ne voudrais pas de problèmes avec monsieur Bentham…
-   Non, mais si vous me la donniez gentiment avant que j’aille en chercher un, ce serait plus simple…
   Le concierge acquiesça, prit son trousseau de clés, et monta l’escalier, suivi par Frank.
-   Que lui reprochez-vous, exactement ? lança le concierge à Frank, entre le deuxième et le troisième étage.
-   Il pourrait avoir un lien avec une affaire de meurtres en série, répondit Frank, calmement.
-   Je ne me serais jamais douté… lança le concierge en cherchant la clé dans son trousseau, arrivé au palier du troisième étage.
Il finit par trouver la bonne clé, et ouvrit la porte.
L’appartement était sombre, poussiéreux, comme si personne n’était venu ici depuis des mois.
-   Restez dehors, lança Frank, prenant son revolver et sa lampe-torche, et se mettant en position d’inspection.
   Un bourdonnement signala que quelqu’un souhaitait entrer en bas, au rez-de-chaussée.
-   Je vais ouvrir, dit le concierge.
Frank rentra dans l’appartement, et regarda autour de lui. Il dirigea sa lampe dans les coins des murs : de nombreuses toiles d’araignée avait fait de cette maison leur logis. Puis, il regarda sur le sol, sur lequel il vit des traces de pas marquées dans la poussière.
C’est à ce moment-ci que le concierge revint, avec Julian.
-   Alors, qu’est-ce qu’on a, lança le nouvel arrivant.
-   C’est bizarre… personne n’a l’air d’être rentré depuis des mois dans cet appartement… sauf qu’il y a ces traces de pas, sur le sol… Vous êtes rentré, récemment ? demanda Frank au concierge.
-   Non… Pas depuis que monsieur Bentham vit ici, en tout cas.
Frank marqua un silence.
-   Il est revenu.
Suivant les traces de pas avec sa lampe, il décrivait ce qu’il voyait.
-   Elles vont jusqu’à la cuisine… Il y est allé…
Frank ouvrit le placard en face de là ou les traces de pas s’arrêtaient. Le concierge, lui, admirait le travail du policier, et faisait le lien avec les séries policières qu’il regardait à la télévision.
-   Il a ouvert ce placard et…
   Dans un placard vide, où une araignée tissait tranquillement sa toile au plus haut niveau, un livre gisait là. Frank le sortit, et Julian lut le titre :
-   L’arbre mort et le chien, de Jeffrey Williams… Mais c’est super, dis moi. Un appartement gai, des livres gais… Manque plus que le cadavre qui va avec…
-   Il cachait sûrement de l’argent dans ce livre, lança Frank. Appelle la police scientifique, je continue de suivre les traces.
Alors que Julian prit son portable, Frank suivit les traces de pas qui revenaient en arrière. Les traces se dirigeaient vers la salle de bain. Là, le placard était entrouvert, et les traces de pas se confondaient. Il avait dû y passer un certain temps, pensait-il. Doucement, en poussant avec son revolver, Frank ouvrit la porte du placard, et y vit des médicaments.
-   Il a pris des cachets, apparemment.
-   Je crois qu’il avait un problème au cœur, lança le concierge.
Frank vit que les traces sortaient, et se dirigeaient vers la chambre. Apparemment, il s’était changé, des affaires étant éparpillées sur le sol et sur le lit. Dans le placard, il prit une des paires de chaussures, et les compara aux traces.
C’était effectivement Bentham qui était revenu.
Julian revint voir Frank.
-   Ils arrivent, dit-il. Et ils ont du nouveau. Les composants chimiques utilisés jusqu’ici sont inconnus à ce jour. Il semble que ce soit un mélange expérimental qui, une fois consommé, agit avec les sucs gastriques, conduisant à une… enfin à un… à ce truc dégueulasse.
-   Mmm… réfléchit Frank. Bon. Je crois que c’est tout. Après, les traces se dirigent vers la sortie.
-   Faudrait peut-être aller jeter un œil à son lieu de travail. C’est un garage sur la route de Goldfield.
Les deux hommes remercièrent le concierge, et scellèrent l’appartement en attendant l’arrivée de la police scientifique.
Frank monta dans la voiture. Le chien était couché sur la banquette arrière, paisiblement.
Il démarra et suivit Julian en direction du fameux garage. Peu à peu, les maisons bordant la route se transformèrent en sable.

Vingt minutes après, il arriva, et gara sa voiture au bout d’une allée caillouteuse. Un panneau à l’entrée de l’allée indiquait un garage au hangar H1. En effet, une vaste série de hangars se suivaient. Le premier, plus petit que les autres, et numéroté H1 semblait en effet être un garage.
Julian et Frank rentrèrent par la vaste ouverture, puis, ne trouvant personne, Frank finit par crier ;
-   BENTHAM ?
   Sa voix raisonnait dans tout le hangar.
Pas de réponse. Frank avança lentement en direction du bout du hangar, et toujours rien ne se faisait entendre, à part le vent.
Lorsque tout à coup, un coup de feu résonna. Julian et Frank se regardèrent, et coururent en direction du coup de feu, pistolet à la main. Le coup semblait venir de dehors ; en effet, en sortant, ils en eurent l’assurance.
Une femme gisait, à l’entrée du hangar, se vidant peu à peu de son sang. Apparemment, Victor Bentham venait de faire une sixième victime.
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