Il ya quelques temps, lorsque mon activité sur ce blog était plus nocturne et quotidienne, j’avais déjà
abordé la question de savoir si l’on peut rire de tout – en reprenant à la fois le
plaidoyer de Pierre Desproges dans « Les Réquisitoires du Tribunal des Flagrants Délires » et ces nombreux et récents détournements vidéos d’un extrait du film « LA CHUTE »
d’Oliver Hirschbiegel consacré aux derniers jours d’Adolf Hitler. Pour en connaître la réponse, je vous inviterai, chers amis, chers ennemis, à cliquer sur le lien qui va bien…
Aujourd’hui, la nouvelle question que l’on pourra se poser est de savoir si l’on peut se permettre de tout montrer ?
Et quoi de ‘’mieux’’ pour illustrer cette question que le dernier brûlot – sans aucun mauvais jeu de mots aux vues du thème y abordé – d’Uwe Boll ?
« AUSCHWITZ » d’Uwe Boll
Si le nom de ce réalisateur teuton ayant grandi dans la paisible ville de Wermelskirchen en
Rhénanie-Du-Nord-Westphalie, soit quelque part dans un trou-du-cul du monde allemand près de Cologne et de Düsseldorf, ne vous dit foutrement rien, il faudrait que vous soyez de
sacrés gros enculés de révisionnistes ou ségrégationnistes pour venir ( me ) prétendre que vous n’avez jamais entendu parler d’Auschwitz.
Tristement célèbre pour être le symbole de l’extermination nazie et du génocide orchestré par Adolf Hitler et Heinrich Himmler durant la Seconde Guerre Mondiale, cette ‘’solution finale’’ qui
consista à gazer ou exécuter près de six millions de Juifs ( plus d’un million de prisonniers sur le million trois-cents milles déportés à Auschwitz y moururent : Juifs, Polonais, Tsiganes,
Soviétiques, Tchèques, Yougoslaves mais aussi Français, Allemands, Autrichiens, Belges ou Hollandais ), le camp d’Auschwitz se découpait en fait en trois camps ayant pour tâche chacun, dans ce
« point de détail de l’Histoire » comme aime à le prétendre certain borgne au faciès porcin, d’exterminer telle ethnie ou tel peuple.
Libéré le 27 janvier 1945 ( par l’Armée Rouge ), après cinq années de silence ou du moins d’œillères de la part des grands du monde d’alors et de leurs gouvernements, et après deux années à
l’abandon d’une végétation qui même en reprenant ses droits naturels n’arrivera pas à faire oublier les atrocités et horreurs commises par l’Homme en ces lieux, le Parlement Polonais ( puisque
qu’Auschwitz-Birkenau se trouve en Polonie comme dirait l’autre – spéciale dédicace José C. si tu me lis ) décide de faire de ces camps de la mort un musée à la mémoire des victimes qui y sont
mortes, massacrées et exterminées par la folie d’ « un tyran, un fou (…) oeuvrant ouvertement pour l'extermination d'une population désignée responsable d'office, accusée, coupable, offerte
en sacrifice » avant que ce musée et cet immense usine du génocide ne devienne patrimoine mondial de l’UNESCO pour devenir lieu de mémoire…
Et il semble que ce sera sur cette base qu’Uwe Boll, notre réalisateur du soir, est basé le scénario de ce film qu’il a lui-même écrit, produit et décidé de
réaliser en parallèle de son autre tournage de 2010 en Croatie ( Zagreb, plus précisément ), « BLOODRAYNE : THE THIRD REICH », troisième film de la
franchise vidéo qu’il adapte et transpose ( mais produit également ) à l’écran après « BLOODRAYNE 2 : DELIVRANCE » en 2007 et « BLOODRAYNE » en
2005.
Et ce sera que le bas semble blesser…
Inconnu jusqu’en 2003, bien qu’ayant réaliser près d’une demi-douzaine de
films en douze années de travail ( et en produit tout autant ou presque ), notre jovial ami d’Outre-Rhin va se révéler à un certain public – oui, tous les prétendus cinéphiles qui se torchent
avec « Télérama » et se branlent dans les pages des « Cahiers du Cinéma » ou l’inverse ne le connaissent pas forcément ou du moins n’ont jamais rien vu de lui – en adaptant
son premier jeu vidéo : « HOUSE OF THE DEAD » !!
J’en sais rien si « House of the Dead » a été le premier jeu vidéo auquel il a joué mais je veux dire par là qu’il s’ouvre avec cette première adaptation une voie pas si royale que ça
dans l’adaptation de loisirs vidéo-ludiques sur pellicules de Direct-to-DVD ( pour le public français, qui n’aura encore jamais connu les joies d’une exploitation en salles d’un
seul de ces films : bourses molles les diffuseurs franchouillards ? ) quand son jumeau cinématographique Paul Anderson prend le même chemin de traverses en adaptant les
franchises qu’il reste.
« HOUSE OF THE DEAD » produit et réalisé en 2003, « ALONE IN THE DARK » produit et réalisé en 2005 ( ne faisant que produire la suite vidéo de 2008 ),
« BLOODRAYNE » 1 et 2 produits et réalisés dans la foulée en 2005 et 2007, « FAR CRY » produit et réalisé au Canada en 2008 et ce troisième opus prequel des
« BLOODRAYNE » prévu pour la fin de l’année, oui, notre massif réalisateur Allemand pourrait laisser croire qu’il est un hard gamer, à qui n’a échappé que l’adaptation de
« Warcraft » que Blizzard lui a fermement opposé en 2009 (« Nous ne vendrons pas les droits, pas à vous… surtout pas à vous. Parce que la franchise est un tel succès
qu’un mauvais film pourrait détruire cette source de revenus », sic, ça fait mal ça ), et qu’il n’a peut-être pas la stature ou du moins les épaules assez larges pour s’atteler à cette
tâche : le travail de mémoire.
S’il ne peut pas imposer - ou presque - les 120 kg de rage fumante ( comme l’a écrit un internaute sur un autre site dont on peut apprécier ou non l’image et comparaison ) d’un
Claude Lanzmann hyper réactif ( et affectif ) lorsqu’on s’attaque à la Shoah ( et mes lecteurs et lectrices savent qu’on est un con ) dont il est l’un des défenseurs ‘’attitré’’
avec « SHOAH » ( et « SOBIBOR » ) et prétendre au même soutien de la communauté juive que Steven Spielberg dont « LA LISTE DE
SCHLINDER » ( que Lanzmann fustigea pour la scène pourtant véridique de ‘suspense’ des chambres à gaz d’Auschwitz ) a participé à créer et financer la Survivors of the Shoah
Visual History Foundation, notre bon Uwe Boll a au moins les corones de s’attaquer à ce travail de mémoire en voulant « plonger dans les méandres de la folie humaine et
montrer ce que les hommes sont capables de faire », comme il l’a déjà expliqué dans la presse étrangère ( de toute façon quel journaleux français à l’exception d’un rédacteur de Mad Movies
ou membre de l’Etrange Festival va le connaître et s’y intéresser ? ) et rappelant que, selon lui, 50% des gens croient encore que l'Holocauste n'a même pas existé.
Maintenant qu’il y ait débats sur le fait qu’il en montre trop ou non, que la violence des images puisse en choquer certains ou qu’il n’a soi-disant pas le
niveau artistique pour se permettre de concrétiser un tel projet qui lui tient à cœur depuis plusieurs années, ce n’est
vraiment qu’une perte de temps de la part de certains internautes qui, lorsqu’ils n’en deviennent pas carrément antisémites, n’ont que du temps à perdre plutôt que de le consacrer à rouvrir leurs
livres d’Histoire ( pour les trentenaires et plus de ma génération ) ou suivre un peu plus les cours de cette même matière lorsqu’y est abordé ce chapitre sombre de l’humanité. Mêmes internautes
qui derrière leurs airs de grands critiques cinématographiques anonymes doivent bien s’éclater, le week-end venu, entre potes, à chaque nouveau chapitre de plus en plus décevants les uns après
les autres de la saga « SAW » et de tous ces autres tortures flicks à la « HOSTEL », puisque cette violence et le prétendu carnage qui y a lieu sont tout aussi virtuel que ces
sagas de jeux vidéos que Uwe Boll a maltraité au cinéma alors que les horreurs qu’ont connu les survivants de la Shoah ont été bel et bien réelles ( et que je n’aime pas cette expression à la con
dans une telle tournure de phrase ).
Et même si notre réalisateur en question veut bien reconnaître y avoir été un peu fort sur le teaser qui ferait tant polémique et que certains sites ont refusé de diffuser « par respect pour
les anciens déportés et leur famille », quand tous les soirs aux JT nationaux et dans les documenteurs orchestrés par Charles Villeneuve, Harry Roselmack, David Pujadas et autres Bernard de
la Villardière des images bien plus virulents voire violentes sont diffusées sans aucun trucage ( du moins à la base ), il ne faudrait pas oublier que le quotidien des déportés n’a pas été celui
des Bronzés au Club Med ou aux sports d’hiver : expérimentations pseudo-scientifiques de médecins nazis tel que le tristement célèbre Mengele ( et ses recherches sur la gémellité
dans le camp numéro II ), mauvais traitements et malnutrition provoquant des maladies mortelles pour ceux qui étaient sélectionnés pour ‘’survivre’’ et effectuer les travaux
forcés et tâches ingrates que les soldats de la prétendue race des seigneurs ne pouvaient faire, etc. Si vous n’étiez pas envoyé dans ces chambres à gaz qui pouvaient recevoir 2000
personnes à la fois ou n’étiez pas tout simplement fusillé, vous restiez effectivement en vie mais dans quel enfer ? Celui de brûler les cadavres de vos frères et sœurs, de faire le tri dans
leurs maigres valises pour conserver tel ou tel objet et l’ajouter au trésor de guerre nazi, mais aussi devoir récupérer les cheveux rasés pour en faire du tissu ou arracher les dents de ces
charniers !! Tout appartenait au régime nazi. Tout.
Oui, c’est cela que montre brièvement le teaser d’Uwe Boll, car ce n’est pas une fiction mais la réalité, qu’il retrace à travers son projet
le plus personnel de docu-fiction… pour que les générations futures et à venir n’oublient jamais comme le conclue ce même teaser de ce « Never Forget » ( qui hélas en fait déjà sourire et rire certains ).
En visite aux camps d’Auschwitz, lieux de mémoire et musée de l’horreur humaine, des adolescents d’un groupe scolaire
allemand n’ont cure de ce qui leur y est expliqué et de ce qui s’y est passé.
Ces scènes et images choquantes allant être l’illustration et la reconstitution des explications et flashbacks qui vont être donnés et décrits à ces djeunz crétins…
Tel est donc le vrai pitch de ce film qui pourrait être la prochaine polémique du Festival de Cannes 2011 ( les amateurs du bonhomme Boll se souvenant de son commentaire humoristique et
provocateur au même festival 2007 où il présentait son dernier film « POSTAL » : « Postal est meilleur que tous les films présentés au Festival de Cannes cette
année. Mais quelle que soit la bouse qu’ils aient tournée, ce sont toujours les mêmes réalisateurs qui sont invités » ) et qui ne sera pas une comédie, assure-t-il, et ne chiera pas
plus sur cette période atroce de l’Histoire que « LA VIE EST BELLE » de l’insupportable beuglard hystérique Roberto Benigni ou la récente escroquerie cinématographique
du punk hollywoodien Quentin Tarantino ( « INGLORIOUS BASTERDS" ), Uwe Boll promettant que ce sera un film direct à l’image des uppercuts qu’il a distribué
en 2006, montrant ce que d’autres n’ont encore jamais fait et s’appuyant sur des images d’archives du Centre d'archives et Mémorial de la Shoa Yad Vashem de Jérusalem et
témoignages de survivants. Et ça, je veux bien le croire.
Oui, il est un réalisateur à la réputation si tragique qu’en plus de recevoir un Razzie Award pour avoir réussi la pire carrière ( non content d’en avoir cumulé trois pour ses films « KING RISING » avec Jason Statham et « POSTAL » de 2007 et « TUNNEL RATS » de
2008 ), certains internautes ont lancé une pétition – qui a reçu près de 300 000 signatures – pour qu’il arrête le cinéma.
Oui, il a concrétisé, en septembre 2006, le fantasme musical d’Axl Rose à l’égard de Warren Beatty ( « Get in the Ring » sur l’album « Use Your Illusion » des Guns N’ fuckin’
Roses pour les moins rockeu’ ou metalleux d’entre vous ) en invitant ses critiques et détracteurs qui avaient les couilles à venir le défier lors d’un combat de boxe et cet ancien boxeur ( qui
avait réussi à cacher jusque là cette info biographique ) mettant ainsi mis KO, entre autres, un ado’ de seize ans avant de sortir sa désormais célèbre sentence : « Un poing dans la gueule, c’est le meilleur moyen d’aimer mes films » !!
Oui, on pourrait le prendre pour un fourvoyeur pornographique du système de production professionnel : réutilisant acteurs, décors, costumes d’un film pour en
tourner un autre en parallèle. Cet « AUSCHWITZ » tourné en parallèle de ce troisième « BLOODRAYNE » se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale pouvant en être un parfait
exemple en plus de lui permettre de récupérer uniformes, figurants et décors à moindres frais diront les détracteurs, alors qu’on est en droit de se demander plutôt s’il n’a pas accepté ce nouvel
épisode qui se voudrait un blockbuster du pôvre pour ses producteurs pour réunir ces conditions plus que le fait qu’il est saisi cette occasion pour financer enfin son film sur la
Shoah : ?!
Mais non, Uwe Boll s’il est et a une tête de con pour certains ( abrutis qui se cache derrière leurs pseudonymes anonymes, rappelons-le ) est surtout quelqu’un de têtu, qui semble n’avoir qu’une
parole bien qu’un brin sanguin mais surtout pas une moitié de tête de con. Diplômé de doctorats en Littérature et en Economie, s’il n’a pas
engagé une carrière politique comme beaucoup de ses concitoyens de Wermelskirchen, ni même écrit encore de précis
et autres essais littéraires qui méritent de paraître dans La Pléiade, notre bonhomme a au moins le courage d’avouer que son virage cinématographique en 2003 vers les adaptations de jeux
vidéos n’a été que purement commercial et que si ses films se sont éloignés du matériau de base pour la plus grande douleur des fans de pixels et joysticks c’est car il n’a jamais été
féru de ce passe-temps et n’en avait rien à battre, ne désirant faire que ses films et du divertissement avant tout. Ce qui est, je crois, le B.A.-BA des films me semble-t-il : du pur
divertissement et là on peut dire qu’Uwe a réussi avec ces punchlines débiles, le jeu à la limite improvisé en free style de ses castings et autres cuts frénétiques. Même si des fois, ou certains
réalisateurs branleurs de bulbe s’en sont fait la spécialité, on peut redevenir sérieux.
Et c’est là que le bas blessera encore certains critiques trop rapides à dégainer leur langue de pute virtuelle : après son virage commercial en 2003 qui a provoqué la haine d’une partie de
la population geek de la planète, Herr Boll commence à se défaire de cette image d’un businessman opportuniste et sachant abuser plus qu’user de la provocation pour créer le buzz autour de lui et
ses films – que ces vautours hurlant n’avaient pas réussi à distinguer – pour dévoiler peu à peu le cinéaste qu’il a toujours voulu être. S’il avait osé aux débuts de sa carrière que l’on connait
offrir une version candide du drame de Columbine ( ces deux adolescents brimés de tous qui s’étaient vengeant dans l’une des premières fusillades scolaires mortelles et médiatisées qui inspirera
également au soi-disant provocateur Michael Moore « BOWLING FOR COLUBINE » ) avec « HEART OF AMERICA » en
2002, il faudra attendre ce nouveau virage professionnel auquel je fais référence en 2009 qui fera qu’il décide de s'emparer de sujets d'actualité pour en faire des films
« chocs et sans concession » comme ces « STOIC », « RAMPAGE » ou « DARFUR » auxquels il compare ce nouvel « AUSCHWITZ » : un film « dans la tradition de mes films Stoic, Darfur,
Rampage, Tunnel Rats, Heart of America... [qui]
montre Auschwitz tel que c'était, une boucherie pour humains, une machine de mort. »
Si vous doutez de la bonne foi et de l’évidente sincérité d’un réalisateur tellement décrié que s’en serait presque devenu une
habitude ou un réflexe pour certain(e)s de lui chier dessus avant d’avoir vu quoique ce soit, je ne saurai trop vous rappeler que ce Patrick Sébastien d’Outre-Rhin ( et si je le compara à notre
animateur beauf du PAF ce n’est pas qu’Uwe anime une émission de divertissement de qualité sur une chaine publique teutonne mais parce que M. Sébastien a été et est encore conspué par toutes les
mentalités bien pensantes lorsque son unique film en tant que réalisateur « T’AIME » - que Canal se contenta de diffuser une ou deux fois dans mon souvenir plutôt que les quatre-cinq
prévues - est mentionné ) a tout de même reçu un nouveau prix dans sa carrière et pas pour le descendre cette fois-ci : son précédent docu-fiction « DARFUR », qu’il qualifie dans
un grand élan de modestie et de provocation comme « très supérieur au « DEMINEURS » de Kathryn Bigelow », ayant reçu le prix du
meilleur long-métrage international au Festival du Film Indépendant de New-York en septembre 2010 dernier.
Alors, oui, il sort d’une énième production ‘’au rabais’’ de jeu vidéo mais qui ne vous dit pas que son side-project parallèle « AUSCHWITZ » bien plus personnel aura la sincérité et les
couilles d’un film témoignage dans lequel il s’est investi entièrement ( Uwe Boll étant ce soldat nazi au début du trailer si vous ne l’aviez jamais vu, le trailer et son réal’ ) et plus que
financièrement ?
Avant de lui chier encore dans les bottes, prenez donc la peine de visionner son film lorsqu’il sortira et si vous en avez le courage ou l’envie de jeter un œil à ce teaser – qui suit et qui,
comme le voudrait le commun de la blogosphère, sera précédé de ce message voulant qu’il pourrait heurter la sensibilité des plus sensibles, du jeune public ou d’autres ( même si personnellement
la première photo teaser diffusée plusieurs semaines avant d’un officier menaçant une enfant d’une arme me fait bien plus mal ).
Mais, oui, surtout n’oubliez pas, l’avenir n’étant qu’un long passé vers lequel nous tendons à retourner…
Le teaser qui suit peut par ses images et son message heurter la sensibilité de certain(e)s.
Maintenant.
Pensez-vous qu’on puisse tout montrer ? Ou qu’Uwe Boll ne fasse que de la provocation ?