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Pierre & Alexandra Boulat

Publié le 28 septembre 2010 par Jul

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Camp d’entrainement au tir à l’académie de police des femmes à Téhéran (crédits Alexandra Boulat)

Ca n'aura échappé à personne, depuis quelques années c'est la grande mode des expositions mêlant les genres et les époques. Plus ou moins intelligemment.

Une des grandes différences de l'exposition du Petit Palais, c'est qu'elle ne se limite pas à présenter des oeuvres

d'arts au milieu d'oeuvres d'art sous un prétexte de modernité, mais d'une part elle mélange les genres (la photo devient

 ici un art au même titre que la peinture et la sculpture classiques), d'autre part elle introduit du photojournalisme au millieu de collections du 19ème siècle et du début du 20ème siècle, autrement dit dans une époque de la peinture dont l'une des principales caractéristiques est d'avoir représenté une société marquée par les révolutions industrielles, le monde ouvrier et paysan, la caricature et les fêtes à Montmartre : Steinlein, Pelez, Courbet, André Gill. Enfin elle met en avant l'aspect artistique et parfois novateur de ces oeuvres en général plus axées sur la représentation du monde dans lequel ils vivent que sur une volonté de changer de façon radicale le cours de l'histoire de l'art.

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Yves Saint-Laurent et son chien Moujik, dans son studio de création (Crédits Pierre Boulat)

Cent ans plus tard, les artistes, journalistes et écrivains ne s'appellent plus Zola, Hugo, Vallès ou Courbet et ne s'intéressent plus au monde ouvrier. Ils s'appellent Pierre Boulat dans les années 50-60 et photographient Beauvoir, Onassis, Fellini et Yves Saint-Laurent comme les Trente Glorieuses ou la misère des habitants de l'hôtel le moins cher et donc le plus demandé au monde. Ils s'appellent Alexandra Boulat dans les années 2000 et photographient la guerre, les populations déplacées et les enfants à la recherche d'une nouvelle école en Afghanistan, en Israël ou en Albanie.

Le premier ne travaille qu'en noir et blanc, la deuxième n'utilise que des couleurs très travaillées, mais on remarque beaucoup de points communs entre le père et la fille, dans la maîtrise du cadrage, de l'ombre et de la lumière, des contrastes entre les plans. Et pourtant on ne peut pas dire que Pierre Boulat ait beaucoup encouragé sa fille à devenir photographe ... ce qui ne les a pas empêchés de s'aider l'un et l'autre.

Autant dire que cette exposition frappe un grand coup, avec les portraits de Pierre Boulat nous faisant oublier qu'on a été assez déçus ces derniers mois par Lisette Model, Robert Frank et Lee Miller, et qu'on ne nous y reprendrait jamais plus avec le portrait en photo, et avec cette mise en parallèle de ces deux monstres qui non seulement ont une vision toujours fascinante de leurs sujets mais permettent au Petit Palais de donner une nouvelle image du photojournalisme.

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Yves Saint Laurent et son chien Moujik III dans les couloirs de sa maison de couture

avant sa dernière collection. (Crédits Alexandra Boulat) 


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