Magazine Cinéma
Synopsis :
Carole est membre d’une équipe humanitaire dont la mission dans les Balkans touche à sa fin. Sur le chemin du retour, elle et ses deux co-équipiers sont brutalement attaqués et enlevés par des criminels aux motivations inconnues. Qui sont ces ravisseurs ? Que veulent-ils vraiment ? La vérité va se révéler terrifiante…
Critique :
Tout le monde s’accorde à le dire (Alexandre Aja nous le confirmait encore il y a quelques semaines), que pour faire un film de genre français, il faut être imaginatif. Pourquoi ? Tout simplement parce que les budgets débloqués se révèlent être ridicules à coté de ceux d’une bonne et déjà vue comédie française. Alors oui, certainement que l’audience est moins large mais n’est ce pas un peu le serpent qui se mort la queue ? Ne pourrait-on pas un jour débloquer un budget conséquent pour produire un film de genre au budget rehausser et atteindre le niveau de ce qu’il se fait du coté espagnol (passé maître en la matière) ? Bref, toujours est-il que Yann Gozlan, devant le budget réduit a dû réaliser son film en étant le plus malin possible. Pari réussi !
Et le sujet se prête d’ailleurs plutôt très bien aux moyens associés. L’histoire n’a vraiment rien d’originale (un groupe de médecins humanitaires se font kidnapper en quittant le Kossovo) mais c’est surtout la manière du réalisateur d’aborder à la fois ce kidnapping et la détention qui se révèle être au centre de toutes les attentions. En travaillant chacun de ses plans avec un soin particulier, Gozlan embellit chaque image au service des sentiments qu’il tente de faire passer aux spectateurs. Plan très serrés, utilisation récurrente de la longue focale permettant de cadrer au plus prêt les visages, jeu avec la lumière et des noirs très intenses sont autant d’instruments pour Gozlan pour instaurer un climat claustrophobique dans cette prison faite maison dans le sous sol d’une vielle ferme d’ex Yougoslavie.
Une sensation de réalisme accrue par un choix délibéré de ne jamais faire les choses à moitié, que ce soit dans les images qui sont montrées (jamais masquées mais jamais gratuites pour autant, juste très réalistes) que dans le montage qui va suivre particulièrement le personnage de Carole interprété par Zoé Felix. Zoé Félix (Clara Sheller pour ceux qui ne restituerait pas), on ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle développe un jeu aussi intéressant dans ce registre. Sa prestation se révèle être des plus réussies car il est très facile d’arriver dans ce type de films à des extrêmes bien éloignés de la réalité. Ici, pas de concession, on y croit dur comme fer.
Même coté ravisseurs, il aurait été facile d’avoir recours à des stéréotypes de gros bras consanguins. Gozlan va privilégier une nouvelle fois le coté « probable » du portrait de ces grands malades. Ces derniers sont d’ailleurs relativement en retrait comme pourraient l’être des kidnappeurs, limitant au maximum tout contact avec les kidnappés. Car au final, le film n’est pas le combat d’un groupe de gentils contre un groupe de méchants mais bien un combat intérieur pour survivre dans pareille situation. La mise en scène aide d’ailleurs énormément le spectateur dans la perception du malaise que subissent les trois principaux protagonistes.
Dans un respect absolu du genre, Yann Gozlan nous livre ici un premier film très tourné sur l’ambiance plutôt que sur l’horreur filmée cash. Il en ressort une vraie bonne surprise qui à défaut d'être originale et malgré des imperfections liées à la jeunesse du réalisateur, se révèle être particulièrement efficace et jusqu’au boutiste. Un résultat qui ne peut qu’être salué des deux mains !
J’en profite que grâce au concours mis en place, vous avez jusqu’au 4 octobre pour tenter de gagner de nombreux goodies dont des places de cinéma et des affiches (et une dédicacée).
Sortie officielle française : 6 octobre 2010