Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, Albert Camus (1913-1960), disparu en janvier 1960 dans un accident de voiture sur une route départementale, confirme qu'il est l'un des grands écrivains du XXe siècle, sinon l'une de ses grandes figures mythiques. Son talent et son engagement lui ont valu un Prix Nobel de littérature à l'âge de 44 ans.
J'ai voulu, à mon tour, saluer sa mémoire en me replongeant dans l'une de ses oeuvres les plus connues du grand public : l'Etranger. Je tiens tout d'abord à signaler à mes fidèles lecteurs que j'ai découvert Camus pour la première fois, à l'adolescence, lorsque j'étais au lycée. C'était il y a déjà 17 ans...
Ce petit livre, publié en 1942, garde encore toute sa pertinence aujourd'hui, surtout à notre époque. Il m'a semblé opportun de le figurer en bonne place dans mon carnet de lectures.
Folio, 186 pages
Meursault est un jeune adulte, apathique, à la sensibilité endormie. Il travaille comme modeste employé dans un bureau à Alger, déjeune chaque jour dans le même café. Meursault traverse ainsi sa vie avec une profonde indifférence. Il se laisse agir, n'a aucune ambition. Il a pris ses petites habitudes et n'est pas prêt à en changer, par paresse ou manque d'énergie. Un jour, il reçoit un télégramme de l'asile annonçant la mort de sa mère, vieille femme usée qui n'avait plus rien à lui dire. Meursault semble détaché de l'événement. Suit pourtant sa participation aux obsèques. Il ne versera aucune larme, n'éprouvera aucun chagrin. De retour à Alger, sous un soleil de plomb, il va se baigner et retrouve Marie Cardona, une ancienne collègue de bureau, dont il s'éprend rapidement. Ils se rendent au cinéma et Marie devient sa maîtresse. Meursault voit ses "copains" parce qu'ils sont là mais ne ressent rien de particulier envers eux. Il se lie notamment avec son voisin de palier, Raymond Sintès, un individu plutôt inquiétant, qui lui demande de rédiger une lettre pour lui, suite à la rixe qu'il a eue avec le frère de sa maîtresse. Invité par Raymond, à passer un dimanche au bord de la mer dans le cabanon d'un ami, Meursault s'y rend avec Marie. Après le repas, les hommes se promènent sur la plage et rencontrent deux Arabes, dont le frère de la maîtresse de Raymond. Ces derniers avaient à se venger de Raymond. S'ensuit une échauffourée sur la plage et Raymond est blessé. Un peu plus tard, Meursault revoit par hasard les deux hommes. Sans savoir pourquoi, il tue l'un d'eux avec le pistolet qu'il avait enlevé à Raymond...
Mon avis : ce roman est un classique dans la littérature française. S'il se lit facilement, par un jeu simple d'écriture, méfiez-vous cependant des apparences. Par le style employé, tout particulier, Camus insiste avec force et virtuosité sur l'aspect froid, singulier et indifférent du personnage principal : Meursault. Le lecteur en est forcément troublé. Ce "héros" singulier et solitaire est étranger à tout ce qui l'entoure, à la vie elle-même, à la société et à ses conventions. Il ne ressent pas grand-chose. Mais au fond, il n'est pas un être mauvais, seulement il vit sans se poser de questions et ne comprend pas les choses qui l'entourent. Meursault est plongé irrémédiablement dans l'absurdité de l'existence : à cet égard, il peut rappeler Joseph K., personnage récurrent de Kafka sur lequel j'ai eu l'occasion de m'exprimer, ici même sur ce blog en juillet dernier.
L'Etranger est un vrai sujet sur le regard des autres. Ce roman se divise en deux parties, aussi différentes l'une de l'autre. La seconde partie s'ouvre naturellement sur le procès de Meursault à la suite du décès de l'Arabe. Mais je ne vous en dis pas plus. Découvrez-le si vous ne l'avez pas encore lu. Ce roman a bien résisté au temps.