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Constantinople, Byzance, Istanbul…

Publié le 02 octobre 2010 par Urobepi

Constantinople, Byzance, Istanbul: Ces trois noms chargés d’exotisme sont comme autant de strates chronologiques dans l’histoire d’une même ville près de deux fois millénaire. Voici donc deux romans dont l’intrigue est située au cœur même de cette cité mythique:

Constantinople, Byzance, Istanbul…

ENARD, Mathias. Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants. Paris, Actes-Sud, 2010,  154 p. ISBN: 9782742793624

Nous sommes en mai 1506. Michel-Ange est déjà un immense artiste dont la notoriété dépasse largement les frontières de Florence. Bien qu’une grande partie de son œuvre soit encore devant lui – après tout les fresques de la chapelle Sixtine ne seront complétées que 6 ans plus tard – son David l’a déjà propulsé au rang de méga-star. C’est à cette époque qu’à la demande du sultan Bayazid, il se rend à Constantinople pour travailler au projet d’un pont sur la Corne d’Or reliant Byzance à sa rive Nord.

Pourquoi cette incursion inusitée du Maître aux portes de l’Orient? Il n’est pas impossible que Michel-Ange ait tout bonnement voulu s’éloigner pour un temps de Rome et de la relation tumultueuse qu’il y entretient avec Jules II, ce pape colérique et mauvais payeur. Un autre motif tout aussi prosaïque semble également dicter son choix. C’est que Léonard De Vinci, son adversaire en génie, l’a précédé dans ce projet et que sa proposition de pont n’a pas été retenue par le Sultan. Michel-Ange y voit une occasion rêvée de prendre sa revanche sur son éternel rival et de réussir là où l’autre a échoué. Quel bonheur ce serait.

La ville qu’il découvre est encore en pleine mutation car, bien que la prise de Constantinople par les turcs ait eu lieu il y a déjà plus de 50 ans, l’identité de la nouvelle capitale n’est pas encore tout à fait fixée. Michel-Ange y connaitra l’amitié et l’amour et bien sûr. Le ravissement aussi. Mais on a beau être au bout du monde, il y a quelque chose d’universel dans la tension financière qui oppose souvent l’artiste à son mécène. Sans compter que les intrigues de Rome ne sont, hélas, jamais très loin…

Mathias Enard s’était fait remarquer l’année dernière lors de la parution de son roman précédent, Zone, couronné par 2 prix importants. Il s’agit ici d’une œuvre beaucoup moins volumineuse mais qui ne manque pas d’attraits. La trame du roman repose en partie sur des découvertes récentes dans les archives ottomanes dont l’esquisse du pont et l’inventaire des possessions abandonnées par Michel-Ange dans sa chambre.

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Constantinople, Byzance, Istanbul…
WALTARI, Mika. Les amants de Byzance. Paris, Phébus, 1990, 357 p. ISBN: 9782859401474 [traduit par Jean-Louis Perret et Andrée Martinerie]

Le livre de Mathias Enard une fois refermé, je me suis rappelé cet autre roman dédié à la ville, lu il y a près de 20 ans et dont j’avais conservé un souvenir très prégnant.

Chronique d’une catastrophe annoncée, Les amants de Byzance raconte les derniers mois de la capitale de l’Empire romain oriental avant sa prise par le Sultan turc Mehmet II le 29 mai 1453.

Pour vous donner une idée de l’atmosphère ambiante, imaginez tous les passagers et l’équipage du Titanic réunis sur le pont et qui regarderaient de très loin l’iceberg s’approcher mais sans pouvoir dévier la course du navire pour prévenir la collision. Ou encore, les habitants de Pompeï contemplant le Vésuve des semaines avant son explosion avec la certitude de ne pouvoir échapper à la catastrophe. La prise de Constantinople, c’est un peu ça.

Les intentions belliqueuses de Mehmet II sont connues dans toute l’Europe depuis longtemps et le déséquilibre entre les forces que le  sultan aligne sur le terrain et celles déployées par les défenseurs de la ville ne laisse aucun doute quant à l’issue du siège. Qui plus est, l’aide extérieure tant espérée, celle du Pape notamment, ne viendra jamais.  Les mois terribles précédant le sac sont racontés avec brio par Mika Waltari, un maître du genre historique dont le chef d’œuvre le plus célébré demeure, bien sûr, Sinhoué l’égyptien.

Autre coïncidence avec le roman précédent, le personnage principal porte aussi le nom d’Ange. Johannes Angelo (ou Jean l’Ange) est un héros tragique qui a fait vœu de défendre les remparts de sa ville jusqu’à la mort. Il n’en est pas moins suspect aux yeux de ses compatriotes grecs car il est de notoriété publique que Jean l’Ange a déjà vécu à la cour de ce sultan et qu’il l’a côtoyé de près. Ne serait-il pas ici en mission? Cela expliquerait qu’on vienne par précaution lui demander à l’avance sa protection en prévision du moment où la cité tombera aux mains des envahisseurs.

Le danger ne provient donc pas seulement de l’extérieur. Au cœur de la ville même, les intrigues abondent. Il y a d’abord ces mercenaires génois et vénitiens intégrés aux forces de la défense et forcés de collaborer entre elles mais qui se déchireraient sans doute pour s’arroger le contrôle de Constantinople en cas de victoire. Et puis il y a ceux qui jonglent publiquement ou en secret avec la trahison en affirmant que « mieux vaut le turban des turcs que la tiare du pape ».

Enfin, au milieu du chaos et du fracas des armes, Jean l’Ange connaîtra l’improbable embrasement de l’âme au premier regard échangé avec Anna Notaras, la fille du Mégaduc de Constantinople. Le feu qui animera ces deux-là pourrait bien à lui seul anéantir la ville entière si les troupes du sultan ne mettaient pas elles-mêmes tant d’ardeur à réaliser cette tâche.

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