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"La fracture" Charles Juliet

Par Manus

"La fracture" Charles Juliet

Si Charles Juliet est désormais apprécié pour ses journaux qu'il offre aux éditions P.O.L, l'on oublie cependant que cet auteur est avant tout un poète, ce qui bien entendu, semble aller de soi quelque soit l'ouvrage que l'on peut lire de lui (v. interview)

Pourtant, dans "La fracture" aux éd. Le Miel de l'Ours, 2010, qui vient d'être publié, l'auteur, comme jamais il ne le fit, s'y livre.

La mort étant le sujet de prédilection de toute son oeuvre, qui peut être considérée comme glauque aux yeux de certains, est reprise avec force dans ce recueil-ci.

Une trentaine de pages sont proposées au lecteur, ce qui est peu, heureusement.  Car la densité de ses réflexions, posées avec tant de délicatesse, ne sont en réalité qu'une ultime plongée dans le noyau qui le constitue.

Charles Juliet semble cette fois vouloir donner, tout.  Autant le lecteur, pour peu qu'il soit tourné vers l'intériorité, est bouleversé par la lecture de cet auteur, autant ici, il comprendra que Juliet ne peut aller plus loin que cet essentiel murmuré dans  "La fracture".  

Si loin, comme dans la révélation de ce qu'il est, de ce qui l'a façonné, détruit aussi, et conduit à émerger de ses cendres.  Les déchirements avec sa mère, l'abandon à en avoir la "mort dans l'âme", et cette mort enfin, celle qui l'entraîne à mourir lui-même, pour mieux ressusciter.

L'agonie de son être, étalée sur toute une vie, aura permis à ce qu'il est d'accoucher. Un peu comme si sa vie ne fut qu'une longue suite de contractions, permettant son expulsion, au seuil d'une autre vie, qui sait.

Regard d'homme, atteignant bientôt l'autre rivage, qu'il pose sur l'enfant qu'il fut, l'adolescent en proie au désir de mort, ainsi que sur l'adulte, qui un jour décide, alors qu'il meurt au-dedans de lui, de choisir la vie.

Charles Juliet nous chante la berceuse de  "La fracture", cet enfant mort qu'il porte aujourd'hui dans ses bras d'adulte vivant et souriant.

Je terminerai par cet extrait qui, je pense, résume ce recueil, ce qu'il est aussi : 

"Mais je devais aller encore plus loin dans ce travail de démantèlement et de refonte, afin d'engendrer un être autre, lequel pourrait consentir à lui-même, se laisser aller à exister, connaître la joie, la plénitude, le bonheur de vivre."

Je tenais aussi à remercier Charles Juliet de m'avoir envoyé ce recueil.

Savina de Jamblinne.


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