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La carte et le territoire, suite et fin

Publié le 02 octobre 2010 par Rupteur

houellebecq.jpgJ'ai refermé ce soir la dernière page de "la carte et le territoire" de Michel Houellebecq. Il se produit toujours la même chose losque l'on a aimé un livre. Au début, on est très excité à l'idée de cette aventure qui commence. Quelques dizaines de pages plus tard, on se demande si on viendra à bout de ce gros pavé. Au milieu, la magie refait surface et une nouvelle relation au livre se crée. L'attachement est pronfond car fort de l'empathie que l'on a dorénavant pour les personnages. Et puis, au fur et à mesure que l'on s'approche de la fin, le souffle s'accélère, l'impatience grandit et une sorte de peur nous envahit car la fin se propose, se profile, elle en devient possible, envisageable, palpable !

Pour ce dernier livre de Houellebecq, cette fin est survenue, pour moi, ce soir où j'ai refermé la 428ème page, et dit au revoir à Jed, artiste de vie et de rêve, qui m'a emmené en Irlande, un peu partout dans Paris, dans la Creuse et dans le Loiret. Il m'a présenté Houellebecq, lui-même personnage du livre et nombre d'autres artistes, hommes et femmes publiques. Ils se sont tous vus donner un rôle dans cette fresque aux couleurs incomparables et aux détails curieusement précis et documenté, contrairement aux habitudes de l'auteur.

Le livre est curieux, il parle de l'art, de l'industrie, de l'artisanat, des territoires et des gens, pas de tous les gens, juste quelques anonymes qu'on a du mal à penser pleinement heureux, ou parfaitement malheureux. Les personnages de Houellebecq sont comme lui, posés quelque part, se définissant un territoire d'expression et le dépassant rarement. On a l'impression qu'ils ont une palettre limitée de sentiments et d'états d'être, et qu'ils expriment toute leur vie au moyen de ces quelques outils. Une semaine de leur vie est représentative de tous leurs jours en quelque sorte. Le livre me fait penser à une chanson de Lavilliers : "je veux travailler encore", pas que le livre rende hommage à quelque homme manuel que ce soit, mais il s'évertue à célebrer le détail, la précision, du petit artisanant à l'industrie la plus globale.

Mais le livre parle surtout d'humains, de quelques hommes et femmes, principalement hommes, échantillon grisatre de l'humanité. Le bonheur y est passager et le malheur aussi. Le reste des jours s'écoule normalement comme s'il ne pouvait rien leur arriver de pire que de vivre, comme s'il ne pouvait rien leur arriver de meilleur que de vivre.

Le livre est frais, dense, fourmille de détail et livre une matière humaine d'un réalisme proche des objets industriels qu'il décrit parfois. L'art y est l'invité d'honneur, le prétexte aux tentatives de bonheur dont on ne connait pas l'issue même à la fin. Peut-être que le personnage principal a été heureux, peut-être, mais on ne sait pas vraiement à quel moment. La même question se pose pour le malheur. Il a vécu, nous en sommes sur, et nous avons été témoins et nous restons pour un temps..


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