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Les Jérémiades - Simon Boulerice

Par Venise19 @VeniseLandry
Les Jérémiades - Simon BoulericeCe roman, c’est l'auteur lui-même qui m’a donné le goût de le lire. J’avais retenu de sa présentation aux Correspondances d'Eastman qu’on y parlait des amours de l’enfance aussi intenses que celles à l’âge adulte. C’était peu dire. Plus intenses que ça, tu meurs !
Les jérémiades, dans le sens propre du mot (plaintes sans fin qui importunent) de Jérémie 9 ans en est la forme mais le fond, lui, cerne le sentiment amoureux, l’ultime, celui dans lequel on se fond et se perd dans l’autre à force de vouloir lui plaire. Comment expliquer à un enfant la maturité de rester lui-même devant le regard gourmand d’un ado, roux par-dessus le marché ? Et les parents là-dedans, peuvent-ils le conseiller ? Bien sûr que non, tout de même pas assez fou pour se montrer au grand jour, le petit Jérémie. De jouer avec l’interdit, d’avoir à mentir et faire semblant, lui retire peu à peu de son innocence.
Ce roman va très loin, repousse les préjugés et les conventions comme des broussailles encombrants un sentier fait pour avancer vers l’avant. Un pré-requis absolu pour le recevoir de cœur à cœur ; l’ouverture. Beaucoup, beaucoup d’ouverture pour accepter qu’éprouver l’amour à cet âge, ça fait grandir vite, trop vite. Si on s’attend que des enfants, ça ne fait que jouer et aimer les bonbons, si on n’arrive pas à se débarrasser d’une morale conventionnelle, on risque d’être choqué des propos tenus ici.
J’ai moi-même marché sur la corde tendue de mes principes me demandant parfois si j’allais basculer dans l’indignation du « ça se fait pas ». Les lois du fictif me ramenait à l’ordre ; Simon Boulerice est justement un romancier à l’état pur, il magnifie, se laisse emporter par l’exagération, s’abandonne à l’outrancier, ne se censure pas. Si on se laisse décoller, chevauchant la grandeur des émotions dépassant les personnages, tant mieux. Sinon, eh bien, on reste par terre en risquant de passer son temps à rouspéter !
J’ai aimé que les personnages ne s’appartiennent plus - surtout Jérémie ! - ça m’a fait réaliser que ce n’est plus si courant finalement. C’est une force cette capacité de s’abandonner à ses personnages et, à mon avis, ça va mener loin cet auteur, en même temps que son style déluré au rythme presque dansant. Les dialogues sonnent sans jamais de fausse note.
À voir la fin et son extravagance m’a rappelé que ce créateur est un homme qui aime le théâtre et ses envers du décor.

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