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“Les Amours Imaginaires”, ode à l’amour

Par Kub3

Après J’ai tué ma mère, le jeune québécois Xavier Dolan présente le second opus de sa trilogie des amours impossibles. Tandis que le premier film évoquait des amours adolescentes, Les Amours Imaginaires se penche sur les sentiments contrariés de jeunes adultes. Une œuvre forte et belle. Terriblement belle.

“Les Amours Imaginaires”, ode à l’amour

Les Amours Imaginaires, c’est avant tout une idée parfaitement résumée par son titre. Francis et Marie, deux très bon amis, font la connaissance de Nicolas et en tombent chacun amoureux. Une relation d’amitié ambiguë à trois s’installe rapidement, parsemée de non-dits, de suppositions et de fausses interprétations… A partir d’une histoire simple dans la situation exposée et intense dans ses implications dramatiques, Xavier Dolan aborde sans détours et sans grosses ficelles un sujet universel, au-delà du portrait générationnel : la confrontation entre l’amour rêvé idéaliste et l’amour (im)possible, et le rejet des sentiments amoureux. Le propos, aussi simple que touchant, risquait fort de sombrer dans la tragédie tire-larme. Mais le jeune cinéaste évite admirablement tout pathos en privilégiant une réalisation de la perception.

La réussite du film tient essentiellement dans sa capacité à convoquer de très nombreuses références cinématographiques tout en restant libre et très personnel. La photographie pop et le montage évoquent bien sûr Wong Kar Wai, Pedro Almodovar ou encore Greg Araki, tandis que la mise en scène rend un hommage flagrant aux cinéastes de la Nouvelle Vague, Truffaut et Godard en tête. A force de ralentis et de musique omniprésente, Les Amours Imaginaires pourraient parfois s’apparenter à un long clip sous influences multiples, ultra-esthétisant mais vide. Mais c’est précisément tout le contraire. Xavier Dolan transcende la forme pour illustrer le fond, faisant de la sensation le moteur même du film.

Les ralentis conjugués à la première Suite pour Violoncelle de Jean-Sébastien Bach rendent ainsi compte à merveille de la solitude des corps, tandis qu’un simple plan du personnage de Nicolas sur la musique de Fever Ray le transfigure en un instant en véritable idole myth(olog)ique. La photographie, le montage ou encore le son s’inscrivent sans cesse en résonnance tantôt réellement pertinente et vraie, tantôt expérimentale. Xavier Dolan observe, expérimente, brise les règles et propose un cinéma réellement vivifiant, paradoxalement beaucoup plus proche des Herbes Folles d’Alain Resnais que de la morne production des cinéastes de sa jeune génération.

Fougueux et inventif, Les Amours Imaginaires met en garde des ravages des sentiments contrariés autant qu’il livre une ode à l’amour quasi rimbaldienne. Porté par un trio d’acteurs justes (Monia Chokri, Niels Schneider et Xavier Dolan lui-même), mais aussi traversé de purs instants de comédie légère, ce second film du réalisateur est une œuvre fascinante et passionnée. Dans tous les sens du terme.

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En salles le 29 septembre 2010

Crédits photos : © Mk2 Distribution

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