Magazine Cinéma

Le réconfort d'un mur pour affronter l'Oncle Boonmee et ses vies antérieures

Par Tred @limpossibleblog
Le réconfort d'un mur pour affronter l'Oncle Boonmee et ses vies antérieuresIl m’en aura fallu du temps. Je ne m’en cache pas, j’ai vraiment traîné la patte pour aller voir la Palme d’Or 2010. A vrai dire, j’ai même attendu le dernier moment, mardi 5 octobre 2010, plus d’un mois après sa sortie dans les salles françaises, et alors que les cinémas programmant le film ne se comptaient plus que sur les doigts d’une main dans la capitale. Mais bon, l’essentiel, c’est de l’avoir vu n’est-ce pas, ce fameux Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures ?
Pour un film qui m’aurait véritablement attiré, je m’en serais voulu d’avoir ainsi tant attendu qu’il ne me restait plus que la petite salle 6 du mk2 Beaubourg pour le voir. Mais j’avoue volontiers que si le nouveau film d’Apichatpong Weerasethakul n’avait pas été couronné sur la croisette en mai dernier, ma curiosité cinéphile ne se serait pas arrêtée dessus. Le cinéaste thaïlandais m’a trop fait souffrir par le passé (ne me lancez pas sur Tropical Malady et son tigre nocturne). Mais bon, le cru 2010 s’est vu décerné la Palme par Tim Burton et son jury, alors voilà, j’ai fait l’effort.
Le maniaque du placement en salle que je suis s’est laissé aller à accepter un siège tout excentré au deuxième rang, histoire d’être tranquille pendant le film. En plus cela me permettait d’être contre le mur, une place que j’adorais m’attribuer lorsque j’allais au ciné gamin. Cela a quelque chose de rassurant un mur, un élément contre lequel s’appuyer et qui ne laisse pas de place pour le doute. Mais aujourd’hui, à 28 ans, devant le nouveau film d’Apichatpong Weerasethakul, ce n’était pas la sécurité que je cherchais dans ce mur qui s’offrait à mon flan droit, mais quelque chose me servant d’appui en cas d’assoupissement. Eh oui, mon expérience avec le cinéma du thaïlandais m’ont enseigné que je m’y ennuie rapidement. Et malgré tout le respect que je peux avoir pour tout ceux ayant crié au génie devant Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, la Palme d’Or n’y a rien fait. L’ennui s’est emparé de moi et m’a entraîné profondément avec lui.
Le réconfort d'un mur pour affronter l'Oncle Boonmee et ses vies antérieuresCe n’est pas une question de lenteur, ou de contemplation. Ceux qui ne me connaissent pas pourraient croire que si je n’accroche pas aux films de Weerasethakul, c’est que je n’aime pas le cinéma contemplatif et méditatif. Ce n’est pourtant pas le cas. Je pourrais aimer un film de Weerasethakul. J’aurais pu aimer ce conte fantastique qu’est Oncle Boonmee…, ce récit de ce vieil homme au seuil de la mort qui voit apparaitre le fantôme de sa défunte épouse et une forme fantasmagorique de son fils disparu alors que lui-même sait que la maladie est sur le point de l’emporter. Mais non. Au lieu de palpitations affectives, ce ne sont que des tremblements de paupières qui m’ont agité.
Les hommes singes à yeux rouges, les expéditions en forêt, les souvenirs de vies antérieures, tout cela m’a vite lassé, tout autant que le soudain retour à une réalité plus urbaine qui surgit dans le dernier acte, se concluant sur un étrange morceau de musique contemporaine pour le moins désarçonnant dans le contexte global du film. J’aurais aimé acquiescer le choix de Burton et son jury, mais sans surprise, Lee Chang Dong et Xavier Beauvois, tout de même justement récompensés, auraient chacun fait une plus belle Palme à mes modestes yeux. La grande question maintenant est, irai-je voir le prochain film que réalisera Apichatpong Weerasethakul s’il ne remporte pas de Palme d’Or ? Hum…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tred 1557 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines