Les précieuses ridicules, Molière

Quand Molière débute dans l'univers du théâtre, à la fois comme directeur de groupe et comme acteur, il se rend assez rapidement compte que sa troupe n'est pas faite pour les tragédies et commence à écrire de petites farces, à jouer après les tragédies. Ainsi, en 1659, Molière joue Les précieuses ridicules, après Cinna de Corneille. Si cette dernière ennuie le public, la comédie de Molière remporte un vif succès.

A la fois farce et satire sociale, Les précieuses ridicules met en scène deux jeunes provinciales montées à Paris, rêvant d'histoires d'amour romantiques, d'amants à la cour raffinée, d'une société élégante dont elles seraient les reines. Cathos et Magdalon, dans leur quête de raffinement, adopte le style précieux avec emphase, jusqu'à la caricature. Jeunes et prétentieuses, elles n'hésitent pas à aller à l'encontre de l'avis de leur père et oncle Gorgibus, en éconduisant les nobles La Grange et Du Croisy. Ceux-ci, vexés d'avoir été si mal traités, décident de se venger, en leur envoyant leurs valets Mascarille et Jodelet, déguisés en aristocrates, afin qu'ils les séduisent pour mieux les ridiculiser.

Farce très courte, et donc très peu fouillée, Les précieuses ridicules présente des personnages sans profondeur, de véritables caricatures. Les deux précieuses sont certes ridicules, mais les deux nobles nous paraissent mesquins. Du fait d'un début in media res, on ignore au juste ce qu'elles ont pu dire ou faire pour les offenser à ce point-là, leur réaction parait donc disproportionnée Toutefois, bien que leur langage ampoulé et leurs manières emphatiques prêtent à rire, le lecteur moderne a pitié de ces deux jeunes filles bien naïves, qui rêvent d'amour et d'aventure, plutôt que d'un mariage organisé à la hâte. Ce sont, somme toute, des adolescentes, et comme bien des adolescentes, elles ne se montrent pas toujours très intelligentes, ou très gentilles.

Satire, donc, d'une élite sociale au style métaphorique et à l'élégance exagérée, Les Précieuses ridicules parlait assurément plus au lecteur du XVIIème siècle qu'au lecteur de 2010. Si le vocabulaire utilisé par nos précieuses prête à sourire, cela nous paraît tout de même bien éloigné.

Les précieuses ridicules, en somme, est une pièce probablement trop courte pour qu'on en apprécie pleinement la lecture. C'est sûrement une de ces pièces qu'il vaut mieux voir, que lire.