Mon erreur, en venant voir le Printemps de Septembre à Toulouse, dédié cette année à la performance sous l’égide d’Éric Mangion (jusqu’au 17 octobre), fut de commencer mes visites par le Château d’Eau où David Zerbib présentait une histoire (provisoire) de la performance, d’Alfred Jarry à Marina Abramovic : ce ‘marbre’ (au sens typographique du terme) était fort bien fait, avec beaucoup de textes, des photographies et quelques vidéos (et j’espère qu’il sera édité un jour), mais, du coup, la barre était mise très haut. Vu le niveau des attentes ainsi générées, comment dès lors apprécier une chanteuse crooner dans la vitrine de la galerie Kandler, des chevelures bouclées ondulant au vent devant la Garonne dans le jardin Raymond VI, le film de la recréation dans la rue d’une pièce de théâtre sur le Honduras Britannique (à l’Hôtel-Dieu), un magicien sans charme avec des assistantes pleines de charmes (au Lieu Commun), un vidéomaton ouvert à tous vents (devant les Abattoirs), quatre acteurs se dénudant dans les Abattoirs, des stroboscopes dans la vitrine du Musée des Augustins, un échange de livres (à l’école des Beaux-arts), une pièce de théâtre ressassant le thème du suspense absurde (au TNT) ou le jeu absurde de pouvoir d’un despote s’imposant aux participants (à Croix Baragnon) ? Ça ne faisait pas le poids, quand on avait encore en mémoire les splendides performances évoquées par Zerbib.
Deux volets dans ce festival : des performances parmi lesquelles seules surnagent un petit nombre de qualité (plus deux époustouflants spectacles de danse) et des expositions sur (et témoignages de) la performance, plus ou moins fidèles, plus ou moins heureuses. Parmi les performances que j’ai pu voir, les meilleures furent clairement celles où le public n’était pas simplement spectateur, mais était impliqué d’une manière ou d’une autre. Trois m’ont semblé très


Enfin Joris Lacoste hypnotise tous les jours pendant une heure un Toulousain volontaire. Dans ce Cabinet d’Hypnose clos, nul ne sait ce que Lacoste dit, comment ce magicien du langage procède. Le spectateur hypnotisé n’est pas en mesure de raconter ce qu’on lui a fait, ce qu’on lui a dit, mais seulement ce qu’ont été ses rêves. Dans la salle voisine (à Croix Baragnon) sur vingt-deux



écrans vont peu à peu s’inscrire les visages des vingt-deux hypnotisés, et leur récit après leur réveil; je n’ai vu que la première (ci-dessus), qui parlait de sa transformation en requin ou en raie, et des profondeurs océanes. On peut penser que le récit de l’hypnotiseur s’enrichira de jour en jour des récits des hypnotisés, mais nul ne pourra en rendre compte, nul ne pourra être à la fois spectateur et acteur. Il faudrait revenir le 17 octobre et tout voir, tout entendre. Dans une troisième salle, on peut entendre la bande-son, diffusée sur France Culture, d’une précédente expérience d’hypnose sur le thème de la visite du musée : les récits s’entrechoquent et semblent rebondir les uns sur les autres.
Photos de l’auteur.
